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Les papys font de la résistance

Edition N°19 - 13 mai 2020

Pierre Chevrier

Comme je l’ai déjà écrit dans ces colonnes, la pandémie causée par le Covid-19 laisse à penser «que nous sommes à la veille d’un profond changement…d’un nouvel agenda mondial». Sans dramatiser, il n’y a pas si longtemps, à chaque éternuement, on répondait par un «santé !» bien sonore. Aujourd’hui, on en est presque à présenter ses condoléances ! La grille TV n’est pas plus rassurante, avec «Les derniers jours de Pompéi», les films classiques servis jadis pendant les Fêtes, jamais Pâques n’aura semblé si proche de Noël ! Cela donne une impression d’année raccourcie et de pages tournées précipitamment. Parmi les ventes en librairie, La Peste d’Albert Camus est en tête des meilleures ventes. On se rassure en se disant que bien des chefs-d’œuvre ont été écrits pendant les pandémies. On citera le Décaméron de Boccace écrit pendant la Grande Peste du XIVe siècle. Pour ma part, j’ai relu Le Nom de la rose d’Umberto Eco.

En des temps troublés, on recherchait déjà des boucs émissaires et en particulier la sorcière et l’hérétique. Aujourd’hui, il semble que les seniors soient les parias du coronavirus. Il suffit de lire, dans un canton voisin, les recommandations, adressées aux 60 ans et plus, édictées par la personne en responsabilité, notamment, de la cohésion sociale : «Vous avez la soixantaine bien sonnée mais vous êtes en pleine forme… Ne mettez pas la vie des autres en danger ! Restez chez vous !» Fort heureusement, cette personne n’est pas à la Promotion et au Marketing de sa belle région ! Une telle circulaire, c’est du brutal et il convient de relever que ce ton inadmissible peut être très destructeur pour les plus fragiles, les plus vulnérables d’entre nous et cela sans distinction d’âge. 

Pour ma part, le temps n’est pas à se languir, à se relâcher tant la tâche s’annonce difficile pour les seniors qui entendent bien redémarrer leurs affaires, une fois l’épisode sanitaire passé. Pour mes amis et moi, quinquas, sexas ou septuagénaires, le dénominateur commun est la passion qui nous anime à la recherche du bel objet ou du tableau remarquable. Bien sûr, nous les seniors aurions aimé davantage de soutien des banques pour obtenir les prêts-relais garantis par la Confédération. On nous oppose le fait que nous sommes des rentiers AVS et que nous avons, en plus, le culot de nous plaindre. Avoir des projets en tête reste donc le meilleur médicament en ces temps de pandémie et se rappeler, se répéter sans cesse et chaque jour : tout ce qui existe a commencé par être un rêve. 

Pierre Chevrier