Pour bien comprendre à quel animal nous avons affaire, il convient de retourner aux origines de la saga « Fast & Furious » (rapide et fou) qui remonte à 2001. Dans le premier volet, un jeune flic du nom de Brian infiltrait un groupe de pilotes automobiles suspectés de commettre d’audacieux casses en utilisant leurs puissants bolides. Suite à quelques péripéties périlleuses, l’agent infiltré finissait par laisser filer le chef de la bande Dominique « Dom » Toretto, une brute épaisse dont le code d’honneur ne semble tourner qu’autour de la famille et des bagnoles. Le grand chauve deviendra peu à peu le principal protagoniste des films qui suivront, enchaînant les vols toujours plus spectaculaires avant de littéralement devenir un super-héros. Bref, en plus de 20 années d’existence, la saga a remplacé les courses de rues par des affrontements improbables entre voiture et tank, drone et même sous-marin. Absurde ? Attendez de découvrir de quoi parle ce « Fast & Furious 10 ».
Figurez-vous que Dom et sa bande sont cette fois-ci confrontés à un tueur psychopathe du nom de Dante qui n’est autre que le fils du baron de la drogue Hernan Reyes, tué lors d’un braquage perpétré par nos héros… dans le 5e film de la saga.
Style mal jaugé
Assoiffé de vengeance, ce nouvel antagoniste va déchaîner les enfers pour prendre à Dom ce qu’il a de plus cher au monde : sa famille.
Inutile d’y aller par quatre chemins : ce « Fast & Furious 10 » est un pur nanar, un film tellement mauvais qu’il en devient drôle. Ici, ce ne sont pas les moments volontairement comiques qui génèrent la plupart des éclats de rire, mais bien la débilité abyssale du spectacle. Les scènes d’actions indécentes se suivent à la trace avec un sérieux franchement déconcertant.
Le film se croit malin et dramatique, mais ne l’est jamais tant il se tire à chaque fois une balle dans le pied. Les moments sérieux sont constamment sabotés par un humour calamiteux, réduisant à néant l’homogénéité de l’œuvre. Le meilleur exemple pour illustrer le problème : le héros et le méchant. Incarné par un Vin Diesel stoïque comme un bloc de granit, le fameux Dom est ici bien trop sérieux pour ne pas paraître ridicule dans un film autant décomplexé. A l’inverse, l’antagoniste Dante explose de vie et de folie, devenant le seul vrai bon élément de ce dérapage industriel. L’acteur Jason Momoa livre une performance de psychopathe certes ridicule mais jouissive, réussissant toujours à arracher un sourire ou un rire. Mais face au reste du casting qui se prend trop au sérieux, le méchant devient malgré lui une part du problème.
Une belle embardée
Venons-en plutôt aux fondamentaux de la saga : les bonnes vieilles scènes d’action à base de voitures folles. Si « Fast & Furious 10 » se veut plutôt généreux en moments explosifs, il réussit la prouesse de ne jamais proposer quoi que ce soit d’iconique. Si ce n’est une sympathique course-poursuite à Rome durant le premier acte, rien n’épate et tout lorgne plutôt du côté du ridicule. Même le réalisateur Louis Leterrier et ses quelques bonnes idées de plans n’évitent l’ennui. Car oui, en plus des fous rires involontaires et des effets spéciaux immondes, on trouve vite le temps long devant ce chaos cinématographique. Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’enjeu. Malgré la menace omniprésente, le film nous rappelle sans cesse que ses héros sont inarrêtables, indestructibles. Et lorsqu’ils ne meurent pas, ils sont rejoints par d’autres personnages miraculeusement ressuscités ou par les méchants des autres films qui se sont soudainement dotés d’une conscience.
Le résultat final est un vilain long-métrage détruisant tout ce que ses neuf prédécesseurs ont construit. Une première partie d’un final qui laisse déjà planer le pire. Quelle que soit la route que prendra ce bolide fou, là la destination est facile à déterminer : à force de prendre son public pour un idiot, c’est droit dans le mur.
Louis Bögli
« Fast & Furious 10 »
Réalisation : Louis Leterrier
Durée : 2 h 21
Pays : USA
Note : 1.5 / 5
La nostalgie reste…
Pas très agréable de tirer dans les pneus d’une saga de film ayant marqué son adolescence. Mais il faut parfois savoir se faire une raison, même si la nostalgie demeure forte. Après avoir admiré les comédies d’action « Taxi », qu’elle n’était pas ma joie de découvrir, passé l’âge de 10 ans, le premier « Fast & Furious » sur la télévision de mon cousin. S’en suivra le visionnage des volets 4 et 5, importés à domicile par l’aînée de la famille. Subjugués par les scènes d’actions qui ont vieilli comme du bon vin, mon frangin et moi devenions rapidement passionnés par cette saga et ses personnages, devenus avec les années fort attachants. Forcément, avec l’âge de fréquenter l’école secondaire venait l’obligation d’aller visionner les 6e et 7e volets au cinéma, en présence d’une vague d’ados eux aussi assoiffés de nitro et de testostérone. La suite de l’histoire est déceptive, chaque nouveau film réussissant l’exploit d’être pire que le précédent, l’avant-dernier devenant malgré lui la meilleure comédie de 2021. Mais pourquoi ne pas abandonner le navire alors que rien ne l’arrêtera de couler ? En fait, c’est un peu comme retrouver de vieux amis dans le bar du coin : ils ont leurs défauts, mais on est bien heureux de les revoir.
(lb)