Comme tant d’autres organisations, la Fédération jurassienne des bourgeoisies n’avait pas survécu à la création du canton du Jura, mais elle avait été scindée en deux associations distinctes de chaque côté de la frontière. «Un vent de fronde avait d’ailleurs été initié à l’époque par quelques bourgeoisies qui avaient fondé la Fédération des bourgeoisies du Jura sud», se souvient René Eicher.
Bien plus tard, l’assemblée interjurassienne avait suggéré que l’Association des bourgeoisies du Jura et celle du Jura bernois, bien que demeurant indépendantes, se regroupent sous le chapeau du Forum interjurassien des bourgeoisies. « Cela s’est fait un peu sur le modèle de la Fondation rurale interjurassienne », explique le nouveau président non sans ajouter que les prérogatives tant du Forum que des deux associations restent mesurées dans un contexte où chaque bourgeoisie gère ses propres affaires de la manière qui lui est propre. « Je n’irai pas jusqu’à dire que ce ne sont que des amicales, mais ces organisations servent surtout à mieux nous connaître, à nouer des contacts, échanger des informations et à faire front commun face à des mouvances qui aimeraient voir disparaître les bourgeoisies. »
Garantes des traditions
Il ajoute néanmoins que dans le Jura, les communes mixtes sont dotées d’une commission bourgeoise, ce qui n’est pas le cas dans le Jura bernois où les communes mixtes ont intégré le rôle des bourgeoisies de manière plus marquée.
Une problématique dont il faut tenir compte aux yeux du nouveau président, c’est l’avenir des bourgeoisies dans les cas de fusions de communes : « normalement, elles restent indépendantes, mais d’autres cas de figure peuvent survenir. »
A Courtelary, deux chercheurs de l’EPFL étaient à l’écoute. Ils réalisent une étude sur le rôle des bourgeoisies ou diverses formes de sociétés rurales en Europe. « C’était l’occasion d’apprendre des choses intéressantes, notamment comment des confréries de pêche ont le privilège de récolter des poissons en jouant avec les marées dans des installations adaptées. Une réalité bien différente de notre gestion des pâturages boisés, mais qui illustre comment les bourgeoisies ou organisations équivalentes sont les garantes de traditions anciennes diverses. » Blaise Droz