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«J’espère qu’on en fasse trop!»

Edition N°13 - 1er avril 2020

Pierre Alain Schnegg: «C’est très difficile d’être à la manœuvre quand on ne peut pas s’appuyer sur des certitudes.»

Directeur de la santé, des affaires sociales et de l’intégration, le conseiller d’Etat Pierre Alain Schnegg se trouve en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire. «On en fait peut-être trop, peut-être pas assez, mais j’espère qu’on en fasse trop», confie-t-il. Il remercie et félicite tous les travailleurs qui sont sur le pont durant cette période troublée tout en saluant le formidable élan de solidarité qui a éclaté au grand jour depuis le début d’une crise qui est encore loin d’avoir atteint son pic dans le canton de Berne. 

Déjà passablement lourd en situation régulière, le poids des responsabilités s’est encore accentué sur les épaules de Pierre Alain Schnegg qui est appelé à prendre des décisions lourdes de conséquences: «C’est vraiment une situation très dure à gérer. Il faut agir vite tout en sachant que la décision prise un jour ne sera déjà peut-être plus valable le lendemain. L’ennui dans tout ça, c’est qu’on ne connaît finalement pas grand-chose de ce virus et c’est très difficile d’être à la manœuvre quand on ne peut pas s’appuyer sur des certitudes. On en fait peut-être trop, peut-être pas assez, mais j’espère qu’on en fasse trop.» 

La douleur des dégâts humains 

Pour Pierre Alain Schnegg, cette épreuve va encore durer longtemps et «c’est seulement lorsque le moment de tirer le bilan sera venu que nous saurons si nous avons pris les bonnes décisions ou pas», explique-t-il. C’est la mort dans l’âme que le citoyen de Champoz a dû prendre des mesures drastiques, notamment dans les homes, les hôpitaux et les structures pour personnes handicapées en interdisant les visites, par exemple: «De telles décisions peuvent susciter une grande incompréhension auprès des personnes concernées et j’en suis le premier conscient, mais si aucune mesure n’est prise et que tout un home se trouve infecté, la situation serait alors tout simplement dramatique.» 

Solidaire avec les autres cantons

Pierre Alain Schnegg remercie et félicite tous les travailleurs qui sont sur le pont, du personnel de la santé aux caissières des magasins en passant par les ramasseurs des ordures, les transporteurs de marchandises, les membres du corps enseignant, des crèches, etc. Pierre Alain Schnegg constate que la population a pleinement pris conscience de la gravité de la situation et salue cette responsabilisation: «Même à Berne, les rues sont désertes. Je n’ai pas le moindre risque de me retrouver dans une file d’attente en allant acheter mon sandwich», signale-t-il. Avant d’atteindre le pic qui est encore loin d’être atteint, le milieu hospitalier bernois n’hésite pas à se montrer solidaire avec les cantons qui ont besoin d’une aide urgente: «Il n’y a évidemment pas de frontière pour avoir accès à nos lits que nous mettons à disposition dans la mesure de nos possibilités.» 

Pour l’heure, le canton de Berne ne connaît pas la même explosion de cas de contagion que dans certains autres cantons, mais la maladie se propage rapidement et toutes les mesures sont prises pour pouvoir accueillir les personnes malades du COVID-19 dans les meilleures conditions possibles. 

«J’espère que les mesures prises par le Conseil fédéral porteront rapidement leurs fruits, mais c’est uniquement au moment où l’on connaîtra une chute drastique du nombre des nouvelles infections et que le virus ne sera plus actif qu’on pourra envisager de lever les mesures de confinement», relève Pierre Alain Schnegg.

Jusqu’ici, le canton de Berne s’est toujours aligné aux mesures du Conseil fédéral, contrairement à certains cantons qui sont allés plus loin: «Je comprends parfaitement les cantons qui prennent leurs responsabilités, mais ce besoin-là ne s’est pas avéré nécessaire jusqu’à ce jour dans notre canton. Vous savez, je pense qu’il est important de suivre le message du Conseil fédéral pour ne pas rendre les choses encore plus incompréhensibles qu’elles ne le sont déjà.» Optimiste de nature, Pierre Alain Schnegg reste confiant: «Je décèle notamment un signe d’espoir au niveau de la créativité des gens. Cela dit, il faut bien être conscient qu’on ne sortira pas identique de cette crise violente. Elle entraînera des changements profonds dans nos relations, mais également dans le monde industriel. On va probablement assister à un retour à nos valeurs de base, mises de côté par les gens de ma génération.»

Olivier Odiet 

Pierre Alain Schnegg: «C’est très difficile d’être à la manœuvre quand on ne peut pas s’appuyer sur des certitudes.»