– Christian, quelles sont les grandes étapes du parcours de formation ?
– Il s’agit en préambule de procéder à la phase de recrutement des aspirants qui est scindée en trois étapes :
1. Journée de tests (sport, langue maternelle, psychologie, culture générale).
2. Les candidat-e-s sélectionné-e-s sont ensuite convoqué-e-s pour des entretiens personnels durant une matinée.
3. L’ultime obstacle à franchir pour les candidat-e-s retenu-e-s après les deux premières phases est la visite médicale. Il peut arriver qu’un problème sérieux soit détecté au point de devoir renoncer à l’engagement, mais ce cas de figure est quand même assez rare.
La formation se tient sur une durée de vingt-quatre mois à plein-temps répartis en deux phases équilibrées entre théorie (droit, circulation, psychologie, éthique, rédaction de rapports) et pratique (mise en situation, autodéfense, tir, stage en immersion, patrouille, premiers soins, entraînement physique) pour ne citer que les éléments les plus importants de cette formation qui conduit au Brevet fédéral.
– Un suivi personnalisé est-il prévu pour les aspirants en difficulté ?
– Oui, bien sûr. C’est aussi notre travail d’être le plus proche possible des aspirants de manière à pouvoir détecter ces difficultés. Le cas échéant, nous fixons un entretien avec la personne concernée en fixant des objectifs. Les résultats sont souvent concluants, mais il faut aussi que l’envie d’y arriver soit là pour combler les lacunes. En clair, nous donnons à manger, mais si tu n’as pas faim…
– Quelles compétences (techniques, humaines, sociales) sont jugées prioritaires pour les aspirants francophones du canton de Berne ?
– Technique : une bonne santé physique, la maîtrise de la langue maternelle avec des connaissances de bases de la langue allemande.
– Humaines : être intègre, déterminé et volontaire.
– Sociales : un seul maître-mot est à formuler : le savoir-être. C’est un élément primordial dans la formation des aspirants.
– Comment évaluez-vous la progression des aspirants tout au long de leur formation ?
– Nous procédons à une trentaine d’évaluations par année sous forme de notes pour les tests sommatifs et sans notes pour les tests formatifs.
– Qui sont les formateurs qui composent l’encadrement des aspirants francophones durant ces vingt-quatre mois ?
– Christian Ruch avec Joël Gafner comme remplaçant pour la première année ; Christophe Willemin avec Julien Rérat comme remplaçant et Sébastien Guisolan comme collaborateur pour la deuxième année.
– Quel est le poids accordé à la pratique de terrain ?
– Le but, c’est d’apporter le plus possible de scénarios de mise en situation comme la régulation du trafic, les contrôles routiers de jour et de nuit, des simulations d’accidents de circulation, de bagarres, de violence domestique, de vols par effraction, de refus d’obtempérer, de personnes en détresse ou sous l’effet de produits stupéfiants, d’alcool, etc.
– Quel est la part des abandons en cours de formation ?
– Fort heureusement, le taux est relativement bas. Quand un tel scénario se dessine, c’est généralement parce que l’aspirant est trop sensible, que ce métier n’est tout simplement pas fait pour lui ou qu’il ne dispose tout simplement pas des aptitudes suffisantes pour acquérir les compétences requises.
– Quel est le principal défi que doivent actuellement relever les aspirants durant leur formation ?
– L’intelligence artificielle. Elle n’a pas sa raison d’être sur le terrain, bien sûr, mais lors de la rédaction d’un rapport, pour obtenir de bonnes tournures de phrases, par exemple. Après, c’est comme tout, il faut savoir l’utiliser à bon escient et ne pas en abuser.
– Les aspirants francophones de la police cantonale bernoise seront une nouvelle fois présents sur un stand à la Foire de Chaindon. Dans quel but ?
– Dans un souci d’accessibilité et de visibilité, tout simplement. C’est aussi par ce genre d’action qu’il est possible de démocratiser ce métier, de susciter des vocations. Aujourd’hui, on recense toujours plus de filles et je peux vous dire qu’elles sont tout autant déterminées que les garçons, voire plus. A Chaindon, la présence des aspirants ne se limitera pas à accueillir les visiteurs sur le stand. Ils vont déambuler dans les rues dans le cadre d’une patrouille pédestre. C’est leur première sortie en public depuis le début de leur formation qui a débuté
le 1er avril dernier. Pour l’anecdote, on organise toujours un petit concours sur notre stand et près de 400 bulletins sont remplis. De quoi nous conforter dans l’idée qu’on ne fait pas forcément fausse route en se présentant au public…
Propos recueillis par Olivier Odiet