Actualités, Politique

Connaître cette région, c’est primordial !

Edition N° 18 – 14 mai 2025

Stéphanie Niederhauser : « Il y a des points où tu ne peux pas transiger, c’est clair, mais dans certains cas, le bon sens doit prévaloir sur l’application de la loi à la lettre. » (photo ldd)

Voilà l’exemple d’une discussion cueillie au hasard d’une rencontre en pleine rue : « Et toi, tu vas voter pour l’élection à la Préfecture du Jura bernois ? Pas besoin, l’inconnu de Lausanne ne fera pas le poids. » Si tout le monde pense ainsi, non seulement le taux de participation sera historiquement bas, mais le plébiscite escompté par les partisans de Stéphanie Niederhauser pour légitimer solidement sa réélection ne dépassera pas le stade de leurs désirs. Avant de présenter le profil des forces en présence, il est bon de rappeler que l’élection tacite de Stéphanie Niederhauser pour un troisième mandat semblait se dessiner, faute de combattants déclarés dans la région du Grand Chasseral jusqu’au délai du dépôt des listes. Dans le Grand Chasseral, non, mais ailleurs, oui. Lausanne, en l’occurrence. La loi le permet, alors pourquoi ne pas en profiter, s’est dit Bruno Dupont, qui devra cependant déménager dans le Jura bernois en cas d’élection. Nos tentatives de le contacter s’étant avérées vaines, on s’est rabattu sur d’autres informations émanant de créneaux divers pour connaître ses motivations. A priori, elles se limitent à faire connaître son parti dans notre région. 

Patriote jusqu’à l’excès   

Fondé il y a une année, le RRP est composé « de confédéré-e-s de tous âges et de tous horizons, tous ralliés par le patriotisme en un seul et même mouvement », est-il indiqué sur son site internet. « Nous constatons un manque cruel de diversité au sein des autres partis élus qui ne permet pas au peuple suisse de prospérer pleinement. Le RRP propose donc une alternative aux partis classiques et uniformes. Nous ne sommes pas un parti ouvrier, ni un parti banquier, nous sommes le parti du peuple suisse. » En résumé, le RRP a comme priorités la lutte contre le capitalisme et contre l’immigration qu’il juge injustifiée et incontrôlée. A côté de cette argumentation nationaliste à outrance, l’UDC fait presque figure d’enfants de cœur ! Et même si notre devoir de réserve nous empêche de prendre position sur les convictions du RRP, on se demande toujours ce que Bruno Dupont en a à cirer de la Préfecture du Jura bernois, sa priorité se limitant à donner de la visibilité à son parti par le biais de sa candidature.  Le plus aberrant dans l’histoire, c’est que l’organisation de cette élection va coûter une blinde. Cette dilapidation d’argent fait d’autant plus tache dans le paysage que le contexte économique n’incite guère à jeter l’argent par les fenêtres. Il est donc grand temps de supprimer cette loi qui n’a ni queue ni tête. On s’agite en ce sens dans les coulisses de la politique régionale et, visiblement, le statu quo ne fera plus de vieux os. A part le RRP, personne ne s’en plaindra…

« Je ne suis pas qu’une donneuse d’ordres ! » 

Agée de 56 ans, Stéphanie Niederhauser occupe le poste de préfète depuis 2018. Originaire de Court, elle a débuté sa carrière à la préfecture en 1998 et a occupé le poste de vice-préfète avant de succéder à Jean-Philippe Marti. Elle se représente pour un troisième mandat. Il arrive encore régulièrement qu’on lui reproche de ne pas être juriste. Critique qui ne la démonte pas plus que ça : « C’est plutôt une bonne chose d’avoir une vision plus terre-à-terre et plus pragmatique des choses. Il y a des points où tu ne peux pas transiger, c’est clair, mais dans certains cas, le bon sens doit prévaloir sur l’application de la loi à la lettre. Et puis, la Préfecture du Jura bernois possède dans son équipe deux avocates pour 140 % de poste ainsi qu’une personne qui officie en tant que juriste pour les constructions. »    

L’avantage de reconduire la préfète sortante dans sa fonction, c’est évidemment le fait qu’il n’y aura aucune perte de temps pour une éventuelle mise au courant. De plus, Stéphanie Niederhauser sait exactement où des changements doivent être opérés pour gagner en efficacité. « Il faut savoir que ce travail me met constamment en contact avec les notaires, les architectes, les artisans, les agriculteurs ainsi que toutes les associations qui m’invitent à leurs assemblées générales ou à des événements ponctuels. Cela va des sapeurs-pompiers, aux tireurs et lutteurs en passant par Pro Natura, la gymnastique, les pêcheurs, une mise de bétail, un concert de la fanfare, etc. Bref, je suis très active sur le terrain pour des représentations et ne me contente pas de donner des ordres depuis ma chaise de bureau. » 

Si Stéphanie Niederhauser aime son travail, c’est aussi en raison de la diversité des tâches à accomplir. Dans la même journée, elle peut traiter différents dossiers qui vont d’un permis de construire à une succession, de la médiation, une ouverture de restaurant ou encore de la violence domestique. Sans oublier bien sûr les nombreux contacts établis avec les communes – dont la collaboration dépassent largement le cadre de la surveillance – et les relations étroites qu’elle entretient avec le canton. Le départ de la ville de Moutier dans le canton du Jura nécessite une réorganisation à l’interne et Stéphanie Niederhauser n’est pas mécontente de pouvoir enfin tourner définitivement cette page qui l’aura profondément marquée. Non, la tâche de préfète n’est pas une mince affaire. Elle exige de la flexibilité, de la disponibilité ainsi qu’une connaissance approfondie du Jura bernois. L’investissement est lourd de responsabilités et absorbe une folle énergie, mais cette fonction est tellement intéressante que les sacrifices consentis durant l’année sont largement compensés par la satisfaction d’accomplir un travail passionnant. Et puis, c’est bien connu, quand on aime, on ne compte pas… Olivier Odiet  

Bruno Dupont: l’homme par qui le scandale est arrivé… (photo ldd)

Stéphanie Niederhauser : « Il y a des points où tu ne peux pas transiger, c’est clair, mais dans certains cas, le bon sens doit prévaloir sur l’application de la loi à la lettre. » (photo ldd)