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Marcel reste un maire invincible

Edition N°43 - 28 novembre 2018

On le savait déjà, mais depuis dimanche la confirmation a jailli de manière éclatante: la mairie de Moutier reste un bastion autonomiste imprenable. Après Francis Pellaton il y a deux ans, Patrick Tobler (à gauche) a mordu la poussière face à Marcel Winistoerfer, qui n’a pas vraiment eu l’occasion de chauffer. Le maire PDC a récolté 1904 voix contre 1224 à son rival UDC. Ce duel s’est tenu dans la dignité, ce qui n’était pas forcément une évidence compte tenu du climat tendu constaté ces dernières semaines en Prévôté. (photo ldd)

13h15, hall de l’Hôtel de Ville de Moutier. Situation tendue avec une forêt de caméras, de micros et d’appareils photo et des journalistes qui attendent que le président du bureau de vote annonce le résultat du duel à la mairie. Solennellement et sans émotion, comme il l’avait fait lors du vote du 18 juin 2017, il annonce la victoire de l’autonomiste PDC Marcel Winistoerfer par 1904 voix (60,9%) contre 1224 (39,1) à son rival UDC Patrick Tobler. Tandis que la presse prend note dans le silence ces résultats, une rumeur et des cris de joie se font entendre du café de l’Ours tout proche où les militants jurassiens sont réunis.

Ce duel à la mairie avait valeur de test, trois semaines après l’invalidation du vote de Moutier par la préfète sur son rattachement au canton du Jura, et se profilait en véritable plébiscite sur la question jurassienne. Si la campagne a été calme dans les rues, elle a été plutôt animée sur les réseaux sociaux avec des échanges parfois vifs. Avec 39,1% des voix, le président de l’UDC prévôtoise et du Jura bernois Patrick Tobler réalise un score un peu inférieur à celui réalisé en 2010 par Marcelle Forster du PSJB qui avait réalisé 40,3%. L’indépendant Francis Pellaton, en 2016 n’avait lui recueilli que 29,1%.

Maire évidemment heureux

Sitôt les résultats connus, Marcel Winistoerfer, arrivé peu après à l’Hôtel de Ville, fut accaparé par les nombreux médias présents pour couvrir cet événement au retentissement national. Nous lui avons demandé ses sentiments.
«Je suis heureux et soulagé. C’est un sentiment légitime qui renforce toute la campagne que nous avons menée. Je rêvais de passer le cap des 60% et nous y sommes arrivés. C’est une légitimation forte avec une belle participation de presque trois quarts des électeurs. Il est vrai cependant que j’ai douté à la suite de la campagne de dénigrement dont j’ai été victime et des accusations relatives aux arguments de l’annulation du vote du 18 juin. J’espère maintenant que ces 60% vont faire comprendre aux gens que Moutier veut être jurassienne, qu’il faut aller de l’avant, que la situation se décante et que l’on puisse enfin entrer dans les négociations. Après les décisions de la préfète, nous étions comme assommés et n’avions que trois semaines pour nous préparer. La population a donc extrêmement bien réagi et a prouvé notre légitimité dans notre envie de rejoindre le canton du Jura. Il faudra maintenant que la confédération intervienne.».

Et les autres?

Et que pense-t-il des près de 40% des voix de son adversaire et des Prévôtois qui l’ont suivi? «Je ne suis pas assez fier et pas assez prétentieux pour les ignorer. J’ai eu droit aux doutes, ce qui rend ma victoire encore plus belle. Mais c’est bien entendu que j’ai saisi le message et que nous allons en tenir compte, je vais aussi m’occuper de ces gens-là et leur prouver qu’on peut très bien vivre dans le Jura en belle harmonie. La proportion des votants autonomistes ne peut qu’augmenter au fil des années. Moutier est une ville jurassienne, terminé! Il faudra convaincre nos adversaires d’adhérer à ce passage qui est inéluctable. Je veux et j’essayerai d’être le maire de tout le monde, même si cela s’avère difficile. Les gens me connaissent et savent que je ne vais pas faire de fautes graves. J’ai été personnellement attaqué, mais je vais m’appliquer à reconstruire l’unité de cette ville. Les gens ont montré leur soutien au petit monsieur que je suis»!
Marcel Winistoerfer, jusqu’alors très tendu, a alors décidé d’aller boire un petit verre, comme il l’a dit aux nombreux journalistes qui le sollicitaient de toutes parts. Il sera certainement allé rejoindre les militants jurassiens qui comme d’habitude avaient rejoint leur fief de l’hôtel de la Gare.

Claude Gigandet

On le savait déjà, mais depuis dimanche la confirmation a jailli de manière éclatante: la mairie de Moutier reste un bastion autonomiste imprenable. Après Francis Pellaton il y a deux ans, Patrick Tobler (à gauche) a mordu la poussière face à Marcel Winistoerfer, qui n’a pas vraiment eu l’occasion de chauffer. Le maire PDC a récolté 1904 voix contre 1224 à son rival UDC. Ce duel s’est tenu dans la dignité, ce qui n’était pas forcément une évidence compte tenu du climat tendu constaté ces dernières semaines en Prévôté. (photo ldd)