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La fin d’une riche et longue histoire

Edition N°23 – 15 juin 2022

Marquée par les discours de sept orateurs, la cérémonie s’est tenue dans une ambiance bon enfant. (photo pn)

Vendredi dernier une centaine d’invités dont Pierre Alain Schnegg, conseiller d’Etat bernois et Jacques Gerber, ministre jurassien, participaient à une cérémonie d’adieu où passé et avenir s’entrecroisaient, moment charnière et de transition avec le déménagement de la clinique de Bellelay à Moutier d’ici la fin du mois. Président du conseil d’administration de l’Hôpital du Jura bernois, Anthony Picard a tenu le rôle de maître de cérémonie. 

Pas moins de sept orateurs se sont succédé pour évoquer Bellelay, son ancienne, longue et riche histoire du temps des chanoines des Prémontrés, mais également un témoin plus récent de l’évolution des soins en santé mentale longue de plus de 123 ans.

L’hôpital de Bellelay dépendance de celui de Waldau a accueilli ses premiers patients en 1899. Ce lieu calme, longtemps considéré comme propice au service de la santé mentale, n’est plus approprié à l’évolution des soins prodigués aujourd’hui.

Le pôle santé mentale de l’hôpital déjà établi en divers lieux répartis dans l’ensemble du Jura bernois et Bienne déménage actuellement ses soixante patients et ses cent vingt collaborateurs sans qui rien ne serait possible relève Dominique Sartori, directeur du pôle santé mentale. Ce dernier tient à rendre hommage à tous ceux qui ont fait vivre ces lieux, qui ont servi et servent encore au mieux-être des patients.

Une longue histoire aux multiples facettes

La présence des chanoines de l’ordre des Prémontrés aux confins de l’ancien Evêché de Bâle pendant plus de six siècles, succinctement évoquée par Pierre-Yves Moeschler, président de la Fondation de Bellelay, ne devait rien au hasard.

Implanté en bordure de la principale voie routière reliant Bienne à Bâle, le monastère répondait aux besoins stratégiques de l’évêque. L’abbatiale et les bâtiments attenants sont les témoins de la richesse de l’ancienne abbaye, une entité certes religieuse, mais aussi une entreprise au poids économique important pour l’époque. Suite au départ des religieux en 1797, l’abbatiale, contrairement au monastère, a failli disparaître. 

C’est au milieu du 20e siècle qu’elle a été rénovée et sert depuis de lieu culturel. « Un lieu désacralisé et laïc, une laïcité garantie d’un lieu de rencontre ouvert à tous », selon Pierre-Yves Moeschler. « Un endroit où pourraient être conservées les archives de l’hôpital », a-t-il conclu.

L’évolution de la psychiatrie

Le docteur Juan Pablo Lucchelli, médecin chef au sein du service stationnaire du pôle santé mentale a mis en parallèle les débuts de la psychiatrie, la révolution française de 1789 et sa déclaration des droits de l’homme, qui paradoxalement a conduit à des discriminations diverses et entre autres à celle entre « les fous » et « les « non fous ». Les premiers médecins catégorisaient et classifiaient les différentes pathologies et faisaient pour certains la démonstration de leurs savoirs et pratiques, tel le célèbre neurologue Charcot à l’origine de l’Ecole de la Salpêtrière à Paris.

De nos jours, la médecine en santé mentale participe à une sorte de démocratisation des troubles. 

Le patient est au centre de son intérêt, le médecin apprend de lui.

« La santé mentale n’est plus séparée du corps. C’est une des raisons du déplacement de la clinique de Bellelay à Moutier. Soins du corps et santé mentale sont tributaires l’un de l’autre. Les synergies possibles à Moutier devraient favoriser des soins plus appropriés à restaurer des esprits sains dans un corps sain », a relevé Alain Kenfak, directeur médical de l’Hôpital du Jura bernois.

Les points de vue politiques et économiques

Pierre Alain Schnegg se dit heureux d’avoir pu contribuer à l’organisation des soins intégrés, orientés vers la patientèle. L’ensemble des prestations et des emplois pourront être repris à Moutier et renforceront le site hospitalier de la ville. Il a adressé ses remerciements au personnel soignant et leur a souhaité une bonne intégration et leur participation à une nouvelle page d’histoire qui s’ouvre à Moutier. Il fait confiance aux différents acteurs ayant à cœur d’insuffler un vent de renouveau à Bellelay dans ces imposants et magnifiques bâtiments dont une partie des dépendances sont appelées à accueillir des réfugiés ukrainiens dans un premier temps.

Raymond Loretan, président de Swiss Medical Network et administrateur de l’Hôpital du Jura bernois se dit lui aussi heureux de pouvoir contribuer à ce magnifique projet de pôle santé mentale. Un projet qui doit rester intercantonal, une création de soins intégrés qui s’inscrit dans une logique de réseau qui, il l’espère, récompensera les efforts d’intégration de tous et de la population de Moutier.

Patrice Neuenschwander

Marquée par les discours de sept orateurs, la cérémonie s’est tenue dans une ambiance bon enfant. (photo pn)