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La situation s’est encore détériorée

Edition N°25 – 30 juin 2021

Les comptes communaux 2020 de Moutier ont été tenus avec transparence. De gauche à droite : Marc Tobler, Marcel Winistoerfer et Fabrice Zartemi. (photo rke)

La Municipalité de Moutier a récemment présenté l’état de ses finances 2020, dont le découvert cumulé se creuse à près de 2 millions de francs. Cependant, le canton laisse du mou à la commune pour retrouver meilleure fortune sur huit ans de planification. Après, gare au déficit ! Tout dépend des rentrées fiscales et… de la pandémie.

Le ménage communal est bien géré, mais le déficit structurel est un problème. Tel est, en résumé, ce qui ressort des finances présentées en toute transparence le 24 juin dernier par la Municipalité de Moutier lors de sa traditionnelle conférence de presse. 

Depuis deux ans, la ville ne dispose plus de trésorerie pour couvrir son déficit. Les comptes, déjà dans le rouge de 392’000 francs à fin 2019, présentent un découvert cumulé de 1’932’000 francs, soit 1’540’000 francs pour la seule année fiscale 2020.

Cette situation rarissime dans le canton préoccupe sérieusement les autorités. « Effectivement, en un an, le fossé s’est encore élargi, mais on a toujours dit que les décisions prises et à prendre ne produiront leurs effets véritables que dans quelque temps », reconnaît le maire, Marcel Winistoerfer. Un argument justifié, d’autant plus que la Municipalité se calque sur la Loi bernoise sur les communes pour s’octroyer un peu de mou dans sa planification, soit jusqu’en 2028. 

Dans le vert…

Comme d’autres entreprises ou particuliers, la commune est dépendante de la pandémie, surtout avec les récentes vagues sanitaires, ce qui a favorisé l’endettement. Ce « trou » dépend évidemment des rentrées fiscales lesquelles varient d’année en année. « On doit être très prudent, car l’impact Covid a pesé sur notre planification », souligne Fabrice Zartemi, administrateur des finances. Néanmoins, les domaines suivants sont dans le vert : la santé, le trafic, l’environnement et l’économie publique. Sans oublier le CRISM (sapeurs-pompiers), les canalisations et les déchets ainsi que le service des eaux.

… et dans le rouge

En revanche, la dette se creuse du côté de l’administration générale, la sécurité publique, la culture-sports-loisirs, la santé, la prévoyance sociale et les finances, dont, évidement, les impôts. « Au niveau de l’enseignement et de la formation, le déficit provient principalement de l’Ecole à journée continue (EJC) », souligne Marc Tobler, conseiller municipal qui estime que la volonté de présenter ce secteur autofinancé était illusoire. « En effet, les mesures arrêtées au terme de l’audit n’ont pas ou pas encore produit les économies escomptées. »

Vers une rallonge de garantie ?

Si le déficit cumulé ne peut pas être rattrapé dans les sept ans restants, il n’est pas impossible que la commune propose une augmentation d’impôts aux contribuables. Mais elle est loin d’en arriver là. « On n’aura peut-être pas le choix », s’inquiète le maire. Jusqu’à présent la Municipalité a édicté dix-sept mesures afin de réduire les charges, dont un engagement de personnel moins qualifié ou auxiliaire. Rien n’y a fait ! « On devra serrer la vis en réadaptant la structure par rapport aux besoins financiers réels. Retourner à de meilleures bases », suggère Fabrice Zartemi.

« Laisser du temps au temps »

« On pourrait aussi envisager demander au canton un délai supplémentaire de retour à meilleure fortune au-delà des huit ans », concède Marcel Winistoerfer. Une garantie qui pourrait alors dépendre du transfert de Moutier dans le canton du Jura. Vous restez optimiste pour renflouer les caisses ? « On l’est toujours ! » ironise le maire qui demande de laisser du temps au temps. On le comprend, pas facile pour tout le monde de gérer les finances en ce moment.

Roland J. Keller

Les comptes communaux 2020 de Moutier ont été tenus avec transparence. De gauche à droite : Marc Tobler, Marcel Winistoerfer et Fabrice Zartemi. (photo rke)