Persévérant et curieux dans le sens noble du terme, Pierre-Alexandre Stucki envisage son avenir professionnel dans le développement d’activités commerciales basées sur l’expertise et la restauration de montres anciennes dans son propre atelier installé dans les locaux du magasin familial situé au cœur de la Prévôté.
Pierre-Alexandre, 25 ans, est le benjamin de la fratrie qu’il compose avec Aurélie et Charles-Edouard, progéniture de Liliane (Lily), antiquaire et Bernard (Ben) Stucki, notaire à Moutier. Ils dirigent le magasin éponyme d’Antiquités inauguré en 2016 et ainsi, Pierre-Alexandre et son frère aîné ont toujours baigné parmi les objets d’art, les tableaux, les meubles anciens, les armes de collection et aussi les chefs-d’œuvre de l’horlogerie. Il est diplômé de l’Ecole de Commerce de Bienne (CFC) et travaillera durant un an au Département des Constructions à Moutier pour se rendre à l’évidence : le travail derrière un écran n’est pas fait pour lui ! La passion des objets d’art instillée par son père sera la plus forte. C’est décidé, il va réorienter sa formation et, partant, sa carrière en devenir ! Il va ainsi suivre un cycle de quatre ans au sein de la renommée Ecole d’Horlogerie de Porrentruy dont l’excellence est reconnue même au-delà de nos frontières nationales. Après un cycle de trois années, l’élève se dirige vers la production soit la fabrication de montres modernes. Pierre-Alexandre fait montre de persévérance avec cette quatrième année d’étude qui lui confère le titre et le diplôme d’horloger-rhabilleur. C’est toucher au Graal pour un jeune curieux, qui va ainsi pouvoir s’occuper des garde-temps anciens, les restaurer et souvent selon ses propres paroles, leur donner une seconde vie, une seconde chance.
Rencontres fécondes avec des modèles inspirants
Durant son cycle de formation à Porrentruy, Pierre-Alexandre va rencontrer des enseignants qui seront de fécondes rencontres, des modèles inspirants tels Laurent Barotte, pendulier, Christian Etienne, horloger-rhabilleur, établis tous deux à Porrentruy. Outre l’aspect purement technique, le client qui apporte une montre recevra aussi un apport pédagogique et pourra ainsi dialoguer avec le spécialiste en assistant à l’ouverture du boîtier. Cette approche clinique est, par analogie, celle du chirurgien qui explique, commente avec son patient avant de procéder à une intervention délicate. Dès lors, pas une minute à perdre ! Il installe au sein du magasin familial, situé à Moutier, son propre atelier en devenir avec l’outillage nécessaire, les stocks de pièces et bientôt un catalogue de 400 montres révisées ou en cours de révision. On peut cependant s’interroger sur le bien-fondé de développer des activités commerciales basées sur l’expertise et la restauration de montres anciennes. Il est vrai que le commerce des « antiquités » n’est plus au mieux de sa forme.
Lancer des projets innovants pour tracer sa voie avec succès
Le monde actuel change continuellement et l’immobilité, voir l’immobilisme tue. Seuls ceux qui ont un vrai projet innovant vont pouvoir tracer leur propre sillon, leur propre voie avec succès. Le secteur de l’horlogerie et, essentiellement celui consacré aux montres mécaniques, va continuer à avoir une forte demande sur le marché local mais aussi mondial. Pierre-Alexandre l’a compris en recherchant notamment des modèles de manufactures locales aujourd’hui disparues. Il faut aussi privilégier le haut de gamme, le dessous du panier étant condamné, entre autres, par l’essor des montres connectées. Nous avons tous, au fond de tiroirs peu explorés, des montres héritées, reçues à une occasion particulière et qui mériteraient une expertise, un dépoussiérage voire une complète révision. Avec le retour du printemps, c’est l’occasion de procéder à des nettoyages, à des rangements en prévision de rencontrer notre jeune ami dans son atelier. Il attend, de la part de ses aînés, la matière à travailler pour créer, à terme, sa propre entreprise et participer, d’ici quelques années, à la Bourse Horlogère de La Chaux-de-Fonds.
Pierre Chevrier