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Les techniques de tonte ont évolué !

Edition N°23 – 15 juin 2022

Place de jeu à Sonceboz. (photo Patrice Neuenschwander)

Sujet de polémique il y a encore quelques années, la tonte différenciée et raisonnée est de plus en plus pratiquée par les employés communaux chargés de l’entretien des parcs et zones vertes de nos villages. Des entreprises et propriétaires privés s’y intéressent également.

Les tontes exécutées à intervalles réguliers et rapprochés entraînent l’appauvrissement, voire la disparition de la flore « sauvage », tandis que la tonte différenciée et raisonnée consiste à laisser une partie de la pelouse se développer naturellement. Peu à peu, les graminées sont remplacées par une flore variée qui est fauchée une fois arrivée à maturité. La gestion différenciée consiste à adapter la hauteur et la fréquence des tontes dans les différentes zones des parcelles concernées.

Romain Fürst, s’occupant de la biodiversité à Parc Chasseral, se réjouit de l’intérêt grandissant pour ce mode d’entretien et les diverses réalisations qu’il observe partout dans la région. Une façon de faire bien acceptée qui profite à la nature et à la santé du personnel. Tout prochainement, un cours sur la gestion écologique des espaces verts sera organisé le 16 juin prochain à la demande de six communes du Bas-Vallon. Preuve s’il en est du changement de sensibilité et d’approche des responsables politiques et employés communaux.

Une évolution source de plaisir

C’est feu Henri Kneuss, alors conseiller communal à Reconvilier, qui au milieu de la première décennie des années 2000 a incité Christian Graber à suivre des cours dans un premier temps à Bienne sur l’entretien sans herbicide et dans un second temps à Lausanne. Horticulteur de formation, autrefois rompu à l’utilisation de produits phytosanitaires et autres herbicides aujourd’hui bannis des commerces, Christian Graber ne les regrette pas. Responsable de l’entretien des zones vertes et de la décoration florale de la commune de Reconvilier, il s’est adapté avec bonheur à l’évolution de son métier et aux pratiques nouvelles qui vont de pair.

C’est avec humour qu’il évoque une nouvelle philosophie professionnelle en paraphrasant un conseiller fédéral : « On peut lire au 1er « berset » de mon petit carnet vert : entretenir autant que nécessaire, mais aussi peu que possible. » Ce qui, s’empresse-t-il de dire, n’a rien à voir avec de la négligence.

Il ajoute : « Laisser faire la nature, laisser le peu existant venir en graine pour favoriser la biodiversité convient à un préau d’école, un talus ou un cimetière qui autrefois étaient tondus tous les 15 jours, mais ne répond pas à tous les objectifs d’entretien et d’aménagements. Il n’est pas question de laisser des friches se développer. L’objectif principal est de diminuer l’impact environnemental de nos activités, d’optimiser le temps consacré à l’entretien des zones vertes tout en conciliant le développement de la biodiversité et l’accueil de la population. Ainsi, il subsiste des parterres de fleurs et autres décorations florales appréciées et toujours d’actualité pour la décoration estivale de la localité, bien que la tendance soit à la plantation d’essences locales d’arbres et de plantes mellifères. »

Seule entorse concédée à la modernité, Christian Graber utilise un hydrorétenteur d’eau qui permet d’économiser l’eau et deux arrosages sur trois.

Contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, le temps libéré par des tontes plus tardives n’est pas synonyme de farniente. L’abandon des produits toxiques nécessite des actions d’entretien plus fréquentes.

Les commentaires positifs entendus ici et là récompensent le labeur accompli et surtout les résultats obtenus présentés en ces termes par notre homme : « Chaque printemps durant quelques semaines, un feu d’artifice naturel et silencieux aux couleurs variées est au rendez-vous dans la prairie du repos éternel remplaçant avantageusement le gazon de cimetière. »

Cerise sur le gâteau, il apprécierait la pose de panneaux didactiques à certains endroits choisis. La vue de papillons, les bourdonnements d’insectes et les stridulations des sauterelles et criquets ravissent Christian Graber en dépit de quelques « mauvais cadeaux ». Rumex, chardons et autres plantes envahissantes demandent une attention soutenue.

Une pratique au service de la biodiversité

Au niveau des « mauvais cadeaux », Romain Fürst précise qu’il convient pour jouir d’une prairie fleurie, de rester attentif à la présence de plantes néophytes envahissantes (plantes d’origines étrangères), telles le solidage du Canada ou la vergerette annuelle par exemple ou encore les plantes indigènes problématiques comme le séneçon jacobée, les chardons ou les fameux rumex, « appréciés » des agriculteurs.

« La tonte différenciée est utile non seulement à la flore, mais plus largement à la biodiversité en général », relève encore Romain Fürst, qui ajoute : « Si ces petites entités écologiques ne sauraient à elles seules résoudre le déclin de la biodiversité à l’échelon planétaire, elles constituent localement des îlots de vie bienvenus, sortes de relais au sein d’un réseau appelé à devenir toujours plus dense.

Zones refuges, par exemple, pour les orthoptères (sauterelles et criquets), qui connaissent dans leur développement plusieurs stades larvaires avant d’atteindre l’âge adulte. Réservoir de nourriture pour les hirondelles et chauves-souris dont le territoire de chasse est à proximité de leur lieu de nidification. » La pose de nichoirs ou l’aménagement de toitures pour accueillir des chauves-souris sans penser au garde-manger peut s’avérer décevant.

On l’aura compris, la biodiversité sous bien des formes bénéficie à n’en pas douter de la tonte différenciée et raisonnée.

Patrice Neuenschander

 

 

Cimetière de Reconvilier. (photo Christian Graber)

Place de jeu à Sonceboz. (photo Patrice Neuenschwander)