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Le retour des géants bleus

Edition N°1 – 11 janvier 2023

Les héros du film doivent apprendre à maîtriser de nouveaux environnements et de nouvelles créatures. (photo ldd)

Notre série cinéma revient en force avec un 20e épisode consacré au plus gros film de ce début d’année, « Avatar : La Voie de l’eau ». La suite longuement attendue du long-métrage ayant fait exploser le box-office lors de sa sortie en 2009. Alors, même recette, même succès ? 

Remettons d’abord en contexte l’histoire d’Avatar. Le premier film nous contait la lutte entre l’espèce humaine, débarquée sur la planète Pandora, et les Na’vis, des aliens bleus hauts de 3 mètres. Enrôlé dans le fameux conflit, le soldat paraplégique Jake Sully recouvre la possibilité de marcher en transférant son esprit dans le corps d’un avatar, un hybride mi-humain mi-Na’vi. Vous suivez ? Le fait est que notre héros finit par trahir son espèce en s’alliant aux indigènes maltraités et, suite à une bataille spectaculaire, force les humains à quitter Pandora. 

Dans « Avatar : La Voie de l’eau », nous retrouvons Jake Sully une dizaine d’années après le conflit. L’humain est entretemps devenu un véritable Na’vi, s’est profondément lié à sa femme Neytiri et est l’heureux papa de quatre enfants. La famille a tout pour être heureuse, mais pas éternellement. Les avides humains reviennent en force pour piller les ressources de Pandora. Avec eux, le grand méchant du premier film, ramené à la vie et bien décidé à se venger de Jake et Neytiri. Conscients que leur famille n’est plus en sécurité, ces derniers décident de fuir la jungle pour trouver refuge auprès d’un peuple de Na’vis aquatiques où les attendent moult péripéties. 

Retour semi-fracassant 

Aucun doute : la magie d’Avatar est bien de retour en salle, avec ses qualités et défauts. Les fans du premier film ont en tout cas tout pour se réjouir. L’univers créé par James Cameron est resté intact et est ici davantage exploré en propulsant nos protagonistes dans un tout nouvel environnement qu’ils découvrent en même temps que les spectateurs. En revanche, ceux et celles qui n’avaient guère apprécié le premier tour de manège en 2009 seront à nouveau décontenancés par cette aventure de trois heures qui ne raconte franchement pas grand-chose. Hormis des développements de personnages intéressants, le scénario tient sur un post-it. C’est tout à l’honneur du réalisateur James Cameron qui applique ici le principe de l’histoire simple racontée avec des moyens compliqués. En revanche, l’aspect technique du film ne pardonne de loin pas son penchant écologique, beaucoup trop tape-à-l’œil, et son 3e acte, impitoyablement long et sans grand intérêt. 

Triomphe visuel 

A défaut de pondre une grande histoire, James Cameron peut néanmoins se vanter d’avoir accouché d’un film visuellement impeccable. 

Les paysages, créatures, véhicules, etc. qui constituent le récit n’ont de cesse d’impressionner de par leur originalité et leur réalisme. Tout est magnifiquement conçu dans les moindres recoins. Pour donner vie à l’ensemble, des effets spéciaux dont la qualité devient par moment déconcertante, à un point où il est difficile de savoir si la caméra filme véritablement de l’eau ou un amas de pixels. Pratiquement tous les personnages du film sont d’ailleurs générés par ordinateurs et les scènes aquatiques ont été véritablement filmées sous l’eau. Tous ces éléments forment un univers qui devient un véritable plaisir à découvrir et auquel on prend vite plaisir. On sourit quand les gamins explorent les coraux, on frémit quand un poisson féroce passe à l’attaque, on retient son souffle quand le moment est venu de prendre les armes pour défendre les siens. C’est finalement cela « Avatar : La Voie de l’eau ». Une pure expérience de cinéma qui en met plein les mirettes et nous rappelle pourquoi le public continue de se rendre dans les salles obscures.

Louis Bögli

« Avatar : La Voie de l’eau »
Réalisation : James Cameron
Durée : 3 h 12
Pays : USA
Note : 4/5

 

Le saviez-vous ? Avatar et le retour de la 3D

Elles nous font mal aux yeux et nous font débourser quelques francs en plus aux caisses des cinémas. Vous l’aurez deviné : il s’agit de ces bonnes vieilles lunettes 3D. Que l’on aime ou pas cet accessoire, il est indéniable qu’il a joué un rôle prépondérant dans l’industrie du cinéma. La première utilisation de cette technologie remonte à 1922 lors de la projection du film « The Power of Love ». Véritable curiosité, l’expérience se verra par la suite réitérée avec plus ou moins de succès durant plusieurs périodes, finissant d’un moment à l’autre par susciter le désintérêt du public. L’une des grosses résurgences de la 3D surviendra durant les années 2000, notamment avec la sortie d’Avatar en 2009. Equipés de leurs grosses lunettes, les spectateurs découvraient un monde nouveau dont ils avaient l’impression de faire partie intégrante. Combinez avec les effets spéciaux spectaculaires et un bon bouche-à-oreille, et vous obtenez un box-office de plus de 2 milliards de dollars. Forcément, les producteurs désireux de surfer sur un tel succès se sont mis à utiliser cette technologie à des fins purement marketing, ne réalisant pas que des œuvres comme Avatar avaient été spécialement faites pour être vues en 3D. En résulteront des conversions de films catastrophiques comme « Le Choc des Titans », projeté en trois dimensions sans avoir été conçu pour. La mode de la 3D finira d’ailleurs par disparaître une dizaine d’années plus tard, ne faisant véritablement son grand retour qu’avec la suite d’Avatar. 

Une belle ironie : cette technologie reste encore et toujours relativement peu impressionnante dans les cinémas traditionnels, surtout pour quelques francs en plus.

(lb) 

Les héros du film doivent apprendre à maîtriser de nouveaux environnements et de nouvelles créatures. (photo ldd)