Culture, Portraits

Le bel apprentissage des valeurs

Edition N°22 - 4 juin 2020

L’école du Fuet, inaugurée le 23 avril 1955. (photo ldd)

Pasteur-journaliste retraité, Charles-André Geiser poursuit sa série «Papi, raconte-moi ton enfance», commencée le 16 avril dernier dans ces mêmes colonnes. L’occasion de découvrir les charmes d’une époque où le respect, le dévouement et l’authenticité tenaient encore le haut du pavé. Le rêve, quoi !

J’ai habité au Fuet depuis ma naissance jusqu’à mon mariage en 1970. Et j’y habite de nouveau depuis 1987. De la 5e à la 9e année scolaire, nous étions une trentaine d’écoliers dans la même classe. Notre instituteur, M. René Riard était un homme que j’appréciais énormément. Il voulait que tous ses élèves touchent à l’excellence en grammaire, orthographe et calcul mental. Chaque matin, une heure avant la récréation de 10 heures, nous avions une leçon de grammaire. Certains élèves n’aimaient pas du tout cette leçon. Pour moi, c’était le contraire. J’avais envie de comprendre ces règles grammaticales très compliquées.

Le calcul mental chronométré

Après les 15 minutes de récré, c’était une heure de calcul mental. Nous étions mis en compétition pour savoir qui, dans la classe, était le ou la plus rapide. Il s’agissait de dire à haute voix, la réponse juste qui affichait sur un panneau les nombres de 1 à 12 dans le désordre. M. Riard nous indiquait l’ordre dans lequel on devait lire les chiffres du tableau, de bas en haut, de gauche à droite ou l’inverse et immédiatement il s’agissait de donner la bonne réponse. L’instituteur nous chronométrait. J’appréciais cette compétition. La maîtrise de ces deux matières n’a cessé de me rendre service tout au long de ma vie. La récréation de 10h était un moment très important dans nos matinées. La place de gymnastique située à quelques mètres de l’école était, en été, notre terrain de football. Les garçons formaient deux équipes pour disputer des matches avec passion. En hiver, cet espace devenait une patinoire. Dès que la sonnette retentissait, nous nous précipitions dans le corridor pour saisir notre paire de patins et les visser à nos chaussures. Nous ne perdions pas une minute pour vivre un match de hockey. Au bout de 15 minutes, nous retournions tout transpirant en classe pour la leçon suivante. Un lundi de février 1956, mon papa avait consacré sa journée de congé pour gicler la pelouse. Le soir, il était rentré frigorifié à la maison, l’eau ne sortant plus du tuyau. Un peu plus tard, le chef des pompiers était venu l’informer qu’il avait vidé les réservoirs d’eau potable et celui réservé aux incendies !

Fête de Noël à la chapelle

Pour les leçons de chant, nous devions tous nous placer comme une chorale à l’avant de la salle. Nous chantions à quatre voix : soprano, alto, ténor et basse. Notre répertoire se composait de chants folkloriques, de chants patriotiques et de l’hymne national. Nous savions lire une partition musicale. Une leçon que j’appréciais aussi était la composition. Il s’agissait de faire appel à notre imagination pour écrire une histoire. Parfois le thème était imposé, d’autres fois nous étions libres de le choisir. Nous devions développer notre créativité chaque année pour la fête de Noël qui se déroulait à la chapelle. Nous rédigions en commun la pièce de théâtre qui se jouait pour l’occasion. Un élève de 9e se mettait au tableau noir et nous étions tous sollicités pour lui dicter les répliques d’une nouvelle pièce. Je pense qu’il faut chercher là ma passion pour écrire des pièces de théâtre.

Vacances pas très reposantes

Chaque matin, à 11h30 avant de quitter la classe, un 9e était désigné pour prononcer une prière. Dès ma sortie d’école, je me suis mis à écrire une quarantaine de pièces de théâtre, jouées en Suisse, en France, en Belgique et en Afrique. L’enseignement de l’allemand ne figurait pas au programme du primaire. Alors mes parents m’ont envoyé suivre ma 8e année à l’école germanophone de Montbautier, devenue publique en 1933. Alfred Amstutz, l’instituteur, était fort sympathique. Nous étions 15 élèves, de la 1re à la 9e année, dans sa classe. Je rejoignais l’école à pied chaque matin en 40 minutes en été et redescendais en 15 minutes. En hiver, 1 heure dans la neige pour y arriver et 10 à 12 minutes pour redescendre à ski ou en luge. Les vacances scolaires du printemps étaient destinées à planter les pommes de terre, celles d’été à faire les foins. Celles d’automne à rentrer les regains et à récolter les pommes de terre.

Charles-André Geiser

L’école du Fuet, inaugurée le 23 avril 1955. (photo ldd)