Depuis 2013, le monde des crèches et son exposition ne cesse d’attirer des visiteurs, non seulement des quatre coins de la Suisse, mais aussi de France et d’Allemagne. C’est vrai qu’il y en a de toutes les formes, de toutes les matières, de toutes les couleurs et de tous les styles, des très grandes ou des minuscules, pour magnifier et célébrer l’enfant-roi de Noël. Son initiateur, Giovanni Resta, ne tarit pas d’éloges sur son exposition et la variété des réalisations du gamin né entre le bœuf et l’âne gris!
«Va-s-y, pose-moi des questions, qu’est-ce que tu veux savoir»? A peine le temps de sortir mon stylo que Giovanni Resta est parti pour une logorrhée passionnée avec son accent fleurant bon son Lecce natal. Vous avez dit passion? Les crèches et leur exposition, c’est son bébé, qu’il choie et qu’il soigne, année après année. Et le public le lui rend bien car ce n’est pas fréquent de voir autant de «petits Jésus» à la fois sous autant de formes différentes. Mais le septuagénaire, qui ne vit bientôt que pour son engouement pour la nativité, reconnaît qu’il est bien secondé par une trentaine de bénévoles sans qui le monde des crèches ne pourrait attirer tant de curieux, comme cette famille de Tavannes rencontrée ce jour-là. Une grand-maman, ses deux filles et leurs enfants qui disent venir pour la première fois et y avoir pensé souvent avant. C’est que ces crèches, il faut les monter et les démonter chaque année, ce qui nécessite plus de 2500 heures de travail.
Visiteurs éclectiques
«Tu vois, c’est un rassemblement multigénérationnel de gens de toutes les confessions, de toutes les cultures. Ils viennent des quatre coins de Suisse, de France ou d’Allemagne. Ils sont informés par les médias, les offices du tourisme ou les CFF. Ils arrivent par autocars entiers, ils viennent des différents homes ou institutions de la région, des profs amènent leurs élèves qui en parlent à leurs parents et ils reviennent en famille. Je demande alors aux enfants s’ils ont une crèche à la maison. Ils répondent presque tous négativement, mais qu’ils ont tous un sapin de Noël. Alors, ils veulent désormais aussi avoir une crèche, leur crèche. Pour certains, ce sont des souvenirs de jeunesse qui ressurgissent et qu’ils partagent: «nous, on faisait comme-ci, comme ça». C’est devenu un lieu de rendez-vous multiculturel où les gens se parlent et échangent. Certains sont loin de leurs racines et trouvent en cette oasis un lieu de partage».
C’est en effet plus de quatre mille personnes qui ont fait le déplacement au Forum de l’Arc pour admirer les plus de 300 crèches du monde entier et des cinq continents, dont une soixantaine de nouvelles pour cette année. Mais plus que son recensement, il estime qu’environ 30% des gens ont déjà vu son expo, alors que le reste sont de nouveaux visiteurs. Et notre homme tient des statistiques précises, mettant un petit trait sur une feuille pour chaque «client». Il note un intérêt croissant pour sa manifestation et n’hésite pas à partager un café ou un verre avec tout un chacun s’il en a le temps, entre deux blablas dans les travées de l’expo.
Quel avenir?
Il en rêve depuis un certain temps. Signor Resta aimerait bien que son œuvre perdure et qu’on trouve à ses crèches l’écrin qui lui siérait, soit une exposition permanente. A cet effet, il a lancé une pétition à MOUTIER EXPO, où il était invité, qui a recueilli plus de cinq cents paraphes qu’il a remise aux autorités pour la création d’un musée des crèches en sachant que les locaux du Forum de l’Arc ne seront pas disponibles ad aeternam. S’il reste optimiste quant à l’avenir de sa célébration de la nativité, il verrait d’un bon œil qu’un dialogue soit instauré entre les autorités politiques, ecclésiastiques, culturelles financières ou gens de bonne volonté, afin qu’on trouve une solution. «Ce serait en effet dommage que cette belle aventure s’arrête pour des raisons de locaux ou financières. On pourrait ainsi visiter les crèches tout au long de l’année, et pas seulement lors des fêtes de fin d’année», précise-t-il. Il invite encore toutes les personnes intéressées et motivées à se joindre à l’assemblée générale de l’association qui aura lieu le 21 février au Forum de l’Arc.
Claude Gigandet