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Au cœur du transfert !

Edition N°5 – 12 février 2025

Depuis le 1er novembre 2021, Patrick Cerf s’engage corps et âme dans sa fonction de chef de projet « Transfert de Moutier dans le Jura » à 80%. Une expérience humaine enrichissante qui lui permet d’explorer les multiples facettes inhérentes à cette situation unique. Domicilié à Corban, mais Prévôtois de cœur, cet ancien journaliste se sent comme un poisson dans l’eau en menant cette mission qu’il considère comme un privilège. «Personne ne met les pieds contre les murs, ce qui me permet de travailler dans des conditions très agréables», explique-t-il.

« Comme vous le voyez, il n’y a pas de drapeau jurassien dans mon bureau qui n’est pas un lieu de militantisme, ma porte étant ouverte à tout le monde. Mon rôle, c’est de défendre les intérêts des Prévôtoises et des Prévôtois, indépendamment de leur couleur politique. » Le décor est planté : la phase de lutte appartient désormais au passé à Moutier et c’est dans un esprit serein et apaisé que Patrick Cerf glisse sa barque prévôtoise en direction du canton du Jura. « Je suis arrivé dans la phase la plus intéressante de mon mandat, la concrétisation du projet. Je vous mentirais en disant que nous avons de l’avance sur le timing, mais nous ne sommes pas en retard non plus. J’ai ressenti une nette accélération depuis la large acceptation du Concordat par les cantons de Berne et du Jura, tout le monde ayant pris conscience que nous étions arrivés à un point de non-retour. » 

Conditions de travail agréables

Lorsque Patrick Cerf a commencé son travail en novembre 2021, il n’est pas parti d’une feuille blanche, les services de la Municipalité de Moutier ayant pris soin de lui prémâcher le travail : « J’ai reçu une liste sur laquelle figuraient les nombreuses tâches à effectuer. Il est clair que des priorités ont été définies lors de la planification des travaux. J’ai l’immense chance de pouvoir œuvrer dans des conditions de travail agréables, personne ne mettant les pieds contre le mur. Je ne suis confronté à aucun blocage. Il faut savoir que je ne suis pas seul à m’occuper de ce transfert à la Municipalité. Employée de la caisse municipale, Angela Della Torre a été intégrée à cette cellule et son appui m’est très précieux. Au même titre d’ailleurs que celui des différents services municipaux qui mettent des ressources à ma disposition pour consolider le projet. » 

Nombreuses interrogations

Au contact de nombreux acteurs qui gravitent autour de ce transfert, Patrick Cerf constate que les préoccupations des citoyennes et des citoyens s’inscrivent dans le registre des choses pratiques comme les plaques, les poubelles Celtor, l’accueil extra-familial, la scolarité, etc. « Les interrogations fusent de tout part, ce qui est tout à fait normal. Le transfert d’une ville dans un autre canton, c’est un peu comme un déménagement, il faut aussi mettre ses papiers en ordre. Sauf qu’ici, on ne change pas de maison. Il est aussi important de souligner que l’habituel refrain « Moutier va partir » n’est en fait qu’une image symbolique. Il n’y aura pas de grue géante ou de trax qui passeront pour laisser un trou béant. Non, la ville va bel et bien rester là où elle est. Et je tiens ici à rassurer les citoyennes et les citoyens pour qu’ils sachent que la Municipalité est prête à les accompagner. Ils ne seront pas largués ! » Avant le transfert officiel fixé au 1er janvier 2026, donc demain, plusieurs étapes doivent encore être franchies, dont le règlement d’organisation sous droit jurassien qui devra être ratifié par le peuple en votation communale avant les vacances d’été. Autre échéance importante : l’élaboration du budget et le taux de la quotité d’impôt qui seront ensuite respectivement soumis au Conseil municipal, au Conseil de ville et aux ayants droit. 

Création d’un guichet unique

Si la Municipalité de Moutier, avec le concours de Monsieur « transfert », ont déployé des efforts titanesques pour mener cette opération à bon port, le canton du Jura s’est lui aussi attelé au travail efficacement. Un point très important a d’ailleurs déjà été annoncé par le Gouvernement jurassien, soit la création d’un guichet unique. Ce projet-pilote jurassien doit permettre une desserte centralisée des prestations de l’Etat offrant une interaction directe entre l’administration cantonale et les citoyennes et citoyens de Moutier. Il y a la variante du passage au guichet d’accueil, mais également celle qui vise à rencontrer un spécialiste pour un entretien individuel, par exemple. Officiellement engagé à 80% jusqu’au terme du processus, Patrick Cerf ignore encore si son mandat devait être prolongé en cas de nécessité. Une chose est sûre : il ne s’est pas encore mis à la recherche d’un nouveau travail : « Je donne toute mon énergie dans ce projet enthousiasmant sans me préoccuper de mon avenir professionnel. J’imagine que le fait d’avoir vécu cette expérience pourra m’ouvrir des portes, mais personne ne m’a promis une place de travail à ce jour. Après, il est vrai que le fait d’avoir pu acquérir des compétences tant au niveau de la commune que du canton me permettra d’ajouter une chouette ligne sur mon CV. Pour moi, c’est vraiment un privilège de pouvoir concrétiser une question pour laquelle un peuple s’est battu dans le cadre d’un laboratoire démocratique qu’il est uniquement possible de voir en Suisse. Pouvoir s’impliquer concrètement dans cette page de l’histoire de notre région, c’est quelque chose de très grisant », termine Patrick Cerf, visiblement ravi de goûter à cette saisissante immersion au cœur d’un transfert qui sort de l’ordinaire. 

Olivier Odiet