A la une, Actualités, Culture

Grande première au Cinoche!

Edition N°26 - 1er juillet 2020

En grande première, le Cinoche a projeté vendredi dernier le film «Les héros du tour» de Bertrand Theubet (réalisateur) et Jean-Marie Gindraux (producteur). En présence de Pascal Crittin, directeur de la RTS, de l’équipe du film, des acteurs, des invités politiques et du public, ce documentaire a suscité beaucoup d’émotion. Teinté d’humour, le film valorise sans détour la passion de six retraités au diapason du décolletage d’autrefois.

«Ces types sont formidables, ils s’expriment bien, ils savent de quoi ils parlent et ils sont passionnés. Je me suis dit : on doit leur donner la parole !» Ils ? Ce sont les six retraités du Musée du tour automatique et d’histoire de Moutier (MTAH) qui ont séduit Bertrand Theubet pour monter un film dédié à leur histoire et à leur passion pour la mécanique de précision et du décolletage. Du coup, l’équipe de Jean-Marie Gindraux, producteur, s’est mise au turbin il y a deux ans pour tourner les premières scènes au SIAMS 2018, le salon des moyens de production microtechniques. Au début, cela n’a pas été évident aux retraités de se mettre dans la peau d’acteurs, mais ils ont tellement bien joué leur rôle avec naturel et simplicité qu’ils ont réussi à émouvoir le public invité dans la salle du Cinoche. «Je dois dire que j’ai lâché quelques larmes au vu de ces émouvantes séquences», a avoué Francis Koller, président du Conseil de fondation du MTAH.

Septante heures de tournage

Le film, d’une durée de 1h30’, a nécessité le tournage d’une septantaine d’heures. Il retrace le cheminement de la rénovation d’une décolleteuse, du dépoussiérage jusqu’à la phase finale. Le tout ponctué entre autres d’anecdotes humoristiques et de prises de vues cocasses (notamment aériennes), dont les usines Tornos et son ex-centre d’apprentissage (CPT), aujourd’hui Forum de l’Arc, Bechler et Pétermann, ainsi que des vues historiques de la vie en ville de Moutier dans les années cinquante-soixante. Mais cette œuvre est aussi une sorte de fresque humaine. «J’ai complètement été séduit par les gens. Ces six copains ont tellement d’amitié entre eux et d’amour pour les machines, que le film en devient très attachant. C’est impressionnant, ces six héros crèvent l’écran !», a confié Pascal Crittin, venu tout spécialement à Moutier pour assister à cette «première». Le directeur de la RTS a aussi été impressionné par des jeunes fascinés du savoir-faire des retraités : «A un certain moment, j’ai presque eu envie de me lancer dans ce métier.»

Les sages paroles de ces «messieurs héros»

La finesse du film est telle que Bertrand Theubet à réussi à toucher nos émotions. «C’est beaucoup dû au rôle du montage», estime Jean-Marie Gindraux. «C’est vrai. On a d’abord commencé à travailler sur les interviews pour construire les récits, puis déterminé les différents thèmes afin de définir les scènes. Mais ce sont les sages paroles de ces messieurs héros qui étaient la base de notre réflexion», soulignent Janine Waeber et Mykyta Kryosheiev, deux as du montage. Mais un bon film ne serait rien sans l’œil avisé de l’opérateur des prises de vues. «Comme j’avais une caméra de service sans mon viseur habituel, je me suis souvent davantage concentré à la mise au point de l’objectif plutôt que du sujet à filmer», explique Nicolas Chèvre, le caméraman de l’équipe.

N’empêche, il s’en est donné à cœur joie au long de la production, tout comme le reste du team qui nous a gâtés de prises de vues saisissantes et plongeantes, de la vallée de la Prévôté aux pièces décolletées.

Roland J. Keller

 

Sur la RTS en fin d’année

La programmation du film dans les salles obscures n’a pas encore été établie à l’heure où nous écrivons ces lignes. Toutefois, une diffusion est prévue à la fin de l’année sur les antennes et les «player» de la RTS. Nous reviendrons en détail sur ces sorties ainsi que sur l’histoire des «Héros du tour», dans une future édition.

Les six héros, de gauche à droite : Jurg Kummer (ingénieur), Walter Hürlimann (mécanicien de précision), Michel Jobin (dessinateur/archiviste), Martial Häberli (mécanicien de précision/archiviste), Jean Louis Schlup (mécanicien de précision), Georges Monnier (décolleteur) et, accroupi, Bertrand Theubet, le réalisateur.

(rke)