Explosion de joie à l’annonce des résultats dimanche à 18 h sur la Place de la Gare où quelque 2500 personnes étaient réunies : par 2114 voix contre 1740, Moutier a choisi de rejoindre le canton du Jura. De son côté, le comité « Moutier Ville Jurassienne » qui a mené la campagne, savoure la victoire du oui mais insiste sur la nécessité de réconcilier les deux camps.
Avec 374 voix d’écart en faveur du oui, la victoire des pro-jurassiens est encore plus éclatante le 28 mars 2021 que le 18 juin 2017 (137 voix d’avance). Belle revanche, après l’annulation de ce premier vote et l’obligation de le répéter. Pour le reste, ce dimanche après-midi ressemble furieusement à celui d’il y a quatre ans : un soleil lumineux, une foule de plus en plus dense, tous âges confondus, qui envahit la Place de la Gare et les quais, les amis qui se retrouvent, les drapeaux jurassiens qui flottent… Seuls les masques (et pas toujours) nous rappellent que nous sommes en pleine pandémie. Autre différence aussi : une inquiétude plus palpable avant la proclamation des résultats. A l’annonce de la victoire, la joie éclate d’autant plus fort, à grand renfort de pétards et de fumigènes. On entonne la Rauracienne, les amis se tombent dans les bras, on scande à tue-tête : « Plus jamais Moutier bernois ! » Puis la foule converge en masse vers l’Hôtel de Ville pour poursuivre la fête, alors que le comité de « Moutier Ville Jurassienne » organise un point presse en présence d’une nuée de journalistes.
Victoire définitive et réconciliation
« Le oui du 28 mars est suffisamment important pour empêcher toute contestation. Il met fin à la Question jurassienne à Moutier », déclare Cédric Erard, directeur de campagne de « Moutier Ville Jurassienne ». Il ajoute : « Nous appelons à la modération des vainqueurs face à leurs adversaires. Les jeux sont faits. Une page est tournée, une autre, blanche, est ouverte. Nous l’écrirons ensemble. » Même discours du côté de Mylène Jolidon, porte-parole de « Moutier Ville Jurassienne » qui relève que la campagne s’est faite sans menaces de violences physiques ou de déprédation des biens, ce qui est tout à l’honneur des deux camps. Elle considère donc que les conditions sont réunies pour procéder à la réconciliation : « Nous appartenons à une même ville, à une même région et à un même pays, pour rejoindre bientôt un autre et même canton. Dès lors, la tâche qui nous attend pour la construction du Moutier de demain ne saurait être contrariée par l’esprit de vengeance ou des règlements de compte. »
Un poids politique accru
Même son de cloche de la part de l’autre porte-parole, Laurent Coste qui souligne que le l’union des forces est nécessaire pour assurer une transition paisible, active et prospective vers le transfert cantonal de Moutier dans le canton du Jura. Il rappelle aussi qu’à son entrée dans le nouveau canton, Moutier élira sept députés sur soixante au Parlement jurassien : « Ces députés, au sein de leurs familles politiques respectives y représenteront une force considérable. Cette élection éveillera des vocations, y compris chez nos adversaires d’aujourd’hui. »
Une date historique
Le mot de la fin revient au directeur de campagne Cédric Erard : « Ce 28 mars 2021 marquera les esprits pour longtemps. Aboutissement d’une longue lutte pour l’autodétermination communale, la décision prise par le corps électoral prévôtois est d’ores et déjà inscrit parmi les événements majeurs du XXIe siècle de l’histoire du Jura. Vive Moutier ville jurassienne ! Vive le Jura ! »
Claudine Assad
