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Michel Bugnon : bye bye La Poste !

Edition N°28 – 8 août 2024

Michel Bugnon quitte La Poste avec le sentiment du devoir accompli. (photo oo)

Serviable, ponctuel et toujours fidèle au poste, Michel Bugnon appartient à l’ancienne garde des facteurs avec le lot d’avantages qui ne sont plus du tout d’actualité. On pense bien sûr au rôle social qu’il était encore possible de jouer dans les belles années de La Poste. « A cette époque-là, nous avions le temps de prendre du temps pour les gens, en leur rendant un petit service ou en buvant un café sans stress. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une priorité : la montre. Avec le scanner, nous n’avons plus une once de liberté. Tout est contrôlé », explique-t-il. 

La vie en couleur

Michel Bugnon n’ayant pas la réputation de se mettre facilement en mode « grincheux », il s’est accommodé de cette (r)évolution sans faire de vague, comme tout employé qui veut garder l’église, en l’occurrence La Poste, au milieu du village. 

C’est le 4 août 1975 que Michel Bugnon a commencé de voir la vie en jaune, et accessoirement en rose, via un apprentissage de facteur à Moutier pour la pratique et à Delémont pour la théorie. Il est resté en Prévôté jusqu’en 1978 avant de mettre le cap sur Bienne où il a travaillé à l’expédition et à la distribution. Il a ensuite saisi l’opportunité de travailler à Genève et garde un excellent souvenir de cette expérience qui lui a permis de gérer tout un quartier dans des conditions de travail optimales. Après un bref retour à Bienne, c’est à Moutier qu’il déposa définitivement son baluchon. « J’ai souvent été appelé à faire des remplacements en tant que buraliste postal dans certaines communes de la couronne prévôtoise, soit Perrefitte, Eschert, Belprahon, Corcelles et Crémines. Je m’occupais notamment de la caisse et du grand livre. C’était un travail diversifié et valorisant. » Michel Bugnon a tout particulièrement apprécié d’exercer sa profession de facteur dans des endroits isolés comme la Montagne de Moutier, les Ecorcheresses ou Souboz : « L’accueil dans les fermes est toujours convivial et chaleureux », explique-t-il. La fin de sa carrière postale l’a conduit dans les villages d’Eschert et de Belprahon ainsi qu’à Grandval, le samedi.

« C’est aussi le rôle du facteur de faire plaisir aux gens »

Invité à se remémorer un souvenir marquant, le Prévôtois est revenu sur une histoire touchante et émouvante vécue avec une dame âgée à Genève : « Je lui apportais l’argent de sa rente AVS une fois par mois. Me voyant plus souvent que son fils, elle m’a régulièrement invité à manger. C’est aussi le rôle du facteur de faire plaisir aux gens », confie-t-il. 

De la Suisse au Cameroun

Pour sa dernière tournée, effectuée le mercredi 31 juillet, la voiture de Michel Bugnon ne passa pas inaperçue, ballons et carton faisant office de décoration, ses collègues mettant en exergue leurs velléités créatives. Dans sa caissette, il a trouvé bouteilles, panier garni et messages de reconnaissance ce qui n’a fait qu’accentuer l’émotion inhérente à un dernier jour de travail. Sur le chemin de sa tournée, certaines personnes lui ont réservé une belle surprise, histoire de marquer le coup dignement. Durant sa retraite, l’ami « Bubu » va se remettre au vélo. Une nouvelle page se tournera au début de l’année 2026 avec son départ pour Yaoundé, capitale du Cameroun, pays d’origine de sa femme. C’est ce qu’on appelle surfer sur la vague du changement…               

Olivier Odiet 

Michel Bugnon quitte La Poste avec le sentiment du devoir accompli. (photo oo)