« Je vais bientôt célébrer mon 80e anniversaire, ce qui signifie que j’ai dépassé l’âge de lire Tintin. Franchement, c’est un sacré choc ! » Ancienne enseignante, gérante de bibliothèque et écrivaine publique, Heidi Voutat est en quelque sorte la mémoire vivante de Sorvilier. On l’écouterait pendant des heures narrer l’évolution d’un village qu’elle dépeint sans nostalgie mais avec énergie. « Dans mes jeunes années, c’était physiquement très dur et je n’aimerais plus passer par là ! » s’exclame-t-elle. « On travaillait encore avec les chevaux et c’est le bassin de la buanderie qui faisait office de salle de bain. L’avantage de cette époque par rapport à aujourd’hui, c’était l’entraide entre les habitants. On se prêtait main forte alors que de nos jours, c’est l’individualisme qui prévaut. Tout va beaucoup trop vite et l’on se sent parfois impuissant face à cette fulgurance. Si un jour on m’avait dit que les tracteurs seraient équipés de radio et de GPS… »
Un niet à la fusion entre voisins
Aujourd’hui, Sorvilier conserve toujours l’école, un garage et un restaurant, mais de nombreuses enseignes commerciales n’ont plus pignon sur rue. « Je me souviens de l’époque où les commodités pullulaient dans le village. Salon de coiffure, laiterie, biscuiterie, épicerie, Coop, ateliers d’horlogerie, menuiserie : il y en avait pour tous les goûts. » Sur le plan associatif aussi, l’offre s’est appauvrie, le tir, le foot, la pétanque et la société d’ornithologie ayant disparu des radars. Remarquez, Sorvilier reste toujours bien loti sur ce plan-là puisque les sociétés Gymnasport, Ski-club et TeamBearJack (organisatrice du slalom VTT) ne ménagent pas leurs efforts pour dynamiser le village. Même l’Amicale du roulage de Champoz a pris ses quartiers à Sorvilier. On précisera encore que cette commune a gardé son indépendance puisqu’elle n’a pas adhéré au projet de fusion avec les voisins de Malleray, Bévilard et Pontenet. L’école n’est pas menacée de fermeture, plusieurs nouvelles familles s’étant installées à Sorvilier pour profiter de la formidable qualité de vie proposée par un village niché au cœur d’une nature généreuse et bien desservi par le train. Les anciens se souviennent que plusieurs incendies, dont le restaurant, ont été recensés dans le village. Lorsqu’on s’est entretenu avec Heidi et Hector Voutat, une petite anecdote a retenu notre attention, soit que le passage des camions qui se rendent au chantier de revitalisation de la Birse ne nuisent pas seulement à la tranquillité du lieu, mais causent également des détériorations à leur bâtisse. Vivement que ça s’arrête ! Olivier Odiet
