Les habitants du Fuet et de Tavannes n’ignorent pas ce que représente la décharge de Celtor. Pour les citoyens des autres communes membres du syndicat, ce nom évoque surtout les sacs à poubelle gris que l’on dépose au coin de la rue ou dans un container adapté. A Tavannes ou à Rondchâtel, ce sont également deux déchetteries très fréquentées dont il serait difficile de se passer. Bientôt, les usagers de la route Tavannes – Le Fuet emprunteront un nouveau tracé qui passera en plein milieu de la décharge actuelle après qu’elle aura complétement changé d’apparence. Ce sera déjà en 2026. A force de produire des déchets, le site situé dans la forêt entre Tavannes et Le Fuet est désormais plein à ras bord. Il est plus que jamais urgent d’ouvrir de nouveaux casiers afin d’accueillir les mâchefers que produisent les centres d’incinération des ordures avec lesquels travaille Celtor, ainsi que des déchets inertes. Les ordures ménagères sont désormais toutes vouées à l’incinération et Celtor ne stocke plus que des mâchefers dont on a préalablement retiré les parties métalliques afin de les valoriser et des déchets inertes. Cela n’empêche pas les casiers de se remplir à force que les consommateurs produisent des déchets.
Un long serpent de mer
La nécessité d’agrandir Celtor est connue de longue date et c’est en 2010 déjà que le projet a débuté sous forme de différentes variantes mises à l’étude. Yann Rindlisbacher, membre de la direction du bureau ATB se souvient avec un peu d’amusement des différentes variantes qui avaient été mises sur la table afin de concilier le tracé de la route avec l’agrandissement nécessaire. « Il avait même été imaginé un viaduc, un tunnel ou un long déplacement pour aller longer la Trame, mais le projet de faire passer la route sur les casiers déjà remplis de mâchefer s’est imposé en toute logique. » Béat Gerber, directeur de Celtor ajoute que la décharge à proprement parler sera tout simplement déplacée vers le sud. « A l’emplacement actuel, il ne restera que les bâtiments administratifs, la halle de transbordement et la déchetterie. » Pour les automobilistes, les perturbations se limiteront à une courte période de fermeture du tronçon, le temps de raccorder le nouveau tracé aux deux extrémités lorsqu’il sera achevé.
Compensations
Les habitants du Fuet n’ont pas d’inquiétude à avoir. Au fur et à mesure que les futurs casiers seront ouverts, des plantations d’arbres préserveront leur vue et bien d’autres compensations écologiques sont d’ores et déjà mises en place, comme des ilots d’arbres dans des pâturages. La digue de l’étang du Châtelet tout proche a été rénovée, et le site valorisé, comme le seront encore d’autres milieux naturels de Champoz à Saicourt, afin que la nature ne soit pas perdante dans ce projet ambitieux et nécessaire. Pour le Conseil d’administration de Celtor, il était temps que les travaux démarrent tant le remplissage des casiers étanches est proche de son maximum. Le président Eric Schnyder est soulagé de pouvoir prolonger l’offre de Celtor à la population des communes adhérentes. Il ajoute que « Celtor ne cherche pas proactivement des nouvelles communes adhérentes, même si la porte n’est pas fatalement fermée. Quant à la vice-présidente Anne-Marie Kuhnen, elle précise que l’autorité supérieure a de toute manière son mot à dire dans la répartition des centres de traitement des ordures. « Cela n’empêche pas Celtor de compter déjà deux communes jurassiennes, Lajoux et Les Genevez et bientôt une troisième, puisque Moutier en fait déjà partie. » Blaise Droz