Dans un film qui aurait aussi très bien pu s’intituler « Les Combattantes », huit survivantes livrent un témoignage saisissant sur la violence rituelle, une forme grave de maltraitance physique, sexuelle et psychique envers les adultes, les adolescents et les enfants.
David contre Goliath
Se reconstruire après avoir subi ses actes abominables provenant d’un système innommable, curieusement jamais inquiété, passe inévitablement par la patience, la force, la foi, le courage et l’envie de dénoncer ses atrocités pour sauver des vies, éviter de nouveaux drames humains aux pouvoirs destructeurs. La démarche est louable et pourtant elle dérange parce qu’elle brise l’omerta qui continue de perdurer pour la simple et bonne raison que ces réseaux pédocriminels, faisant un peu penser à la mafia, jouissent notamment d’une protection des milieux juridiques et politiques qui ferment les yeux sur ces procédés abjects. Oui, le ver est dans le fruit et c’est grâce à des films comme « Les Survivantes » que le silence auquel les victimes sont programmées vole progressivement en éclat, mais il reste encore du travail avant de gagner un combat qui ressemble un peu à celui de David contre Goliath, les victimes n’ayant de loin pas les moyens de rivaliser d’égal à égal avec leurs bourreaux qui appartiennent parfois même à l’élite. On comprend donc mieux pourquoi leurs intolérables agissements restent impunis.
Déprogrammer les informations, un travail de longue haleine
Ce sentiment d’injustice au parfum de dégoût, de cruauté est en quelque sorte le moteur des survivantes qui apportent leur témoignage dans le film du même nom, dont figure Chantal Frei (pseudonyme) qui sera présente à Moutier. « J’avais à peine 6 ans lorsque des satanistes ont décidé de faire de moi une « mère des ténèbres ». Je venais de survivre à une torture massive. C’est pourquoi ils m’ont jugée suffisamment forte, sage et intelligente pour me former dans le cercle des Illuminati. Aujourd’hui, je suis une femme adulte et j’ai décidé de sortir de l’ombre de ma vie pour partager mes expériences en tant que survivante de la violence satanique ritualisée et du contrôle de l´esprit et de transmettre à autrui mes connaissances et les compréhensions acquises entre-temps. C’est ainsi qu’est né mon premier livre « UNE SURVIVANTE PARLE ». Les informations qu’il contient sont loin d’être complètes ; je ne peux restituer que ce que j’ai moi-même vécu et compris. Le thème de la violence ritualisée, associé au contrôle mental et aux abus spirituels, est extrêmement complexe et exige un travail de dissociation et de déprogrammation des informations », confie-t-elle. « Le plus sordide, dans toute cette histoire, c’est qu’au moment où l’on cherche à dénoncer ces méthodes destructrices, on se fait traiter de folle. On me l’a dit des centaines de fois. Ces réseaux sont tellement puissants que même les personnes qui souhaitent vous aider se retrouvent sous leur radar et finissent par vous lâcher sous le coup des menaces qu’elles subissent. Le chemin de croix que j’ai traversé durant toutes ces années s’est traduit par des dépressions, des tentatives de suicide, mais j’ai finalement tenu bon et c’est un cadeau d’avoir pu sortir du tunnel après avoir été programmée au silence. Aujourd’hui, j’ai besoin de mettre des mots sur mes expériences et de transmettre à autrui ce que j’ai appris et contribuer ainsi à ce que la lumière soit faite sur cette glaçante obscurité », conclut Chantal Frei. Olivier Odiet
« Les Survivantes », film de Pierre Barnérias projeté à la Sociét’halle à Moutier, vendredi 14 novembre (19 h 30) et suivi d’un moment d’échange avec Chantal Frei. A partir de 16 ans. Accompagné dès 14 ans. Fr. 10.-.

