– Giulia, comment se déroule la sélection de tous les travaux que les étudiants doivent défendre devant un panel d’experts lors de la finale?
– On envoie notre travail de maturité, qui est analysé une première fois pour être sélectionné ou non. Puis il y a une autre sélection des travaux par région linguistique. Les travaux gardés par les experts sont habilités à aller en finale.
– Pourquoi avez-vous choisi ce thème lié à la politique?
– C’est venu tout à fait par hasard. Nous échangeons beaucoup au sein de notre famille, et un jour j’ai demandé à ma grande sœur, qui a déjà présenté un travail de maturité, pourquoi elle ne vote pas forcément tout le temps. Une discussion s’est engagée, et c’est là que l’idée m’est venue d’étudier le sujet dans le cadre de mon travail final de maturité. Pourquoi certains jeunes votent, et d’autres pas, et qui sont ceux qui votent ? En un mot, comment les jeunes de 18 à 25 ans se situent-ils face à la politique ? La problématique principale était de savoir ce qui influence les jeunes à passer aux urnes, sans oublier les votations concernant l’appartenance cantonale de Moutier.
– Et à partir de là, quelle a été votre démarche?
– J’ai commencé par poser des questions à trois politiciens prévôtois de trois partis différents. Sur la base de leurs réponses, j’ai créé un questionnaire destiné aux jeunes, que j’ai distribué au sein de mon gymnase à Bienne et transmis aussi à la commune de Moutier, afin qu’ils publient dans leur revue d’information des explications avec un code QR (ndlr : un code-barres pouvant être scanné par un smartphone afin de recevoir ou envoyer des informations).
– Quel genre de questions avez-vous posées aux trois politiciens?
– Je voulais savoir s’ils pensaient que les jeunes s’intéressent à la politique ou non, et pourquoi. Et aussi ce que font leurs partis pour que les jeunes générations rejoignent leur parti. Ils m’ont expliqué que les Français, par exemple, utilisent souvent les réseaux sociaux à cet effet : le politicien français se met beaucoup plus en scène que le politicien suisse.
– Est-ce que les politiciens suisses comprennent que les réseaux sociaux sont le moyen numéro 1 de communiquer au sein des jeunes générations, et donc d’entrer en contact avec elles?
– Oui, les politiciens ont compris l’impact des réseaux sociaux, mais ils les utilisent encore trop rarement. Lorsque les nouvelles générations remplaceront les anciennes, il y aura certainement un changement à ce niveau-là.
– Pouvez-vous faire un portrait général des jeunes – par rapport à la politique – qui ont répondu à votre questionnaire?
– D’abord il faut noter que dans cette tranche des 18 à 25 ans, les plus âgés se sont davantage manifestés que les autres. J’ai aussi remarqué que plus le degré d’éducation à la citoyenneté est élevé, et plus les jeunes se rendent aux urnes. La tendance globale est que la plupart votent ; mais lorsque ceux-là ne votent pas, c’est par manque d’information suffisante. C’est là où l’on comprend aussi l’absence d’éducation à la citoyenneté. Oui, certains partis organisent des soirées d’information destinées aux jeunes, mais en fin de compte celles-ci ne touchent qu’une très petite partie de la population. Parmi ceux qui ont envie de voter mais ne le font pas, c’est parce qu’ils craignent de « faire faux », c’est à dire de « voter faux » sur tel ou tel sujet. Propos recueillis par Pablo Davila