Le sport a ceci de magique qu’il procure des émotions ne touchant pas uniquement l’acteur, mais l’observateur aussi. Et dans le cas qui nous occupe, l’observateur est double puisqu’il s’agit des parents de Luna, Véronique et Jean-Marie. On a peut-être tendance à l’oublier, mais sans le soutien inconditionnel des parents, voir son enfant percer durablement dans le monde du sport de compétition relève pratiquement de l’utopie tant les sacrifices à consentir sont nombreux, ne serait-ce qu’au niveau des transports, par exemple. Mais pas seulement. L’aspect financier entre également en ligne de compte, les sponsors se bousculant seulement au portillon lorsque les médias offrent à l’athlète un écho retentissant, donc à l’âge adulte pour la très grande majorité des sportifs. Oui, il faut en injecter de l’argent pour passer de l’ombre à la lumière. Et dans certains cas, on ne sort même jamais du tunnel. Mais ça, on ne peut pas le savoir avant. Les Federer, Wawrinka, Odermatt, Gut-Behrami et autres ont eux aussi commencé leur carrière au même échelon que Luna. Tous les espoirs sont donc permis.
De Tramelan à Bienne
Le décor étant (bien) planté, on peut désormais évoquer le parcours de la jeune championne du Fuet. C’est au CP Tramelan qu’elle a esquissé ses premiers coups de lames à l’occasion de compétitions régionales et des championnats romands à Monthey en janvier 2024. Trois mois plus tard survenait le premier transfert de sa jeune carrière avec son arrivée au Club des Patineurs de Bienne. Les entraînements sont dispensés à la Tissot Arena dotée de deux patinoires, d’une salle de danse et d’espaces hors glace pour le renforcement, les massages, la mobilité, etc. Entre mai et septembre, faute de glace à Bienne, les entraînements se tiennent dans d’autres patinoires (Langnau, Berthoud, Porrentruy et Fribourg) à raison de trois à quatre fois par semaine. Comme dans tous les sports artistiques, la confiance, la capacité à gérer la pression, la régularité dans l’entraînement physique, mental et chorégraphique sont cruciales. En tant que talent bernois, Luna dispose au CP Bienne de l’encadrement optimal pour progresser, la structure en place permettant d’accéder à une formation de qualité grâce à un staff d’entraîneurs de tout premier ordre.
Univers exigeant et bienveillant
Depuis son arrivée au CP Bienne, Luna Jolidon a réalisé d’énormes progrès. Sa volonté, sa capacité d’adaptation, sa rigueur et sa détermination sont les principaux éléments qui ont contribué à son ascension fulgurante. Mais comme le dit si bien son papa Jean-Marie, cet univers exigeant a ceci de paradoxal que les coaches du CP Bienne veillent à ce que ces jeunes athlètes ne se découragent pas sous le poids des contraintes, du stress et de la surcharge de travail. Staff médical à l’appui, tout est conçu pour assurer le développement de la relève sans mettre sa croissance à mal. La santé des athlètes, c’est primordial !
Déficit d’exubérance à combler
Entre les entraînements, les camps, les Swiss Cup, les diverses compétitions nationales et internationales, le calendrier annuel est particulièrement chargé. D’où l’importance de réserver à ces championnes de demain des instants de détente hors glace pour éviter de voir leur plaisir fondre comme neige au soleil. Selon Jean-Marie Jolidon, Luna a encore une approche trop « scolaire » du patinage artistique et affiche un déficit d’exubérance, dans le bon sens du terme bien sûr. C’est surtout au niveau de la souplesse que sa marge de progression est la plus nette, mais son évolution se traduit par une quête d’amélioration permanente à tous les échelons de la pyramide. C’est à ce prix seulement qu’il sera possible de patiner un jour dans la cour des très grandes. Bon vent, Luna… Olivier Odiet
