Tombé dans la marmite de la musique classique à l’âge de
6 ans, Nathan Zürcher dissimule derrière sa virtuosité de musicien un éventail de valeurs et de qualités humaines lui permettant d’accéder aux terrains les plus improbables. Respectueux, humble, altruiste et curieux, le musicien prévôtois surfe sur la vague de ses passions en se laissant guider par son feeling plutôt qu’en voulant forcer le destin. Le plus étonnant dans l’histoire, c’est de voir que le fait de se disperser ne l’empêche pas d’être au top dans chacune de ses expériences. Signe que le cumul des fonctions n’est pas une source d’inefficacité lorsqu’on y met tout son cœur. Parallèlement à sa carrière artistique, Nathan Zürcher occupe le poste d’assistant des instruments de l’orchestre à la Haute Ecole de Musique de Genève. S’ouvrir à tous les horizons musicaux, c’est en quelque sorte sa carte de visite sachant qu’aucun style ne lui procure d’allergie.
Une formation sans frontières linguistiques
Après avoir choisi l’option mathématiques et physique au gymnase tout en suivant les cours de l’Ecole de musique du Jura bernois (EMJB), Nathan Zürcher a débuté des études de violoncelliste en 2016 à la Haute Ecole de Musique de Bâle dans la classe du prestigieux violoncelliste Thomas Demenga. Après avoir obtenu un Bachelor avec distinction et un master en pédagogie musicale en 2021, il termina brillamment un second cursus master composer-performer dans la classe d’Ophélie Gaillard à la Haute Ecole de Musique de Genève.
Un duo enchanteur
Nathan Zürcher forme avec le pianiste Nicolas Caccivio le duo Rotonde. Cette fructueuse collaboration a débuté à la Haute Ecole de Musique de Bâle. La reconnaissance de leur talent ne porte pas uniquement à l’échelon national, ce duo ayant obtenu un troisième prix toutes catégories confondues au concours international Annaros Taddei de Rome. Toujours au chapitre des distinctions, mais en solo cette fois-ci, Nathan Zürcher fut lauréat en 2019 de la Bourse de perfectionnement professionnel de la Fondation jurassienne Anne et Robert Bloch. Il a aussi remporté d’autres prix flatteurs comme le « Worldvision Music Contest » en décembre 2021, la bourse du Prix Tremplin Leenaards couronnant ses brillantes études à Genève, ou encore le prix Contrechamps en 2023 en guise de reconnaissance à son nouveau projet de concert classique de jeu vidéo. Le 30 novembre prochain, la fusion des univers classiques et des jeux vidéo fera l’objet d’un récital à l’Aula de Chantemerle à Moutier. Ce voyage sonore à travers une pluralité de mondes vidéoludiques a également pour but d’attirer un jeune public vers la musique classique, en tirant parti de l’expertise combinée en musique et en gaming. Une expérience immersive et captivante à ne rater sous aucun prétexte.
Sim’s pour des concerts aux couleurs inédites
C’est sur le plateau d’un tournage TV en 2019 que Nathan Zürcher a rencontré le rappeur bruntrutain Sim’s. Un clin d’œil du destin qui n’est pas resté vain, les deux artistes ayant décidé de relier leur carrière pour sillonner les scènes de Suisse et proposer au public des concerts aux couleurs inédites durant lesquels Nathan Zürcher troque son violoncelle classique contre un violoncelle électrique. L’occasion de distiller un rap puisant au texte profond accompagné d’une improvisation du meilleur cru.
« Sans le Covid, ma carrière n’aurait pas pris cette tournure »
Pour Nathan Zürcher, la période Covid a constitué un tournant dans sa carrière dans la mesure où l’annulation de concerts l’a incité à revisiter la musique classique pour éviter le blues : « Tout était à l’arrêt et j’avoue que c’était somme toute assez déprimant », confie-t-il. « Comme il n’était plus possible de jouer dans des salles de concert, j’ai commencé à jouer sur mon balcon puis dans d’autres endroits insolites comme des forêts, des plages ou des jardins publics. C’est alors que j’ai compris que je pouvais me servir de ma vocation classique pour intéresser tout type de public et non plus seulement des spécialistes en la matière. Du coup, pour ne pas rester un musicien purement classique, je me suis engagé dans une constellation de projets et cette remise en question a totalement chamboulé ma carrière. » Moralité : le Covid n’a pas laissé que des traces douloureuses…
Olivier Odiet
