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Décalage au moment du déballage

Edition N° 17 – 7 mai 2025

Roland Collombin et Daniel Bachmann dans une version inédite de Questions pour un (ex) champion. (photo Manuela Belmonte)

«A un moment donné, je me suis demandé ce que je faisais-là!» Tels sont les propos lâchés à chaud par Daniel Bachmann, visiblement encore décontenancé par l’attitude d’un interlocuteur imprévisible, mais paradoxalement irrésistible compte tenu de l’ovation que le public lui a réservé au terme de cette conférence initiée par François Vorpe, le mercredi 30 avril à l’Auberge de l’Ours à Bellelay. Mais que peut-on véritablement reprocher à l’intervieweur pour être aussi souvent désarçonné par le questionné? Rien, si ce n’est d’avoir été très professionnel, sans doute un peu trop. Roland Collombin, on le sait, ne fait jamais rien comme les autres et cela s’est encore vérifié dans le magnifique écrin de la salle La Noz. De ce déballage est donc né un décalage. Rien de grave, bien sûr, mais tout aurait pu tourner court, ou au vinaigre, c’est selon. Même s’il n’a pas toujours obtenu les réponses souhaitées, Daniel Bachmann a fait preuve de calme, de tact et de patience, le respect étant en quelque sorte sa marque de fabrique. Du coup, le fait de voir Roland Collombin esquiver les parties sérieuses de l’interview pour glisser uniquement sur la pente de la déconne avait aussi son charme. 

Nous avons saisi au vol les pépites qui ont donné de la saveur au débat:
«Je partageais ma chambre avec Philippe Roux. Je crois avoir dormi plus avec lui qu’avec ma femme.»
«Quels étaient les contacts que nous avions avec les skieuses suisses de l’époque? Tout ce que je peux dire, c’est que nous n’étions pas gâtés.»
«J’ai toujours en mémoire l’instant où Adolf Ogi m’a sorti de prison avec le hockeyeur Jacques Pousaz aux Jeux olympiques de Sapporo en 1972, mais je n’ai plus aucun souvenir de la cérémonie de remise des médailles.»  
«Si je n’ai pas voulu tordre le cou à la rumeur prétendant que je buvais régulièrement deux décis de blanc, c’est parce que j’espérais devenir ambassadeur des caves Orsat, mais ce souhait ne s’est jamais réalisé.»
«S’il m’arrivait de faire le clown au départ d’une course, c’était simplement dans le but d’évacuer la pression.»
«Si tu as peur à ce niveau-là, il ne te reste plus qu’à rentrer à la maison.»
«Mes meilleurs souvenirs ne sont pas sur les skis. C’étaient les conneries, mon sport favori.»
«La sophrologie, c’est des singeries. Il n’y a que ceux qui n’avaient pas de talent qui croyaient à ça!»
«Les servicemen mériteraient de monter sur le podium ? Chez Ferrari non plus, les mécanos n’ont pas cet honneur…»
«Le ski est un sport à risques ? Oui bien sûr, mais on peut aussi se casser la g… dans les escaliers.»
«Quelle était votre réaction à l’arrivée quand vous aviez le meilleur temps ? Je le savais déjà en haut de la piste.»
«Un jour, avant une course, je devais poser pour une photo avec Herbert Plank et Franz Klammer. J’ai demandé au photographe de me mettre au milieu pour être quitte de venir refaire la photo à l’arrivée.»  
«Mon seul regret, c’est de ne pas avoir goûté au sport automobile en compétition. Mon docteur me l’avait déconseillé. Je n’aurais jamais dû l’écouter…»       

La conférence s’est terminée avec les questions du public et un ultime verre au bistrot de l’établissement où Roland Collombin a échangé des propos amicaux avec ses admiratrices et admirateurs. Les années ont passé, mais sa cote de popularité est toujours intacte. Au même titre que sa spontanéité. Est-ce vraiment une surprise?   Olivier Odiet

François Vorpe, Roland Collombin, Daniel Bachmann : un trio chic et choc. (photo Manuela Belmonte)

Roland Collombin et Daniel Bachmann dans une version inédite de Questions pour un (ex) champion. (photo Manuela Belmonte)