Culture

Jean-René Moeschler et Entre femmes

Edition N°11 - 18 mars 2020

Jean-René Moeschler sera l’invité du Musée jurassien des Arts et de la Galerie du Passage jusqu’au 17 mai. (photo cg)

On ne présente plus Jean-René Moeschler, peintre et graveur qui gravite depuis de longues années dans les milieux culturels régionaux, notamment ce qui touche à l’art pictural. Auteur de plusieurs œuvres monumentales, il expose au Musée jurassien des Arts ainsi qu’à la Galerie du Passage des grands formats retraçant vingt ans de carrière, jusqu’au 17 mai. Il définit son œuvre comme des tracés furtifs mais construits, avec formes et couleurs, formes et fonds ou formes et contenus, avec comme partenaire l’œil du spectateur. En parallèle, une autre expo intitulée Entre femmes présente des œuvres d’une vingtaine de femmes tirées de la collection du musée, jusqu’au 8 novembre. 

Bientôt septuagénaire, Jean-René Moeschler, né à Tavannes, peintre indépendant depuis une trentaine d’années après avoir été enseignant, est un artiste prolifique. Il a réalisé des œuvres monumentales dans toute la région. Membre de Visarte, il a exposé dans les galeries de la contrée ou collectivement hors de nos frontières. Certaines de ses œuvres figurent en outre dans un certain nombre de collections publiques. Lauréat de plusieurs prix et bourses, il a été et est aussi membre de diverses commissions culturelles et d’art.

Vingt ans de création

Au fil de vingt ans de créations présentés dans cette exposition, Jean-René Moeschler invite le regard des visiteurs à cheminer dans ses labyrinthes picturaux. Lors de différentes phases, cet artiste actuellement domicilié à Malleray, n’a eu de cesse d’animer l’espace de ses toiles en faisant contraster l’aérien et le solide, le fluide et le rigide ou encore en perturbant les rôles de la ligne et du fond. Il cherche à traduire librement sa perception émotionnelle du réel. C’est l’univers végétal qui occupe une place de choix durant ces vingt ans de création, réalisés dans son atelier prévôtois et qui témoigne de l’évolution de l’artiste. 

Quatre périodes

Jean-René Moeschler s’interroge sans cesse sur son langage pictural qui évolue et qu’il remet en question, voire à «réinventer la peinture» selon ses dires. Vers 2000-2003, il anime ses compositions par la sinuosité et la continuité des volutes, inspiré par la ferronnerie Art nouveau d’entrées de métro parisien. Puis ce sera sa période architecturale, plus carrée, jusqu’en 2013 qui souligne ainsi la distance entre la réalité plane de la toile et les artifices de l’illusion picturale de volume ou de profondeur. Plus récemment de 2016 à 2018, sa fluidité végétale, reflète un univers fluide des plantes, stabilisé par les droites de tiges ou de branches. Jean-René Moeschler opte pour une nouvelle simplification de son langage: des motifs linéaires et stylisés se détachant sur des fonds monochrome. Avec ses dernières œuvres nommées Echos sylvestres, il revient à la diversité des couleurs. Si la sinuosité, le rythme, le mouvement restent centraux, le peintre se tourne vers l’univers sylvestre plutôt que vers le feuillage et les fleurs qui caractérisent sa phase précédente. Enfin, dans ses toutes dernières toiles, l’artiste revisite son dialogue entre dessin linéaire et strates de teintes superposées. «Un écho à la complexité de l’univers des forêts fait de mousses, d’arbres vivants ou morts, dans une variété de sons et d’odeurs» précise-t-il. A voir au Musée jurassien des Arts de Moutier jusqu’au 17 mai.

Et parallèlement, à la Galerie du Passage, Jean-René Moeschler montrera une autre facette de son travail en exposant vingt-deux œuvres sur papier de diverses techniques avec les thèmes qui lui sont chers.

Pendant l’expo

Deux visites commentées auront lieu les 25 et 29 mars à 18h30, pour tout public. Le vendredi 3 avril c’est Ovale trio qui sera en concert au musée, composé de Michel Zbinden et Baptiste Grand au marimba et vibraphone ainsi que de Mathieu Schneider à la flûte. Le jeudi 14 mai, une performance de la compagnie TDU présentera Am i in the picture? Un spectacle qui souhaite interroger notre regard sur le corps féminin, en relation avec l’expo Entre femmes qui se déroule simultanément avec celle de Moeschler. 

Entre femmes

L’histoire de l’art se décline encore trop souvent au masculin. C’est fort de cette maxime que les responsables du musée, Valentine Reymond et Valérie Studer ont voulu présenter une expo avec des travaux sélectionnés qui ont été réalisés uniquement par des artistes femmes, tirées de la collection du musée. Le corps, la nudité, la nature, le paysage, l’étrange et l’autre sont observés d’après un regard exclusivement féminin. Ces différents thèmes sont mis en situation dans trois salles du musée au 2e étage. Les artistes sont: Shauna Angel Blue, Jeanne Chevalier, Judith Eckert, Marguerite Frey-Surbek, Mireille Henry, Katrin Hotz, Sabine Huber, Alice Jaquet, Astrid Jordi, Brigitte Jost, Daniela Keiser, Pascale Lefebvre, Marinka Limat, Sylvie Meier-Neuhaus, Romana del Negro, Anouk Richard, Julie Schätzle, Sabine Weiss, Cécile Wick, Irène Zurkinden. Jusqu’au 8 novembre.

Visites commentées: mercredi 6 mai à 18h30 et dimanche 20 septembre à 16h. A noter encore que la situation sanitaire a eu raison des vernissages de ces expos et que les diverses animation prévues auront lieu si la situation le permet. 

Claude Gigandet

www.musee-moutier.ch 

Jean-René Moeschler sera l’invité du Musée jurassien des Arts et de la Galerie du Passage jusqu’au 17 mai. (photo cg)