Arrivé à Court au printemps 2019, j’ai visité avec plaisir les bourgs et villages avoisinants. Avec mon accent, pas vraiment du terroir, on me demanda d’où j’arrivais: «De Court… pourquoi?», et la réponse teintée de piques parfois ironiques ou narquoises sur un ton goguenard mais toujours avec une forme interrogative: «Ah, les fous de Court?…». Comme Cyrano, héros romanesque d’Edmond Rostand, j’ai trouvé cela un peu court… et bien décidé d’en savoir plus c’est-à-dire davantage que les personnes rencontrées au hasard de mes pérégrinations. Au final, le fou de Court c’est le fou du roi comme on le nommait et l’écrivait dans l’Ancien Régime.
Le fou appartient au premier cercle des personnages ayant la confiance absolue du seigneur tout comme son barbier auquel il offre sa gorge à raser. Certains, à la Renaissance, sont rentrés dans l’histoire et en particulier Morgante, le fou de Cosme de Médicis et Triboulet, le bouffon nain à la cour de France des rois Louis XII et François 1er. A cette époque, le fou coiffé de son bonnet à oreilles d’âne dit coqueluchon est un personnage central des confréries masculines lors des défilés carnavalesques.
A Court, après discussions et recoupements avec des natifs, j’ai pu reconstituer l’histoire suivante. Lors des fondations et de la construction du nouveau temple, en 1864, il en a résulté une grande masse de gravats. On aurait alors décidé de creuser un trou pour mettre ce tout-venant hors de la vue de tous. Personnellement je n’y vois pas once de folie et, paraphrasant Erasme, je serai prêt d’écrire, à cette occasion, l’éloge du travail bien fait.