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Les atouts d’un hôpital moderne

Edition N°20 - 22 mai 2019

Pour Anthony Picard et le directeur de l’HJB Dominique Sartori, la situation est claire : un hôpital doit répondre à l’incertitude politique par des certitudes médicales. (photos Roland J. Keller)

Agir ou mourir. Tel est en substance le puissant message qui est ressorti du point presse organisé le lundi 20 mai par le groupe HJB. L’hôpital de Moutier faisant depuis plusieurs semaines l’objet de spéculations parfois fantaisistes, une clarification de la réflexion en cours s’imposait. Président du conseil d’administration de l’HJB, Anthony Picard souligne que le projet retenu par les spécialistes répond à tous les critères requis en vue d’assurer la pérennité des sites de Moutier et de Saint-Imier. 

«A l’incertitude politique, un hôpital doit répondre par des certitudes médicales». Cette phrase extraite de la documentation remise aux médias le lundi 20 mai traduit parfaitement le contexte dans lequel se trouve l’HJB qui cherche par tous les moyens à éviter le piège dans lequel on souhaiterait le faire tomber. «L’Hôpital de Moutier est en grand danger si on en fait un enjeu lié aux questions territoriales», prévient l’HJB. Il s’est ainsi fixé trois axes de réflexion: 

1. garantir à la population de toute la région un accès à des soins de qualité et de proximité

2. assurer la viabilité financière de l’hôpital à long terme 

3. offrir l’imperméabilité requise face aux enjeux territoriaux

Pour répondre à ces objectifs, Anthony Picard rappelle qu’il est impératif de s’adapter aux nombreux changements intervenus ces dernières années dans le domaine de la santé. a. La pression va crescendo sur la rémunération des actes médicaux. b. Pour être reconnu sur la liste hospitalière cantonale, il est indispensable d’atteindre des quotas suffisants de patients pour pratiquer sa spécialité. c. Les pratiques ambulatoires ont un impact négatif sur les nuitées passées à l’hôpital.

Dans les villes de Lausanne, Genève, Zurich ou Berne, le bassin de population est suffisamment grand pour convaincre la patientèle par les bonnes pratiques. Dans une région périphérique comme la nôtre, le bassin n’est pas extensible, raison pour laquelle des solutions doivent être trouvées pour l’agrandir. «Créer des centres de compétences qui confinent à l’excellence, c’est là que réside la solution», explique-t-il. Ces paramètres posés, les dirigeants du groupe HJB ont fait le choix de s’allier avec l’H-JU pour augmenter l’attractivité de l’Hôpital de Moutier. 

Le projet, recommandé par la majorité des participants au groupe de travail Berne / Jura – soutenu par la Confédération dans le cadre de la Tripartite- prévoit de soutenir les activités sur deux piliers. 

1. Polyclinique de soins aigus 

– urgences diurnes (6h à 22h)

– ambulances

– développement de l’ambulatoire

– consultations spécialisées

– gériatrie 

2. Pôle de santé mentale

– prestations ambulatoires, semi-stationnaires et stationnaires pour l’enfant, l’adolescent et l’adulte

– psychogériatrie (âge avancé)

L’attractivité du projet déposé réside justement sur la proximité et la complémentarité du panel de prestations offertes. 

Anthony Picard explique que le site psychiatrique de Bellelay, en raison de sa vétusté et de son éloignement géographique, ne répond plus au modèle actuel de soins de santé mentale et que le déplacement des lits à Moutier s’inscrit dans la logique cantonale de rapprocher soins aigus et santé mentale. Quant à son caractère intercantonal, il n’y a rien de nouveau sous le soleil puisque les patients de l’UHPA de Moutier et ceux de Bellelay sont aujourd’hui déjà, composés de ressortissants bernois et jurassiens (Ndlr: le canton du Jura ne disposant pas de structure stationnaire pour soigner ses patients psy, il recourt à des partenariats avec les cantons de Berne et Neuchâtel). 

Réunir les maux de l’âme avec les maux du corps

«Le projet prévu pour l’hôpital de Moutier est en tout point compatible avec les exigences actuelles du domaine de la santé», poursuit le président du conseil d’administration de l’HJB. «Réunir les maux de l’âme avec les maux du corps est une combinaison moderne. Un modèle similaire s’applique déjà pour les hôpitaux de Berthoud et Langenthal et tantôt pour celui de l’Hôpital de l’Ile à Berne. Nous sommes donc en totale adéquation avec les souhaits de la Direction de la santé publique (SAP)». Anthony Picard profite de rappeler que l’étude repose sur un bassin de population suffisant de 190’000 personnes (Jura bernois, Jura et autres francophones bernois) suffisant pour être attractif et rassurant pour le patient. A l’heure des comptes de l’année 2018, la soupe à la grimace est au menu puisque pour la première fois depuis 2012, ils affichent une perte de CHF 3,8 millions. Pour renverser la tendance à moyen terme, les dirigeants de l’HJB comptent sur un véritable soutien populaire du projet «Moutier». Et M. Picard de préciser que ce modèle est le seul qui permette dans les trois à cinq ans d’espérer un retour dans les chiffres noirs tout en offrant la chance de renforcer parallèlement l’hôpital de Saint-Imier. 

Chef d’entreprise, le président de l’HJB, souvent cité comme précurseur dans la gestion des imprimeries du groupe Aprint Holding, rappelle que l’industrie graphique a aussi dû se réinventer pour ne pas sombrer. «Qu’on arrête de me dire que ce projet n’est pas le bon en nous incitant à prospecter des pistes qui ne sont pas les nôtres et qui ne répondent pas au mandat visant à garantir la pérennité de l’hôpital de Moutier, qu’on arrête de commenter des actes de gestion responsables par des communiqués qui frisent l’incompétence». Le projet présenté aux politiciens et devant la presse lundi dernier est le seul qui permette d’assurer que l’hôpital de Moutier restera un poumon économique régional. 

Bien que l’avis du Conseil-exécutif soit déterminant en matière de d’intercantonalité, on voit mal un contre-projet garantir à la fois l’attractivité, l’économicité et le maintien des emplois. Pour preuve, l’étude des spécialistes des hôpitaux HJU et HJB boucle sur un modèle qui voit l’hôpital de Moutier passer d’un nombre de 160 à 185 lits. C’est dire l’importance de ces prochains mois pour l’HJB qui joue tout simplement son avenir… 

Olivier Odiet

Pour Anthony Picard et le directeur de l’HJB Dominique Sartori, la situation est claire : un hôpital doit répondre à l’incertitude politique par des certitudes médicales. (photos Roland J. Keller)