Dans la paisible commune du Fuet, l’assemblée générale de la Chambre d’agriculture du Jura bernois s’est déroulée sous le signe du changement et de la persévérance. Au sein d’un décor bucolique où la nature dicte encore le rythme du quotidien, Martin Kohli a relaté le bilan de sa première année à la barre de l’institution agricole, un rôle aussi exigeant que gratifiant.
Devant une assistance composée d’une centaine de personnes, où les voix des ayants droit se mêlaient aux interrogations des apprentis agricoles de Loveresse, le président a tenu à partager les défis et les joies rencontrés depuis sa prise de fonction. Homme de terre, silhouette robuste, il incarne la résilience d’un secteur en constante évolution.
Plus tard, entre les murs d’un bar prévôtois, un dialogue sincère s’est tissé entre les membres du comité de la CAJB et notre rédaction, dévoilant une facette moins formelle de cette assemblée annuelle. Dans son rapport, Martin Kohli n’a pas manqué de ton et de franchise. En lançant une boutade relative aux panneaux communaux disparus en guise d’introduction, il a su établir une atmosphère légère bienvenue avant d’aborder des enjeux de taille : l’alourdissement des charges, des normes et des prix de la production disproportionnée par rapport aux prix de vente. Un écho qui résonne dans chaque prairie, chaque ferme du Jura bernois.
Trois changements au comité
Le comité, quant à lui, vit des heures de transition, avec le départ de figures marquantes et l’accueil de nouveaux visages. À savoir : Isabelle Habegger, représentante de l’Union des paysannes du Jura bernois (UPJB) à la chambre d’agriculture, quitte son poste. Elle est remplacée par Isabelle Kämpf. Raphaël Sommer de l’élevage-bétail laitier à la CAJB, est remplacé par Xavier Bögli. Quant au secteur du menu bétail, le poste laissé vacant par Ronald Sommer, qui se retire également, reste à pourvoir.
Intervenants de marque
L’assemblée a également donné la parole à des intervenants de marque. François Monin, directeur d’AgriJura, a d’abord présenté AgroImpact, l’association intercantonale fraîchement inaugurée, dont l’ambition est d’acquérir, au sein de la profession, la plus-value, s’il y en a, des bilans de carbone. Puis ce fut au tour de Nicolas Wermeille, représentant de l’Union suisse des paysans, d’entrer en scène. Il a souligné avec véhémence : « Outre la mobilisation sur les tracteurs, le monde agricole devra se retrousser les manches. En septembre, il nous faut empêcher que le peuple n’accepte l’initiative populaire pour la biodiversité, lancée par les milieux écologiques, qui propose de réserver 30 % de notre surface agricole à la biodiversité. » Ensuite, Didier Hêche, de la Segeca, partenaire de longue date de la CAJB, a présenté des possibilités d’assurances contre le botulisme, une maladie rare causée par la bactérie Clostridium botulinum qui se développe en l’absence d’oxygène.
La tradition avant la paperasse
La journée terminée et les formalités de cette assemblée mises de côté, Martin Kohli retrouve ses vaches laitières, celles-là mêmes qui contribuent à la renommée du fameux fromage La Tête de Moine. Dans l’intimité de l’étable, loin de l’agitation des assemblées, il se fond dans le quotidien d’un travail passionné. Appréciant le travail d’équipe, il peut compter avec le soutien de son comité pour la CAJB ainsi que la famille et ses apprentis pour le travail quotidien sur l’exploitation. « Après les débats, c’est le regard de mes vaches et le son apaisant de la traite qui me ramènent à l’essence de notre métier. C’est cette connexion avec la terre et les animaux qui nourrit mon engagement », confie-t-il.
Ainsi, la voix de la CAJB résonne dans le champ des possibles, portée par la promesse d’un avenir où tradition et innovation marchent main dans la main. Solide, Martin Kohli tient la barre…
Roland J. Keller