Henri Simon et Theo Geiser, les deux rescapés du trio des fondateurs de la Tour de Moron, sont dans la tourmente. Alors que les autres personnes impliquées à divers degrés dans la construction de l’édifice ont été acquittées, en raison de la prescription, ou parce qu’aucun manquement n’a pu leur être reproché par rapport à la phase de construction, eux doivent encore attendre que le Ministère public Jura bernois Seeland statue définitivement sur la suite de ce dossier.
«Tout cela va vraiment très lentement, l’enquête dure depuis trois ans et nous ne savons pas pourquoi il n’y aurait aucun moyen d’aller plus vite. Non seulement c’est éprouvant, mais cela nous coûte de l’argent, simplement pour entretenir l’espoir d’un redémarrage du projet et d’assurer la pérennité du Conseil de Fondation qui doit assurer des frais fixes en matière d’énergie, d’assurance et de sécurité, puis de débarrasser le site afin de relancer un nouveau projet.»
Lente procédure judiciaire
Parce qu’ils croient fermement à l’avenir du projet, le président Henri Simon et son vice-président Théo Geiser ont lancé il y a deux mois une opération de crowdfunding. Pour l’instant, il ne s’agit encore que de rester en mode survie afin de pouvoir ensuite repartir de plus belle et recréer un Conseil de Fondation, dans l’idéal entre la Halle des Maçons, la commune de Valbirse et la Fondation Grand Chasseral. Et ces partenaires trépignent d’impatience, compte tenu de la lenteur de la procédure judiciaire.
L’opération de crowdfunding mené avec Héroslocaux.ch, organisme piloté par une grande banque du pays était arrivée à son terme le 19 avril, en manquant de très peu l’objectif minimum de 20’000 francs de promesses de dons. La banque a bien voulu prolonger ce délai jusqu’au 25 mai et désormais le montant nécessaire au succès de l’opération est garanti. Mieux, Henri Simon espère atteindre le montant maximum de 30’000 francs grâce à un dernier coup de projecteur de la presse régionale qui motivera sans nul doute la population.
Et la suite ? « Se débarrasser de l’épée de Damoclès judiciaire qui pèse encore sur nos têtes », explique Henri Simon en précisant que l’état de santé de Théo Geiser s’est beaucoup dégradé dans cette période de stress intense.
La justice aurait séparé la procédure en deux volets, celui de la construction, qui est clos, et celui de l’entretien de l’édifice où des questions resteraient ouvertes, «malgré les experts qui nous donnent entièrement raison », assure l’intéressé. Il ajoute que sa crainte est que l’on cherche à se débarrasser d’eux, les initiateurs du projet de la Halle des Maçons, afin de repartir avec les coudées franches. Henri Simon ne l’entend toutefois pas de cette oreille et il veut rester dans le coup. « Nous avons l’intention de conserver le noyau construit en calcaire de Bourgogne et qui est en parfait état. Quant aux marches en marbre Cenia, venues de Tarragone en Espagne, sciées et renforcées à Valbirse, elles devront toutes être remplacées par un escalier métallique dont la construction pourrait impliquer des apprentis serruriers, selon le même principe que celui de la construction initiale.»
On reparle de Mario Botta
Tels sont les vœux exprimés par Henri Simon. Mais, pour ce faire, il faudra qu’un futur Conseil de Fondation trouve le moyen de réunir environ 1,5 million de francs. C’est, selon lui à ce prix que le Moron retrouvera avec fierté sa tour rénovée, sans doute à nouveau avec l’appui du célèbre Mario Botta. Pour mémoire, le nom de l’architecte tessinois est intimement lié à la Tour de Moron, sans toutefois qu’il ait été impliqué dans les décisions techniques qui ont conduit aux malheureux effondrements survenus au printemps 2022. Blaise Droz