«Le bilinguisme est un éternel combat»
Source d’enrichissement intarissable, le bilinguisme à Biel/Bienne est inscrit au nombre des traditions vivantes de la Suisse depuis 2013. Chaque jour, les Biennoises et les Biennois se nourrissent de cette spécificité sur une place de jeu, sur les bancs d’école, au travail, au magasin, au sport, durant les loisirs ou encore au restaurant. En clair, le français et l’allemand sont placés sur un pied d’égalité, les deux groupes linguistiques acceptant et respectant la langue de l’autre. Créée à Bienne en 1996, la fondation Forum du bilinguisme s’occupe de toutes les questions qui ont trait à la cohabitation entre les différents groupes linguistiques. La fondation distingue également les institutions et entreprises qui sont actives dans le bilinguisme.
Les petites et moyennes entreprises ainsi que les commerces de détail peuvent signaler leur communication bilingue à leur clientèle au moyen de l’autocollant « Ici c’est BIELINGUE ». En 2024, l’équipe du Forum du bilinguisme s’est vu décerner le Prix du Fédéralisme remis par la Fondation ch.
« Le Forum du bilinguisme effectue un travail exceptionnel, qui a dépassé les frontières de Bienne depuis longtemps. A travers des projets extrêmement variés, il cible un large public qui va de la population aux autorités publiques, en passant par l’économie ou encore la formation. Grâce à cette action concertée, le Forum contribue à ce que les différentes cultures en Suisse vivent ensemble aujourd’hui comme demain. C’est donc plus qu’une simple cohabitation », souligne la conseillère d’Etat neuchâteloise Florence Nater, présidente du jury et de la Fondation ch.
TANDEM: une méthode basée sur le partage et l’échange
On ne peut raisonnablement pas présenter la fondation biennoise en passant sous silence le Label du bilinguisme. « C’est une distinction comparable à une certification ISO remise à une organisation à l’issue d’une expertise », relève Virginie Borel, qui lève le voile sur une autre pépite de la fondation : la méthode TANDEM. Elle est basée sur le partage, l’échange et l’apprentissage de la langue et de la culture de l’autre. Gratuite, enrichissante, efficace et conviviale, cette méthode accompagne annuellement quelque 400 personnes actives dans un TANDEM. Son fonctionnement est simple : le Forum du bilinguisme organise quatre séances d’information et de mise en réseau par année à Bienne. Les personnes intéressées s’y inscrivent et rencontrent, en toute décontraction, des interlocuteurs ayant des besoins linguistiques et des affinités similaires. Un à deux collaborateurs du Forum du bilinguisme animent la soirée.
«Dans une start-up, j’aurais raté mon truc!»
Subventionnée par la ville de Bienne, le canton de Berne et la Confédération, la fondation Forum du bilinguisme est une petite structure au grand rayonnement. Il suffit de se référer à tous les lumineux projets mis en place ces dernières années pour s’en convaincre.
Comme toute institution publique, les mécanismes sont caractérisés par une certaine lourdeur qui rime parfois avec lenteur. Plutôt impatiente de nature, Virginie Borel s’est accommodée de cette situation au fil du temps : « En dix-huit ans, le nombre de postes de travail a passé de 150 à 270%. Si ce même cas de figure se présentait dans une start-up, on dirait que j’ai raté mon truc », confie-t-elle avec un sens de la formule bien aiguisé.
Si Virginie Borel garde un enthousiasme intact dans sa fonction de directrice, c’est tout simplement parce que le bilinguisme à Bienne est un sujet d’une part passionnant et de l’autre assez complexe : « Nous sommes confrontés à un éternel combat car tout le monde sait qu’il est toujours assez difficile d’ouvrir les cordons de la bourse lorsqu’il s’agit de l’argent public. Cela dit, le fait de voir que notre travail se traduit régulièrement par des effets concrets reste le meilleur des stimulants. En effet, rien ne vaut l’efficacité de l’efficience pour booster notre motivation », conclut-elle avec le sourire qui la caractérise. Olivier Odiet




