Actualités, Culture

Financement participatif lancé !

Edition N°18 – 12 mai 2021

Quartier de la verrerie/zone industrielle entre 1956 et 1965. (photo MTAH)

Une publication est en phase finale pour mettre en exergue la verrerie de Moutier, durant la période allant de 1841 à 1923. Cette importante manufacture a profondément marqué la vie prévôtoise pendant plus de 170 ans et connu une renommée internationale par son savoir-faire et la qualité de ses produits exportés dans le monde entier. Les responsables du Musée du Tour automatique et d’histoire (MTAH) cherchent actuellement des fonds pour publier cet ouvrage historique au travers d’un financement participatif.

Le site verrier de Moutier, fondé en 1841 par Auguste Célestin Chatelain, qui fut d’abord locataire de la verrerie de La Roche St-Jean (fondée en 1793), avant de construire l’usine prévôtoise et de lui donner cet essor particulier qui lui permettra de résonner dans le monde entier. Dernièrement connue sous AGC Verres industriels SA, l’entreprise mit fin à ses activités en septembre 2017, laissant plus d’une centaine de collaborateurs sans emploi et la Prévôté orpheline d’un des fleurons de son industrie. Citons juste les vitres anti-balles du pape Jean-Paul II pour n’évoquer qu’un exemple prestigieux. C’est pourquoi le MTAH ne peut se soustraire à échafauder le projet d’une publication de belle facture, rendant un hommage légitime à une partie de l’histoire de cette véritable institution prévôtoise, sous l’égide de son conservateur Stéphane Froidevaux, assisté par deux bénévoles, Martial Häberli et Michel Jobin. 

La ville marquée par sa verrerie

L’aventure humaine qui a permis la création de cette entreprise séculaire n’est pas en reste non plus et les répercussions sociales, culturelles, ethniques, architecturales, urbanistiques, voire religieuses sont encore bien présentes dans le quotidien de toute la région. De nombreuses constructions dans ce quartier où vivaient les travailleurs ont fleuri un peu partout ainsi que des magasins, épiceries ou restaurants, avant d’être démolis, à l’instar du fameux « Chalet », fief des membres de la direction ou de l’église Sainte-Marie. Une espèce de village dans le village qui ne comptait alors qu’un millier d’habitants. D’autre part, l’avènement du tour automatique à Moutier, avec Nicolas Junker et la création de la Tornos, sont une suite et un lien logique de l’essor industriel de la Prévôté créé par l’impulsion de la verrerie. D’ailleurs, des rues portent encore fièrement le nom de leurs créateurs. Le verre fabriqué en Prévôté était fait avec des matières premières issue de la région : sable vitrifiable, bois, eau, ou argile réfractaire pour fabriquer les fours et des accès routiers furent également créés. 

Un ouvrage en hommage

« Si Henri IV prétendait que Paris valait bien une messe, nous prétendons sans ambages que la verrerie de Moutier mérite que son musée d’histoire locale se penche sur un travail de reconnaissance historique sur le sujet », rigole Stéphane Froidevaux. 

Les recherches et le travail historiques du milieu du 19e siècle sont à bout portant, des illustrations inconnues du public sont répertoriées pour retranscrire l’aventure humaine qui a été à l’origine de la fondation de la verrerie et des répercussions qu’elle aura au cours de toutes ces années sur la vie régionale. Un projet qui promet d’être de belle facture pour rendre hommage à cette période bien définie et encore méconnue de Moutier qui génère le plus de préjugés et d’erreurs historiques. Ne manque plus que le financement qui se fera par une plateforme de financement participatif. Depuis le 10 mai, il faut trouver une dizaine de milliers de francs dans un délai de quarante-cinq jours. Si la somme ne peut être réunie, le projet tombera à l’eau et il faudra attendre un autre moyen de financement, ce qui ne serait pas souhaitable. Par la suite, c’est une autre étude qui sera menée, pour la période comprise entre la date de sa fondation et 1923, année cruciale à laquelle elle abandonne définitivement le bois comme combustible pour passer au gaz et au procédé de fabrication nommé Libbey-Owens, réforme technique scellant le destin de la verrerie prévôtoise dans une ère résolument moderne.

Claude Gigandet

www.museedutour.ch

Quartier de la verrerie/zone industrielle entre 1956 et 1965. (photo MTAH)