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Le désaccord parfait !

Edition N°42 - 17 novembre 2021

A Valbirse, le projet d’exploitation d’une carrière et d’une plateforme de recyclage divise la population. Les arguments des deux camps ont été dévoilés la semaine dernière en conférences de presse. L’accès au Plan de quartier « Pierre de la Paix » passe par la route de Moron où le premier croisement, loin des résidences, dévoile des machines d’extraction en attente d’être remises à l’œuvre ou renvoyées au rancart. (photo rke)

Un comité référendaire apolitique de citoyens de Valbirse a convoqué la presse le 11 novembre dernier pour exposer ses arguments contre le projet de la carrière « Pierre de la Paix ». Accès au site sur la route de Moron, sécurité, impact sur le paysage, finances, tout est remis en cause. 

Le projet d’un nouveau site d’extraction de gravier et de groise, ainsi qu’une plateforme de recyclage, issu de l’entreprise Faigaux SA et de la commune bourgeoise de Malleray, a pris une tournure discordante et n’a pas laissé indifférents des habitants du village. Un groupe de citoyens a en effet recueilli en juillet dernier quelque 300 signatures valables afin de pouvoir organiser une consultation populaire.

D’emblée, le point d’achoppement des opposants bute sur le mot carrière. « Tout d’abord, la dénomination de carrière est erronée. Il s’agit d’une groisière et non d’une carrière. Ce qui signifie que l’on extrait de la groise marneuse utilisée avant tout pour les chemins blancs. Or, il existe déjà une groisière en activité à Chaluet », s’offusque Michaela Knuchel-Bossel. Elle relève aussi que cette route à forte déclivité et à double sens est limitée à 30 km/h avec des mesures de sécurité qui rendent actuellement les croisements difficiles.

« Un camion toutes les cinq minutes »

« Au plus fort de l’exploitation de la groisière, il est prévu d’extraire et de remblayer 462’000 m3 sur une période de quinze ans. Ce volume considérable entraînera une moyenne annuelle de vingt-quatre trajets de poids lourds quotidiennement. Cette moyenne est trompeuse, car ce qui est perçu comme une charge insupportable par les riverains, ce sont les pics de trafic mentionnés dans le rapport du plan de quartier (quarante passages quotidiens), qui peuvent aller en réalité jusqu’à 130 passages par jour lors de chantiers importants (observé au printemps de cette année), soit environ un camion toutes les cinq minutes », estiment Sacha Jabas et Peter Borbély. Pour eux, les problèmes de sécurité et de croisement sont préoccupants malgré les améliorations prévues. « La distance de freinage d’un véhicule est largement augmentée à la descente, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’un camion chargé de plusieurs dizaines de tonnes », ajoute Serge Monnerat. « Un camion circulant au plat est l’équivalant de dix voitures au niveau du bruit. C’est donc une augmentation de 400 voitures. »

Pollution et nuisances sonores

Bref, tant au niveau de la densité de trafic que de l’accès à la carrière où la route n’est pas prévue pour supporter le passage des 30 ou 40 tonnes, la pollution interpelle les opposants : usure des freins, des pneus et poussières sur le macadam ainsi que les nuisances sonores. « Si le site est considéré comme adapté à l’exploitation d’une groisière aujourd’hui, les récentes catastrophes naturelles, en Suisse et en Europe, ont montré que le changement climatique peut causer des dégâts considérables. Or, l’actuelle place a déjà provoqué un effondrement de terrain. Voulons-nous courir le risque d’une catastrophe ? »

Financièrement, le projet est soutenu en majorité par le Conseil communal et presque tout le Conseil général. « Mais cela n’apporte rien à la commune.» Les référendaires articulent un chiffre situé entre 5’000 et 8’000 francs par an, ce qui correspond à 25 centimes du mètre cube exploité », estiment les détracteurs.

« On n’a rien contre Faigaux SA, ni la Bourgeoisie »

Enfant de Malleray, la conseillère communale Joëlle Braun Monnerat tient toutefois à relativiser. « Notre action n’est en aucun cas une déclaration de guerre à l’encontre de l’entreprise Faigaux et de la Bourgeoisie de Malleray pour lesquelles j’ai énormément de respect. Toutefois, il est indispensable, pour un projet d’une telle envergure, que les citoyens aient le dernier mot ! » L’appel est entendu.

Roland J. Keller

 

L’enjeu

Depuis le début des années trente, la commune bourgeoise de Malleray, par l’entreprise Faigaux SA, exploite la carrière du pâturage du Droit à Malleray (Pré Rond). Suite à un important glissement de terrain qui s’est produit en 2012 en amont de cette celle-ci, son exploitation a dû être interrompue.

La commune bourgeoise de Malleray souhaite ouvrir un nouveau site d’extraction de gravier et de groise, ainsi qu’une plateforme de recyclage (béton, briques, tuiles et matériaux non bitumeux de démolition de routes) situé quelques centaines de mètres à l’ouest de l’ancien site de « Pré Rond ». L’exploitation devrait s’étendre sur une période estimée globalement à 39 ans.

(rke)

A Valbirse, le projet d’exploitation d’une carrière et d’une plateforme de recyclage divise la population. Les arguments des deux camps ont été dévoilés la semaine dernière en conférences de presse. L’accès au Plan de quartier « Pierre de la Paix » passe par la route de Moron où le premier croisement, loin des résidences, dévoile des machines d’extraction en attente d’être remises à l’œuvre ou renvoyées au rancart. (photo rke)