Offrir un cadre optimal aux jeunes de 12 à 20 ans pour créer des projets au-delà de la norme sous la forme d’un accueil libre : telle est la mission du Service de la jeunesse et des actions communautaires (SeJAC) à Moutier. Ce devoir d’intégration exercé dans un esprit de prévention et non de répression est donné par une équipe d’animateurs avisés qui accompagnent les jeunes en leur donnant les clés ouvrant les portes de l’autonomie, de la tolérance et de l’épanouissement. Mariline et Logan fréquentent le SeJAC depuis quelques années et incarnent à merveille cette jeunesse créative qui se sent pousser des ailes lorsqu’on la place face à ses responsabilités citoyennes dans un climat de confiance et de sérénité.
Des projets par et pour les jeunes. Telle est la devise du SeJAC placé depuis peu sous la responsabilité de Silvère Ackermann, qui officiait jusque-là en tant qu’animateur socioculturel et chargé de missions. Les animateurs du SeJAC sont à disposition des jeunes et de la population en général, sur rendez-vous, du mardi au vendredi.
Plateforme d’expression unique en son genre, cette action socioculturelle menée en ville de Moutier est articulée autour de cinq axes d’intervention :
– L’intégration et la socialisation
– La promotion de la citoyenneté inclusive
– La promotion culturelle
– La promotion de la santé et de la prévention
– Un environnement respectueux des besoins
Force de frappe impressionnante
« Offrir des relations de qualité en soutenant la réalisation de projets, en développant l’estime de soi et la solidarité, l’animation socioculturelle joue un rôle préventif face à divers facteurs de risques tel que l’échec scolaire, le chômage, les difficultés liées à l’intégration, à la vie familiale, etc. qui peuvent être mis en relation avec des problématiques complexes », peut-on notamment lire dans un document explicatif consacré au SeJAC. Il faut savoir aussi que ce service est sollicité régulièrement par la Municipalité de Moutier pour répondre à des motions ou postulats du Conseil de Ville avec des résultats juste époustouflants. La force de frappe du SeJAC est d’autant plus puissante que les aides financières attribuées par différentes instances au niveau fédéral, cantonal, communal ainsi que par des fondations ou autres associations permettent de concrétiser les projets les plus improbables, les plus fous aussi. On pense notamment à « Voyage sans écran » qui s’est déroulé en avril 2018. Seize jeunes âgé-e-s de 13 à 16 ans ont séjourné en Guadeloupe, sans smartphone, à la rencontre de leurs pairs de la MJC (Maison de la Jeunesse et de la Culture) de la ville des Abymes.
Trois thématiques principales ont été abordées : la participation, la mobilité et le rapport aux écrans. D’autres projets menés par le SeJAC résultent d’un foisonnement d’idées lumineuses. Le Dance Qweenz l’atteste de manière éclatante. C’est un concours cantonal de danse destiné aux filles dès 9 ans jusqu’aux jeunes femmes de 20 ans. Un comité d’organisation présidé par Mariline, étudiante domiciliée à Moutier, a été mis en place sous forme d’une commission spéciale de la Municipalité de Moutier. Un atelier s’est déjà déroulé le samedi 27 mars à Moutier et le deuxième se tiendra le samedi 8 mai à Delémont. La finale du Concours Romand est fixée au samedi 29 mai à Moutier. Si cet événement ne pouvait se dérouler pour des raisons sanitaires, la date du 11 septembre 2021 a d’ores et déjà été retenue. On ne peut raisonnablement pas évoquer les projets du SeJAC en passant le BikeStormz sous silence. C’est une manifestation participative qui se traduit par des performances réalisées par de jeunes adeptes de figures à vélo. Cette pratique technique et spectaculaire à la fois engendre toutefois certains problèmes de sécurité pour les usagers de la route. « Pouvoir concrétiser un tel projet est quelque chose de fantastique ! » s’exclame Logan. « Nous avons même créé des autocollants aux couleurs de la manifestation. » C’est aussi ça, la griffe du SeJAC. De son côté, Mariline précise que les jeunes viennent facilement se confier aux « routiniers » du lieu : « Ils se sentent plus à l’aise de nous exposer leurs problèmes que d’en parler avec leurs parents. » Comme dans chaque centre réservé à la jeunesse, le risque de casse et de déprédations existe évidemment aussi au SeJAC. Lorsque ce cas de figure se présente, une discussion est entamée sous la forme d’une table ronde pour chercher à comprendre les raisons de tels actes sans jamais utiliser la manière forte, mais toujours en privilégiant le dialogue.
Corriger les trajectoires et les inégalités
« Le SeJAC va chercher les jeunes là où ils sont », signale Silvère Ackermann. « Ce centre est considéré comme un 3e lieu après le domicile et l’école. Notre rôle est aussi de corriger les trajectoires et les inégalités. Une quarantaine de jeunes fréquentent le centre en accueil libre, mais une cinquantaine sont suivis au niveau de l’insertion professionnelle. Ici, il n’y a pas d’exclusion, pas de jugement. Notre première intervention, c’est l’évaluation, ensuite on travaille en rendant les choses accessibles pour éviter le plus possible les mises en échec. » Selon les statistiques, la ville de Moutier a connu une baisse de la criminalité ces dernières années. Le SeJAC n’y est sans doute pas étranger. Une chose est certaine : on ne peut que saluer le travail qualitatif et quantitatif réalisé par l’équipe du SeJAC englobant des animatrices et animateurs socioculturel-le-s, des infirmières de santé communautaire en milieu scolaire et des stagiaires en formation. Un mélange d’une grande richesse…
Olivier Odiet