Sport

Des biscoteaux entièrement self made

Edition N°43 – 20 novembre 2024

Léandre Chételat (3e depuis la gauche) organise tout lui-même, se prend en main et organise sa progression en véritable autodidacte. (photo ldd)  

Il a tout juste 17 ans le nouveau champion suisse que compte Tavannes. Modeste mais tout de même content de lui, il est venu à notre rendez-vous comme n’importe quel jeune homme de son âge, presque maigre sous sa veste élégante. Franchement, il cache bien son jeu, Léandre Chételat : sur scène il est Monsieur muscle mais dans la vie de tous les jours, c’est un gars normal et simple. Par son apprentissage de constructeur métallique, il gagne à disposer de biceps bien aguerris, puisque c’est une profession parfois fatigante. Cela ne l’empêche pas de consacrer un grand nombre d’heures hebdomadaires à s’entraîner dans une salle d’entraînement privée de Tavannes. Il y lève de la fonte et pratique divers exercices aux poulies pour soigner sa forme et gagner de la musculature.

Le succès est au rendez-vous puisque le 19 octobre dernier, Léandre Chételat s’est rendu à Unterägeri dans le canton de Zoug, aux Championnats de bodybuilding organisés par la SNBF, la fédération qui chapeaute le bodybuilding naturel. C’est une catégorie qui écarte le recours à certains produits considérés comme dopants. Là, l’unique Romand de la compétition en catégorie adolescents a créé la surprise. Illustre inconnu, il a balayé la concurrence pour grimper sur la plus haute marche du podium.

Pas de coach

Ce qui rend encore plus singulière l’histoire de Léandre Chételat est qu’il s’entraîne entièrement seul, sans le moindre coach pour planifier ses séances, suivre ses progrès et adapter les exercices à sa progression. S’inspirant de vidéos qu’il recherche sur les réseaux sociaux, il organise tout lui-même, se prend en main et organise sa progression en véritable autodidacte. « C’est une discipline qui exige beaucoup d’organisation et de temps. La préparation d’une compétition se planifie sur une longue durée. Il faut d’abord travailler à l’augmentation de sa masse musculaire par des exercices adaptés. Ensuite, pour se préparer spécifiquement à l’approche d’une compétition, le programme doit changer, il faut procéder à ce que l’on appelle le séchage. Cette phase consiste à retirer la matière grasse contenue dans la masse musculaire. C’est alors que chaque filet musculaire se détache clairement des autres et devient saillant. » C’est là l’objectif de la discipline, qui consiste à montrer sa musculature en contraction pendant plusieurs secondes et sans se relâcher.

Détecteur de mensonge

Ce n’est un secret pour personne que les adeptes de la gonflette ont recours à une alimentation spécifique et que cette dernière est même un élément essentiel de tout programme d’entraînement. Léandre Chételat n’échappe pas à la règle, les compléments alimentaires font partie de ses menus. Pourtant, il se fait un honneur de n’y recourir que de manière très mesurée au grand étonnement des représentants du milieu. « Le championnat SNBF est voué au bodybuilding naturel, c’est-à-dire que la liste des produits admis est bien plus restrictive que dans une catégorie libre. Et pourtant, je ne prends que deux à trois types de compléments, ce qui est bien moins que mes concurrents. Lors de l’inscription, on doit les annoncer un par un et j’ai provoqué du scepticisme en déclarant par exemple que je mangeais des fruits plutôt que de prendre des vitamines de synthèse. »

Léandre Chételat a beau être champion, il ne se voit pas obligatoirement poursuivre dans son sport. « Si je participe à une autre compétition, ce sera en catégorie junior dans 3 à 4 ans. D’ici-là, je me concentre prioritairement sur mon apprentissage et l’obtention d’une maturité. » C’est ce que l’on appelle avoir la tête bien posée sur de larges épaules !

Blaise Droz 

Léandre Chételat (3e depuis la gauche) organise tout lui-même, se prend en main et organise sa progression en véritable autodidacte. (photo ldd)