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Gain de confort pour les chauves-souris

Edition N° 14 – 16 avril 2025

Grégory Del Torchio en pleines explications sous la charpente de l’église de Chaindon. (photo bd)

En janvier dernier, une équipe de bénévoles motivés a consacré une journée pleine à la pose d’une isolation et d’un plancher dans les combles de l’église de Chaindon, au grand avantage de la paroisse et d’une colonie d’oreillards bruns, une espèce de chauves-souris remarquable autant que vulnérable et protégée. Il s’agit d’une colonie d’une cinquantaine d’individus, plutôt grande pour cette espèce.

Ni chauves ni souris, les oreillards bruns sont des chiroptères, ce groupe de mammifères dont les mains ont été transformées en ailes par l’évolution. 

Le nom chauve-souris prête à sourire et on se demande de quel esprit tortueux il a bien pu surgir, en revanche le qualificatif oreillard est parfaitement adapté à l’espèce qui niche tous les ans en s’accrochant à la sous-toiture du temple de Chaindon. En effet, cette espèce a poussé à son maximum la capacité de s’orienter et d’identifier ses proies par écholocation en se dotant de très grandes oreilles ovoïdes qui interceptent avec une étonnante précision l’échos des ultrasons qu’elle émet à l’occasion de ses chasses nocturnes.

L’oreillard brun est par nature un habitant des forêts qui profite d’arbres morts ou vieillissant pour y installer de petites colonies dans des cavités. Les forêts entretenues par l’homme offrent trop peu d’opportunités de prospérer. 

Par chance les oreillards ont su s’adapter à quelques vénérables bâtiments dont les charpentes et sous-toitures offrent des gites de substitution à la condition impérative qu’ils restent à l’abris des dérangements. Pour autant, les oreillards bruns restent une espèce  menacée, ou plus précisément vulnérable selon la classification en vigueur.

Aux yeux de nombreux humains, les chauves-souris sont parfois source de crainte voire de dégoût, comme souvent s’agissant d’espèces méconnues.

A l’opposé, elles motivent également nombre de bonnes volontés, sensibles à leur protection. Depuis des années, il existe des centres de coordination voués à l’étude et à la protection des chiroptères. Dans le Jura bernois, c’est le biologiste Valéry Uldry qui pilote la branche locale. La coordination est efficacement secondée par Chauves-souris Jura bernois que préside Grégory Del Torchio. Nullement concurrentes mais parfaitement complémentaires, les deux organisations se sont alliées afin de faire de l’église de Chaindon un endroit encore plus remarquable pour assurer la pérennité des oreillards bruns.

« C’est un grand plaisir d’inaugurer ce plancher rénové qui répondra à trois besoins essentiels », a indiqué Grégory Del Torchio le mardi 4 avril en présence d’un important panel d’invités représentant la paroisse réformée de Haute-Birse, des représentants des communes et du monde politique, de même que des milieux de protection de la nature.

Trois rôles essentiels
Ces trois besoins sont la protection des jeunes chauves-souris qui ne seront plus piégées comme auparavant dans l’ancien plancher, l’amélioration de l’isolation thermique du lieu de culte sis en dessous, grâce à une nouvelle isolation et enfin la facilitation du nettoyage périodique des crottes (guano) des chauves-souris. « Il va sans dire que ce plancher ne servira pas à organiser des activités dans les combles, qui devront rester entièrement à l’abris des perturbations durant toute la saison de reproduction », a encore précisé Grégory Del Torchio.

Après la visite des combles (les chauves-souris ne se sont pas encore réinstallées), les participants ont eu la chance de suivre les passionnantes explications de Valéry Uldry sur les chauves-souris de Suisse et du monde entier, puis de se faire offrir un délicieux apéritif dînatoire, afin d’acter définitivement l’inauguration de ce plancher sous combles pas comme les autres. Blaise Droz

Grégory Del Torchio en pleines explications sous la charpente de l’église de Chaindon. (photo bd)