Historien et archéologue, Stéphane Froidevaux est intarissable lorsqu’il est appelé à narrer l’histoire industrielle de sa ville : Moutier. On se délecte d’autant plus de l’écouter que ses propos dégoulinent d’humour et de pertinence. Paradoxalement, son travail sérieux et rigoureux contraste singulièrement avec le jonglage subtil et léger qui caractérise sa manière de jouer avec les mots. Ce constat repose sur sa brillante intervention survenue lors du point presse organisé pour marquer la sortie de son ouvrage « La Verrerie en toute transparence – de 1842 à 1892 ». Il s’est déclaré soulagé d’avoir pu concrétiser son projet initié en 2020 et forcément ralenti par le Covid qui a joué le rôle du grain de sable venant enrayer la machine. Si Stéphane Froidevaux a ciblé spécifiquement son ouvrage sur ce demi-siècle, c’est tout simplement parce que cette période constituait un terreau fertile en sources documentaires lui facilitant grandement la tâche pour restituer l’histoire fascinante de la Verrerie. Il faut d’abord savoir que le choix de Moutier comme lieu d’implantation ne découle pas du fruit du hasard. Si son fondateur Célestin Châtelain, maître verrier originaire de Charquemont, a jeté son dévolu sur la Prévôté, c’est tout simplement parce que ce lieu réunissait toutes les conditions requises : le bois, l’eau de la Birse, le sable vitrifiable et l’argile réfractaire. La verrerie a rapidement attiré une main d’œuvre étrangère en provenance de différentes régions d’Europe comme l’Italie, la France et la Belgique. Principalement familiale, cette immigration a non seulement influencé la culture de la cité prévôtoise, mais également sa démographie et son architecture. En évoquant les incidences colossales de cette implantation, Stéphane Froidevaux pousse même le bouchon jusqu’à prétendre que sans la Verrerie, le tour automatique n’aurait probablement pas vu le jour à Moutier puisque Nicolas Junker, à l’origine de sa fondation, a débuté ses activités en s’associant à Anselme Marchal qui tenait à cette époque, les rênes de la Verrerie. On peut donc forcément en déduire que la ville de Moutier n’aurait pas accueilli les autres fleurons de l’industrie prévôtoise comme Tornos, Bechler et Petermann, pour ne citer que les plus importants. En fait, la Verrerie de Moutier était une petite ville dans la ville puisque tout était pensé pour permettre aux employés d’avoir toutes les commodités possibles dans le quartier. On pense notamment au restaurant de l’Industrie devenu l’Indus et aujourd’hui rebaptisé « Au boulot ». Même la religion entra en jeu en 1871 avec la construction d’une église catholique. Stéphane Froidevaux n’a pas axé son ouvrage sur l’aspect technique, mais il s’est intéressé à son côté historique pour mettre en lumière la riche histoire d’une entreprise industrielle trop méconnue du grand public. Vendu au prix de Fr. 30.-, cet ouvrage est disponible au Musée du tour automatique et d’histoire, Rue Industrielle 121, 2740 Moutier ou par e-mail à l’adresse suivante :
stephane.froidevaux@museedutour.ch. Olivier Odiet
Actualités, Culture
Récit d’une histoire gravée dans le verre
Edition N° 47 – 24 décembre 2025

Stéphane Froidevaux exhibe fièrement son ouvrage rédigé en toute transparence. (photo oo)

Stéphane Froidevaux exhibe fièrement son ouvrage rédigé en toute transparence. (photo oo)

