Portraits

« Vous avez adopté un ange »

Edition N°45 – 2 décembre 2020

Kuma, un port de tête royal, mais une robe lardée de cicatrices.

Découvrez le troisième épisode de notre série intitulée Histoire d’A pour histoire d’Animaux, histoire d’Adoption, histoire d’Amour…

Annelise Caso n’avait jamais eu de compagnon à quatre pattes. Arrivée à la retraite, après une vie professionnelle bien remplie (elle était institutrice à l’école primaire de Moutier), son rêve était de faire de grandes balades. C’est ce qui l’a décidée à s’intéresser aux chiens.

« Je ne voulais pas d’un petit chien. Mais pas un trop gros non plus. En surfant sur internet je suis tombée sur les lévriers et j’ai eu un coup de foudre. » De fil en aiguille, elle découvre le site Lévriers Swiss Adoptions et elle flashe sur la photo de Kuma.

Un corps couvert de cicatrices

Kuma est un lévrier Galgo, âgée de 5 ans à l’époque, en 2012. Son corps couvert de cicatrices témoigne du calvaire qu’elle a vécu en Espagne avant d’être recueillie. « Personne ne voulait d’elle à cause de ses cicatrices. Moi, c’est justement à cause de ses cicatrices que je l’ai choisie », confie Annelise Caso. La rencontre se fait à Neuchâtel. « Kuma m’a tout de suite suivie comme si nous nous connaissions depuis toujours. »

« Vous avez adopté un ange » lui a dit Manuela Maximiano, la fondatrice de l’Association Lévriers Swiss Adoptions. Et c’est vrai. Kuma est une chienne adorable: sociable et affectueuse. Elle est aussi très élégante : des pattes interminables, un corps mince et musclé, un port de tête royal. Elle a tout d’une aristocrate. « Quand je croise des gens en promenade, c’est ce qu’on me dit toujours : mais qu’est-ce qu’elle est belle, votre chienne ! »

Torturée et abandonnée dans la rue

« On ne sait pas ce qu’elle a vécu, mais ses cicatrices parlent pour elle. Elle a probablement été torturée avant d’être abandonnée. En Espagne, les lévriers galgo sont souvent maltraités dès qu’ils ne sont plus rentables. C’est-à-dire dès qu’ils ne peuvent plus chasser, participer à des courses de chiens ou avoir des petits », explique Annelise Caso. On suppose qu’elle a vécu un certain temps dans la rue à devoir se battre avec ses congénères pour trouver de la nourriture et survivre. « Au début qu’elle était chez moi, elle mangeait vraiment n’importe quoi. Je me rappelle qu’un jour elle avait piqué un vieux tube de mayonnaise dans la poubelle et qu’elle le pressait sous sa patte pour essayer d’en sortir encore quelque chose. Là j’ai compris ce qu’elle avait vraiment vécu ! »

Une sociabilité pas toujours récompensée

Une vie d’autant plus difficile que Kuma est une chienne affable et qu’elle n’est pas dominante. Elle en a fait les frais d’ailleurs même après son arrivée à Moutier : « Nous nous promenions et elle a vu un autre lévrier courir dans un pâturage. Toute contente, elle l’a rejoint pour jouer. » Manque de chance, elle est tombée sur un mâle très agressif qui l’a accueillie à coups de dents. « Il a fallu la transporter chez le vétérinaire pour la recoudre. » Une cicatrice de plus, sur sa belle robe sable. Mais celle-là, on en connaît l’origine !

Besoin de courir

Voilà plus de 8 ans que Kuma partage sa vie avec Annelise. Elles prennent doucement de l’âge ensemble. Les promenades sont un peu raccourcies et un peu moins sportives. « Avant, nous courrions ensemble. Mais depuis quelque temps j’ai des problèmes d’articulation et je me contente de marcher. » Kuma aussi est moins exubérante. Mais il lui faut chaque jour piquer son petit sprint. Au besoin, en échappant à la surveillance de sa maîtresse pour profiter des pâturages qui s’étendent à l’infini, juste derrière la maison, sur les hauts de Moutier.

« Tout à coup elle s’enfuit sans crier gare. Mais elle revient toujours très vite. » 

Claudine Assad

Kuma, un port de tête royal, mais une robe lardée de cicatrices.