C’est grâce à une préparation minutieuse et intensive que Kim Schaffter (29 ans) a enfin récolté les fruits de son inlassable labeur en décrochant le titre de vice-champion de Suisse de motocross dans la catégorie 450 MX Open derrière le Belge Nick Triest. Une performance de choix qui pourrait bien lui servir de tremplin pour obtenir le titre suprême à courte ou moyenne échéance. « C’est effectivement un souhait qui me trotte dans la tête ! », s’exclame le pilote de Court, jamais rassasié.
Jusqu’ici, Kim Schaffter avait toujours été privé de dessert. La faute à qui ? Difficile à dire. Cette grosse frustration est probablement imputable à un mix entre ses départs ratés et un manque de réussite. Qu’importe finalement. L’essentiel, c’est d’avoir enfin pu vaincre le signe indien cette année avec un titre de vice-champion de suisse de motocross (450 MX Open) en poche. En raison du coronavirus, le championnat s’est disputé sur 5 courses au lieu de 9. C’est lors de la finale qui s’est déroulée à Arcey (F) que Kim Schaffter a sorti le tout grand jeu. Vainqueur au cumul des deux manches (4e et 2e), il s’est retrouvé propulsé à la 2e place du classement général final derrière le Belge Nick Triest. « J’ai enfin pu me lâcher au départ. C’est l’élément qui m’a permis de terminer le championnat en beauté », confie-t-il. « Il y a dix ans, j’avais déjà obtenu un titre de vice-champion de Suisse en juniors, mais chez les Elites, j’ai toujours eu de la peine à tirer mon épingle du jeu », poursuit-il. Après avoir aiguisé ses armes en 250, Kim Schaffter évolue dans la catégorie 450 depuis 2012.
Les conseils de Pourcel
Si son éclosion n’est pas survenue rapidement, c’est en raison de différents facteurs dont des petits soucis de santé et le décès de deux amis proches. Dans ces conditions, ce n’est pas évident d’exploiter le 100 % de son potentiel. De manière à mettre tous les atouts de son côté, le Courtisan a jeté son dévolu sur l’entraîneur Christophe Pourcel, ancien pilote de MXGP et de Supercross US. « J’ai suivi un stage chez lui près de Marseille et ses conseils se sont avérés très précieux », relève Kim Schaffter. « Je tiens également à remercier mon patron pour sa flexibilité. Je bénéficie d’un horaire spécial, ce qui me permet de m’entraîner pratiquement tous les jours. Il n’y a pas de miracle, la seule manière de progresser, c’est de travailler fort, très fort même. » Kim Schaffter n’est pas un adepte des salles de sport. Il préfère s’entraîner à l’air pur en pratiquant le vélo, la course à pied ou la natation.
La tête et les jambes
La possibilité de rouler en Suisse étant plutôt restreinte pour se préparer, ce mécanicien sur machines de jardin se rend régulièrement en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Corse ou en Sardaigne pour bénéficier de conditions optimales. « A ce niveau-là de compétition, il devient difficile de grappiller des secondes. Je suis toutefois conscient qu’il me reste une belle marge de progression au niveau technique et j’axe mes entraînements en conséquence. » Kim Schaffter n’est pas un pilote téméraire. Il mesure les risques et roule proprement sans jamais privilégier la fameuse formule chère aux kamikazes « ça passe ou ça casse ! ».
De Roggenburg à la Gruyère
Son budget pour une saison de motocross oscille entre 50’000.- et 60’000.- francs. La partie sponsoring ne suffisant pas à couvrir les frais, c’est lui qui met la main au porte-monnaie avec un coup de pouce de son père Francis – « Fanfan » pour les intimes – qui coiffe également la casquette de mécanicien pour préparer la moto, mais aussi en course. Il épaule le mécano officiel Sandro Hofstetter. Kim Schaffter est particulièrement gâté sur le plan du matériel, son Team Kawasaki Motec lui mettant à disposition ce que l’on fait de mieux en la matière. Après avoir défendu les couleurs du Moto-Club Roggenburg durant de nombreuses années, ce champion qui pratique la compétition depuis l’âge de six ans a décidé de garnir les rangs du Moto-Club de la Gruyère pour la simple et bonne raison que son ancien club axe ses activités sur le sidecar. Jusqu’à ce jour, Kim Schaffter se déplaçait toujours avec un petit bus et dormait dans des hôtels. Dès la saison prochaine, il avalera des kilomètres en prenant place dans un bus plus spacieux dans lequel le pilote Kawasaki aménagera un espace pour dormir. Ne laissant jamais rien au hasard, l’athlète de Court est très strict au niveau de l’alimentation : « Il est primordial de trouver un bon équilibre alimentaire. Je me permets parfois un petit écart pour me faire plaisir, mais c’est plutôt rare. » Réputé pour son sens du sacrifice et de l’effort, le dauphin de Nick Triest semble cette fois bien armé pour aller chercher un sacre qui commence à le titiller sérieusement. Quitte à se montrer patient…
Olivier Odiet