Les mennonites en Suisse expriment leur pardon au gouvernement du canton de Berne pour les souffrances infligées à leurs ancêtres, les anabaptistes. Ils répondent à une demande de pardon, formulée par le président du gouvernement bernois, Christoph Neuhaus, en tant que responsable des affaires ecclésiastiques. L’étape de réconciliation s’inscrit dans les différentes étapes de réconciliation officielles qui ont été franchies jusqu’à présent entre l’Eglise Réformée et les mennonites.
Samedi 20 avril à Tavannes, une cérémonie de réconciliation a lieu entre les mennonites en Suisse et le gouvernement du canton de Berne. Dans une déclaration officielle, les mennonites communiquent avoir pardonné au gouvernement bernois les souffrances qu’il a infligées aux ancêtres anabaptistes des Mennonites du XVIe au XVIIIe siècle. C’est ainsi que l’Eglise historique de paix formule une réponse à la demande de pardon que le président du gouvernement bernois Christoph Neuhaus avait formulée en novembre 2017 alors qu’il était directeur de la justice, des affaires communales et des affaires ecclésiastiques.
Demande de pardon honorée avec sensibilité
«Nous nous sommes beaucoup réjouis de la demande de pardon. L’honorer et la classer de manière adéquate nous a demandé un peu de temps, temps que nous avons choisi d’investir», relate Jürg Bräker, secrétaire générale de la Conférence Mennonite Suisse. Depuis le mois de novembre 2017, différents dialogues ont eu lieu à l’intérieur de la communauté mennonite ainsi que dans le cadre du gouvernement bernois. Ceux-ci ont conduit à la célébration du samedi de Pâques à Tavannes.
Etaient présents aux festivités, le président du Conseil-exécutif du canton de Berne Christoph Neuhaus, le délégué aux affaires ecclésiastiques dans la direction de la justice, des affaires communales et la direction des Eglises, Martin Koelbing. La Conférence Mennonite Suisse (CMS) quant à elle était représentée par son comité ainsi que des délégués des treize communautés mennonites. Dans son allocution, le président du gouvernement a qualifié la persécution de l’époque comme étant une injustice qui laissa des traces jusqu’à aujourd’hui. Il souligna également l’importance du souvenir et réitère la demande de pardon du gouvernement aux communautés mennonites présentes. La réponse à cette demande résonna unanimement «Oui, nous pardonnons».
Persécuté pour avoir critiqué l’alliance Eglise-Etat
Les mennonites sont nés du mouvement anabaptiste du XVIe siècle. Les anabaptistes faisaient partie du mouvement de la Réforme et, à cette époque, exprimaient des préoccupations très similaires à celles des réformateurs. Ils avaient cependant un avis différent sur la manière et la vitesse des changements qui devaient être mis à l’œuvre dans l’Eglise. De plus, et contrairement aux réformateurs, les anabaptistes envisageaient une Eglise indépendante de l’Etat et fondée sur un choix d’adhésion volontaire. En réponse au développement du mouvement anabaptiste, les autorités étatiques et religieuses de l’époque ont réagi par la répression et la persécution.
Une des nombreuses étapes de réconciliation
La démarche de réconciliation entre les mennonites et le gouvernement bernois s’inscrit dans les différentes démarches officielles de réconciliation déjà entreprises entre les mennonites et l’Eglise réformée. L’historien et spécialiste de l’histoire des anabaptistes, Hanspeter Jecker, a placé ces différentes étapes dans leur contexte plus large, dans son discours. «Les mennonites en Suisse espèrent que ces étapes de réconciliation libéreront des forces de paix et de justice coopératives qui seront en bénéfice à notre pays et auront un impact au-delà de ses frontières», a déclaré Jürg Bräker.
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