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« Le nombre d’incivilités est à la hausse »  

Edition N° 8 – 28 février 2024

Wesley Mercerat : « On ne jette apas une canette ou des mégots sur le sol du salon, non ? Alors pourquoi le faire sur la voie publique ? » (photo pad)

Wesley, lorsqu’on laisse une canette de bière ou une bouteille en PET sur un banc public, s’agit-il d’une « incivilité » ?

– Il y a assez de poubelles à disposition dans nos villes et villages pour ne pas abandonner nos déchets sur la voie publique. Les gens qui commettent ce genre d’infraction ne font pas la même chose chez eux. On ne jette pas une canette ou des mégots sur le sol du salon, non ? Alors pourquoi le faire sur la voie publique ? Combien de fois retrouve-t-on sur les aires de repos au bord des autoroutes des cendriers entiers vidés sur le bitume, des emballages jetés sur les pelouses, des sacs poubelle, des canettes, et aussi des choses invraisemblables comme des habits, des casseroles, des pousse-pousse, des parasols ? On parle beaucoup de préservation de l’environnement aujourd’hui, mais force est de constater qu’une bonne partie de la population n’y a rien compris.

Le nombre d’incivilités est-il à la hausse ?

– Oui, il l’est. Ce que l’on remarque aussi, c’est qu’il y a toujours plus de gens qui consomment de l’alcool au volant. La preuve par le déchet No 1 que l’on trouve aux abords des routes, et qui est la canette de bière. Nous constatons aussi que beaucoup de conducteurs finissent toujours leur boisson à peu près dans le même secteur. Le gros tas de canettes que vous voyez sur cette photo (cf. image) correspond à une zone de 200 mètres, aux abords d’une route traversant une forêt près de Bellelay. Le ramassage a été fait sur une zone de 3 kilomètres : mais c’est sur ce tronçon précis que l’on trouve un maximum de détritus. La seule explication est que celles et ceux qui jettent leurs déchets tout en roulant ont leurs habitudes quotidiennes. Je vais au travail, je reviens du travail, je prends une boisson avec moi et avant d’arriver à destination j’expédie ma canette, ma bouteille en PET ou mon gobelet de café par la fenêtre. 

Quelle est la situation dans les villages ?

– Là, le phénomène est moins flagrant, surtout parce qu’on a la voirie communale avec des ramassages réguliers. La majorité des déchets se trouvent surtout en dehors des localités, sur des zones où les contrevenants « ne sont pas vus ». Nos cantonniers ramassent régulièrement des canettes en pleine forêt, parfois à une trentaine de mètres plus bas que la route. Légalement, ce n’est pas aux cantonniers de l’Office des Ponts et Chaussées de procéder à ces ramassages en pleine forêt. Mais si nous ne le faisons pas, qui le fera ?

A quelle fréquence interviennent vos cantonniers ?

– Les incivilités ont lieu toute l’année. Il nous arrive d’agir par rapport à ce que l’on découvre par hasard, par exemple en réalisant certains travaux. De manière plus systématique, nous intervenons en priorité à la fin de l’hiver, juste avant le printemps, parce que la végétation est basse et qu’on voit bien ce qui se trouve éparpillé sur le sol. Nous agissons aussi en automne et en hiver. En été, on fauche. L’aluminium et les autres déchets se retrouvent alors déchiquetés par les machines de fauchage, et tout ce matériel va se mélanger au matériel de fauche. Les agriculteurs ont le même problème dans leurs champs, où les bêtes avalent souvent des morceaux de plastique ou des emballages, des mégots ou des morceaux de verre.

Ne faudrait-il pas entreprendre davantage d’actions de sensibilisation pour amener ceux qui commettent ce genre d’incivilités à réaliser que leur comportement est néfaste ?

– Il est vrai qu’il est possible de conscientiser le public, et les médias ont un rôle important à jouer dans ce domaine. Nous avons laissé cet énorme tas de canettes pendant une semaine au bord de la route, avec cette affiche : « Stop aux incivilités ». Et depuis lors, on n’a plus retrouvé de canettes sur ce tronçon. Y a-t-il eu prise de conscience, ou les conducteurs les jettent-ils plus loin ? Impossible de le savoir. Mais ceci est la preuve que le message a produit son effet. Agir au niveau des écoles primaires est un bon point de départ aussi. C’est finalement quand on est jeune qu’on s’éduque. Il est vrai que certains sont des irrécupérables qui n’en auront jamais rien à f*, mais la majorité des enfants vont appliquer cet enseignement lorsqu’ils deviendront grands. Certaines écoles organisent des journées de ramassage des déchets sauvages. Ceci permet aux jeunes de prendre conscience du problème. La nature n’est pas une poubelle. Et il y a des gens qui travaillent dur pour la débarrasser au mieux de tous ces déchets. 

Propos recueillis
par Pablo Davila

Wesley Mercerat : « On ne jette apas une canette ou des mégots sur le sol du salon, non ? Alors pourquoi le faire sur la voie publique ? » (photo pad)