A la une

Engagés pour une bonne cause

Edition N°35 - 23 septembre 2020

Depuis 2020, l’association Sauvetage faons du Jura bernois propose un service de sauvetage gratuit aux agriculteurs de la région. En l’espace de deux mois, plus de 150 parcelles ont pu être contrôlées et 75 faons sauvés grâce au drone. L’association Sauvetage de faons du Jura bernois compte sept membres actifs, dont de gauche à droite : Gilles Eichenberger, Lise Neukomm, Raphaël Gigon et Maud Léchot. Lire en page 15. (photo Roland J. Keller)

Enorme ! Environ 2’000 faons sont blessés ou tués chaque année dans les champs helvétiques. Les agriculteurs sont encouragés à faire appel à des drones équipés de caméras pour les débusquer. Issus de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de Berne (BFH-HAFL), ces « yeux » électroniques permettent de mieux repérer ces tout petits animaux blottis dans la verdure. Pour aider à cette tâche, une jeune résidente de Malleray a fondé l’« Association sauvetage de faons du Jura bernois ».

Selon un rapport de la société Protection suisse des animaux SA, active principalement en Suisse allemande, les chiffres sont sans appel : quelque 2’000 faons – si ce n’est davantage – sont blessés, mutilés ou tués chaque année sous les lames des faucheuses agricoles dans les champs de notre pays. Évidemment, les paysans en sont tout abasourdis, car ils ne peuvent pas forcément les repérer avant d’entreprendre leur fauche. Pendant la période de mise bas, entre mai et juin, les chevrettes ont pour habitude de cacher leurs petits dans les champs afin de les protéger des prédateurs. «Le faon, inodore et bien caché par son pelage se tapit dans l’herbe et reste immobile à l’approche d’un danger. En plus d’entraîner la mort d’un jeune cervidé, l’événement est traumatisant pour l’agriculteur et pour la chevrette qui ne retrouvera plus son/ses petit(s) à son retour », souligne Lise Neukomm, présidente de l’association.

Repérage piloté

Pour remédier à ce grave problème, la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de Berne (BFH-HAFL), a mis au point il y a quatre ans une caméra thermique fixée sur un drone. Celui-ci survole en quelques minutes – grâce à un autopilote – le champ de manière systématique et transmet en temps réel les images sur un écran contrôlé par un chasseur ou un membre de l’équipe.

Sur l’écran, les sources de chaleur sont identifiées par des taches plus claires que les herbes. Ainsi, la différence de température entre la flore et le corps des faons se voit mieux. Voilà pour le principe. Cette technologie a ainsi permis par exemple à l’association Sauvetage Faons Vaud de regrouper une centaine de bénévoles (pilotes et accompagnants) pour faire face à cette situation dramatique. En 2019, 236 faons ont ainsi pu être mis à l’écart des lames des faucheuses.

75 faons sauvés dans le Jura bernois

Depuis 2020, l’association Sauvetage faons du Jura bernois propose donc un service de sauvetage gratuit aux agriculteurs de la région. En l’espace de deux mois, plus de 150 parcelles ont pu être contrôlées et 75 faons sauvés. Mais le succès est tel que, aujourd’hui, un seul drone ne suffit plus à répondre à la demande. «Actuellement, avec un drone, nous perdons énormément de temps dans les déplacements. Plusieurs engins permettraient une répartition des équipes par secteur. Ainsi, nous pourrions faire des missions en un laps de temps réduit et sauver davantage d’animaux », relève encore Lise Neukomm. Raison pour laquelle l’association a mis en ligne la plateforme de recherche de fonds (crowdfunding) Yeswefarm : «Nous comptons d’ailleurs plusieurs pilotes volontaires et formés pour la saison prochaine.»

Roland J. Keller

www.yeswefarm.ch

Depuis 2020, l’association Sauvetage faons du Jura bernois propose un service de sauvetage gratuit aux agriculteurs de la région. En l’espace de deux mois, plus de 150 parcelles ont pu être contrôlées et 75 faons sauvés grâce au drone. L’association Sauvetage de faons du Jura bernois compte sept membres actifs, dont de gauche à droite : Gilles Eichenberger, Lise Neukomm, Raphaël Gigon et Maud Léchot. Lire en page 15. (photo Roland J. Keller)