Des récifs coraliens aux nuages d’orage, la cuvée 2024 de Fest’Images s’annonce particulièrement prometteuse au cinéma Palace de Bévilard. Voulue par le couple Florence et Daniel Salzmann, deux passionnés de photographie, cette manifestation annuelle est née en 2014. Elle a passé les années Covid en se glissant habilement entre les gouttes puisque l’édition 2021 avait été repoussée en février 2022 au moment d’un assouplissement des règles. Ce fut un plaisir pour le pharmacien de Malleray de permettre à la population de voyager par l’image au moment où les voyages réels n’étaient pas de mise. Maintenant que cet épisode douloureux est redevenu un « lointain » souvenir, nombre de photographes ramènent à nouveau des images emplies de rêves.
« Fest’Images n’est pas un festival thématique », indique Daniel Salzmann. « Les photographes sont choisis de manière à montrer un peu de tout. Bien sûr ils sont nombreux à ramener des vues de paysages des contrées parfois lointaines qu’ils ont visitées, d’autres sont des pointures dans le domaine animalier, l’architecture, la macro-photographie et même encore la photographie sous-marine. »
Le sens de l’esthétique y est bien sûr privilégié. Aux « tempêtes de ciel bleu », on préfère des amoncellements de gros nuages lourds de menace mais tellement chargés d’émotion par la dramaturgie qu’ils évoquent.
Les photographes d’aujourd’hui disposent d’outils très performants, ils sont infiniment moins contraints que le père de tous les photographes de paysage Ansel Adams qui posait ses antiques appareils sur de lourds trépieds et qui était un as du cadrage et de la dynamique des tonalités de ses photos en noir et blanc, encore et toujours reconnu par tous.
Désormais tout est plus simple. Nous vivons déjà à l’époque où le « faites clic-clac, Kodak s’occupe du reste » a été détrôné par l’automatisme offert par les boîtiers et bien sûr par les innombrables filtres générés en un seul clic sur les smartphones. Passons sur l’intelligence artificielle qui permet désormais de fabriquer des images en se contentant de les décrire par écrit.
Où le talent reste entier
Reste que les vrais photographes, ceux qui savent choisir le réglage optimal avant de – peut-être – tirer avec talent sur les bons curseurs de leur logiciel, parviennent encore à obtenir des vues épatantes. Ceux-là savent mieux qui quiconque jouer avec les saisons, les heures et les endroits. Ils apprivoisent la météo, profitent de chaque rayon de soleil sur un banc de brouillard et restituent les beautés de la nature en les magnifiant sans pour autant les dénaturer.
Cette année, Daniel Salzmann est fier de proposer les images de trois photographes au féminin. Parmi elles, Muriel Schupbach, une Prévôtoise au talent et à la sensibilité extraordinaire. Cette jeune quadra adore maîtriser son sujet, travailler sur la profondeur de champ afin de détailler la fleur ou le papillon qu’elle veut mettre en valeur tout en neutralisant les détails du fond. Elle a ramené cet été de magnifiques images de Suède et de Norvège, des contrées qu’elle affectionne tout spécialement.
Muriel Schupbach voyage avec un imposant matériel qui comprend deux boitiers et plusieurs objectifs. « Deux boitiers, cela me permet de ne pas changer souvent d’objectifs sur le terrain ! »
Les capteurs de ses boitiers restent propres et à l’abris des taches de micropoussières qui peuvent s’y déposer lorsqu’on ouvre son appareil dans des conditions venteuses ou humides. Une précaution qui pèse son poids mais qui témoigne que pour les vrais passionnés, l’effort ne compte pas face à la perspective d’un superbe résultat. Muriel Schupbach montrera dans son diaporama sur l’écran du cinéma Palace, non seulement des paysages mais également quelques remarquables photos d’oiseaux représentatifs de ces régions nordiques. « Pour moi, explique-t-elle, la photo en nature est également un moyen de plaider pour la biodiversité que l’on ne prend pas suffisamment en considération. »
Les photographes : Andreas Kammermann ; Chloé Dumont ; Florence Salzmann ; Gérard Lüthi ; Léo de Graaff ; Marc Berset ; Daniel Strub ; Michael Hausmann ; Muriel Schupbach ; Olivier Bernaschina ; Patrick Humair.
Blaise Droz