Portraits

Formaté pour prendre des coups !

Edition N° 46 – 11 décembre 2024

Damien Chappuis : « On n’est pas moins bien à Delémont qu’à Saint-Gall, Chiasso ou Genève. » (photo ldd)

Il ne fait pas bon assumer des responsabilités par les temps qui courent. Damien Chappuis est bien placé pour le savoir, lui qui doit encaisser passablement de coups en sa qualité de maire de Delémont. « Il n’y a rien de plus détestable que les attaques contre la personne », relève-t-il. « C’est trop facile de prendre un pseudo et faire feu de tout bois sur les réseaux sociaux de manière gratuite et souvent infondée. Je regrette l’époque des échanges autour de la table ronde au restaurant. Les débats étaient certes nourris et l’on dérapait parfois un peu, mais au moins il y avait une présence humaine. Là, ça devient franchement insupportable ! » s’exclame-t-il. Revenu aux affaires communales le 1er janvier dernier après avoir pris un arrêt maladie pour soigner une addiction en toute transparence, Damien Chappuis indique qu’il a vécu une année 2024 très éprouvante au niveau émotionnel : « J’ai toujours un peu le sentiment qu’on veut faire payer très cher à l’Exécutif l’état précaire des finances communales. On fait régner un climat de défiance et de suspicion à notre égard en rattachant absolument tout à l’argent du ménage communal. Sentir sans cesse ce couperet au-dessus de nos têtes est tout simplement usant. Mon principal souhait serait de pouvoir changer cet état d’esprit en se rapprochant des différents groupes politiques afin de travailler main dans la main pour le bien de la population », poursuit-il. « Je suis fier d’être le maire d’une ville où il fait bon vivre. On a peut-être tendance à l’oublier, mais l’on n’est pas moins bien à Delémont qu’à Saint-Gall, Chiasso ou Genève. » 

Donner la priorité aux projets en cours

Les citoyens de Delémont devront se prononcer le 16 décembre prochain sur une augmentation de la quotité d’impôt de 1.9 à 2.5, « ce qui fait du foin » pour reprendre sa propre expression. « Je ne suis pas dupe. J’entends très bien le message que l’on véhicule en ville, soit que cette augmentation de la quotité est ordonnée pour payer les erreurs commises. Or, la dégradation de la situation financière de Delémont remonte à de nombreuses années et ce n’est pas à l’équipe du Conseil communal actuel de porter le chapeau à elle seule. » Et Damien Chappuis d’enchaîner : « Il existe des disparités gigantesques entre Delémont et ses voisins de Courroux et Courrendlin qui affichent respectivement une quotité de 2.15 et 2.25. » 

Parmi les principaux dossiers qui figurent actuellement dans le pipeline du Conseil communal, on citera : 

– la réalisation du nouveau bâtiment scolaire des Arquebusiers dont le crédit de 13,5 millions avait franchi l’écueil des urnes à 71% en mars 2023

– le développement du secteur Gare Sud

– la concrétisation d’une déchetterie régionale aux Prés-Roses 

– la réorganisation de l’administration 

– l’entretien des routes et des bâtiments communaux.

« Compte tenu de l’obligation légale que nous avons de résorber le déficit d’ici au 31.12.2027, le Conseil communal se voit contraint de traiter en priorité les affaires en cours avant de s’atteler à de nouveaux projets », signale Damien Chappuis. 

Doigt accusateur sur l’individualisme

Si le maire de Delémont était doté de pouvoirs magiques, il mettrait tout en œuvre pour que l’esprit individualiste des gens s’efface au profit d’un élan de solidarité : « Plutôt que de chercher la petite bête chez le voisin, il serait plus judicieux de dépenser de l’énergie positivement », confie-t-il. « Nous avons une chance énorme de vivre ici en sachant que certaines personnes regardent des bombes leur tomber sur la tête dans un pays finalement pas si éloigné de la Suisse. C’est autrement plus dramatique que des routes qui manquent de sel ! »

L’arrivée de Moutier dans le canton du Jura au 1er janvier 2026 devrait déboucher sur des synergies entre les deux villes au niveau de la culture et du sport, mais également à l’échelle des transports publics et de la mobilité douce, par exemple. Les deux exécutifs collaborent déjà depuis plusieurs années en organisant des séances communes, mais ces échanges, qualifiés de cordiaux par Damien Chappuis, sont gelés depuis quelque temps, les modalités liées au transfert de Moutier dans le canton du Jura étant devenues prioritaires pour les autorités prévôtoises. « Je me réjouis d’accueillir Moutier. Je suis persuadé qu’en travaillant main dans la main, nous réussirons à se faire grandir mutuellement », conclut le maire de Delémont. 

Olivier Odiet

Damien Chappuis : « On n’est pas moins bien à Delémont qu’à Saint-Gall, Chiasso ou Genève. » (photo ldd)