Dans ce 6e épisode de notre série cinéma, nous nous plongeons dans des ruelles poisseuses grouillant de crapules pour une nouvelle aventure en compagnie du légendaire justicier aux oreilles pointues : Batman.
Nuit d’Halloween, Gotham City. Des voyous commettent des braquages, taguent des monuments et agressent des innocents. Un symbole de chauve-souris illumine soudainement le ciel noir. Tous les malfrats confondus prennent soudainement peur. Dans l’obscurité de Gotham, un héros s’est mis en chasse. Petits voleurs ou casseurs, il les mate facilement, mais en ce soir-là, quelque chose de bien pire l’attend : le premier meurtre du Riddler, un insaisissable psychopathe tuant ses victimes avec un burin et laissant des indices sous forme d’énigmes tordues. Pour le Batman, l’enquête ne fait que commencer.
Sombre héros
Avec déjà une dizaine d’adaptations au cinéma et autant à la télévision, inutile de vous présenter le personnage de Batman et ses origines dramatiques. Cette nouvelle mouture de 2022 l’a bien compris et nous introduit un super-héros opérant depuis déjà quelques années mais ne sachant pas encore sur quel pied danser. Doit-il incarner la vengeance en lâchant ses pulsions de violence sur ses ennemis ou doit-il devenir le héros dont la ville de Gotham a cruellement besoin ? Avec un tel dilemme, le personnage devient plus intéressant qu’il ne l’a jamais été, et l’interprétation parfaite de Robert Pattinson ne fait que sublimer le tout. L’acteur incarne ici un Bruce Wayne (véritable identité du Batman) mal à l’aise en société et devenu une véritable créature de la nuit, au point de se promener avec des lunettes de soleil dans son manoir pour ne pas être terrassé par la lumière du jour. A l’image du héros, l’antagoniste est très réussi. Caché par son masque vert et obsédé par les mètres de scotch gris avec lesquels il enrobe ses victimes, le Riddler est tout simplement terrifiant et n’a rien à envier aux tueurs qui sévissent dans notre monde. Mais uniquement limiter les éloges du gentil et du grand méchant serait faire de l’ombre au reste du casting qui est impeccable, rendant le visionnage de « The Batman » d’autant plus savoureux.
Meurtre, mystère et action
Le Batman en impose physiquement, mais il serait regrettable d’oublier que c’est avant tout un implacable enquêteur, chose que le film nous rappelle en boucle. Entre les énigmes du Riddler, la découverte d’une taupe potentielle au sein de l’élite de Gotham ou encore de terribles secrets surgis du passé, l’enquête a de quoi maintenir le spectateur en haleine jusqu’au troisième acte qui est un brin plus explosif. Et que dire si ce n’est que la formule est rafraîchissante car combinant habilement polar et film d’action. On pourrait cependant reprocher à « The Batman » d’aider un peu trop ses personnages. A titre d’exemples, certaines énigmes du méchant seraient en réalité tout simplement irrésolvables tandis que le héros nous est présenté comme étant vulnérable alors que ses ennemis l’accueillent à chaque fois avec une pluie de balles sans jamais pouvoir le blesser. La suspension d’incrédulité est plus que nécessaire. Cela n’enlève toutefois rien au plaisir que procure le visionnage du film. Visuellement magnifique et rythmé par une excellente bande originale, « The Batman » est une pure réussite cinématographique et apporte un véritable vent frais dans les salles obscures. Comme quoi, même quatre-vingts ans après sa création, l’Homme Chauve-souris en a encore sous la cagoule.
Louis Bögli
« Le retour de l’Homme Chauve-souris The Batman »
Réalisation : Matt Reeves
Durée : 2 h 55
Pays : USA
Note : 4.5/5
3 questions à …
Daniel Chaignat,
Président de la coopérative
Cinematographe-Royal
Batman, une valeur sûre dans vos salles ?
On y croyait, mais pour nous c’est une déception en termes d’entrées. On pensait que ce film serait une des grosses sorties du printemps. Ce n’est pas non plus un échec, mais on s’attendait à mieux. La comédie « Maison de retraite » sortie durant la même période a par exemple bien mieux marché.
Y’aurait-il une fatigue du public envers les films du genre super-héroïque ?
Je me demande si cette ère filmique avec tous ces Man, à savoir Batman, Spider-Man, etc. n’arriverait justement pas à son terme. Il y en a beaucoup trop à mon avis, et certains genres finissent par fatiguer. On a de la peine à proposer du neuf au public pour l’attirer dans les salles. On tourne actuellement un peu en rond avec ces gros films de super-héros américains.
Faudrait-il donc faire évoluer ce genre de films comme l’a fait « The Batman » ?
Oui tout à fait. D’ailleurs, « The Batman » a été globalement bien accueilli par la critique qui a estimé que le film se différencie bien des autres adaptations de ce super-héros au cinéma. Mais le public, lui, n’a quand même pas répondu à l’appel. J’ai même l’impression que le film attire plus les enfants qui, eux, n’ont pas l’âge pour aller le voir. Chez les adultes, on dirait que l’intérêt n’est plus là.
(lb)