L’œil clair, d’un abord sympa et des épaules d’une largeur incroyable, Cyrill Gosteli collectionne les titres de champion dans une discipline assez méconnue chez nous et peu médiatisée, et dont bien sûr la langue anglaise s’est appropriée : le powerlifting. Mais les québécois qui ne supportent pas les termes de la langue de Shakespeare l’ont appelée joliment dynamophilie et les français force athlétique.
Natif de La Chaux-de-Fonds en 1965, il a vécu à Develier, Courrendlin et depuis 1994 est établi à Moutier. Il est papa de Loane, 25 ans, issue d’un premier mariage, pour laquelle il a fait une pause de 10 ans dans son sport de prédilection pour la voir grandir. Il partage actuellement sa vie avec Evelyne. Boulanger-pâtissier de formation, il a dû abandonner ce métier à la suite d’allergies à la farine. Il a ensuite travaillé dans plusieurs entreprises comme magasinier et chauffeur.
La force athlétique
Il faut se souvenir que c’est un ajoulot de Courgenay, feu Marcel Varré, qui a introduit ce sport en Suisse. Le papa de Cyrill en a vite été un adepte et l’a attiré dans son sillage alors qu’il était âgé de 22 ans. La force athlétique, ou powerlifting est un sport de force. Il consiste, comme l’haltérophilie, à lever des barres, mais s’en distingue par ses mouvements techniquement plus basiques, où les charges sont plus lourdes et ou l’amplitude est plus réduite. Cette discipline n’est pas encore reconnue aux Jeux olympiques, au contraire de l’haltérophilie. Elle dépend de deux fédérations internationales différentes.
Si l’haltérophile comprend deux mouvements distincts, soit l’arraché et l’épaulé jeté, demandant une technique particulière alliant vitesse, souplesse, coordination et équilibre, la force athlétique en comprend trois : flexion sur jambes ; ce mouvement consiste à descendre en position accroupie (cuisses au-dessous de l’horizontale) et à se relever, une barre reposant sur l’arrière des épaules. Le développé couché ; l’athlète est en position allongée sur un banc tient la barre, bras tendus au-dessus de la poitrine, l’amène au contact de la poitrine et la relève. Le soulevé de terre ; l’athlète saisit la barre au sol et la soulève jusqu’à ce qu’il soit complétement debout, la barre restant au niveau des hanches. Le classement des concours peut se faire en additionnant les points obtenus lors des trois mouvements ou en participant à un seul des trois, au travers de plusieurs catégories variant selon le poids (14 catégories) ou l’âge de l’athlète : 3 catégories juniors, 1 élite, et les plus de 40 ans avec une autre catégorie variant tous 5 ans. Les mouvements de la force athlétique sont aussi pratiqués dans un sport plus récent appelé crossfit.
Multi champion
Cyrill Gosteli a notamment brillé au développé couché qu’il pratique depuis 2004 avec un meilleur résultat de 205 kg en 2018 à Malte, ce qui lui a valu un nouveau record mondial dans sa catégorie V3 (50-54 ans) et la deuxième place générale chez les moins de 125 kg.
Il existe peu de sociétés qui pratiquent ce sport
En Suisse romande, on en trouve une à Neuchâtel et une à Lausanne. Pour l’anecdote, il en existait une à Courrendlin forte de deux membres : Cyrill et son papa ! Mais cela n’a empêché notre « souleveur » de fonte de récolter 10 titres de champion suisse, 5 de champion européen et 4 de champion du monde. Excusez du peu! Mais n’allez pas croire que ça lui a rapporté quoi que soit. Juste de l’estime et une belle collection de coupes. D’ailleurs, il n’existe que des amateurs dans ce sport, même si parfois certains, comme dans beaucoup de sports, prennent des substances anabolisantes ou stéroïdes qui permettent non pas de soulever plus lourd, mais de s’entraîner plus et de récupérer plus rapidement.
Clap de fin
Pour s’entraîner, il a fréquenté les fitness de la région, et actuellement, il maintient encore sa forme avec le SHP, le club haltérophile de Moutier dans les sous-sols de l’école de Chantemerle, avec des poids plus légers. Car il dû arrêter la compétition en 2018 à la suite de problème de hanches pour lesquelles il a été opéré cinq fois, avec l’implantation de prothèses, et actuellement, c’est une épaule qui péclote. «Mais ce n’est pas dû au sport», affirme-t-il en précisant que son papa l’a pratiqué jusqu’à plus de 70 ans. Il est en attente actuellement d’une décision de rente AI et d’une éventuelle reconversion professionnelle.
Et l’avenir ? Cyrill Gosteli est actuellement arbitre international en force athlétique, arbitre national et chef des arbitres en haltérophilie. Il est en train de passer une licence internationale dans cette dernière discipline, interrompue par ce satané virus. Son rêve est aussi d’arbitrer les Jeux olympiques.
Claude Gigandet