Actualités

« Mon métier n’a jamais été une corvée »

Edition N°46 – 14 décembre 2022

Théo Schlappach (au centre) est sorti de la menuiserie Vorpe par la grande porte le 2 décembre dernier. François Vorpe et son fils Fabien ne prétendront pas le contraire. (photo oo)

« Pas de Théo…ries, des actes. » Telle pourrait être la devise de Théo Schlappach, qui vient de prendre sa retraite après quarante-sept ans de bons et loyaux services au sein de la menuiserie Vorpe à Tavannes dont il fut le premier apprenti à l’âge de 16 ans. Fidèle, engagé, discret et authentique, ce père de trois enfants s’illustre depuis plusieurs décennies dans le milieu de la musique folklorique avec une bonne humeur contagieuse. En fait, nous lui connaissons qu’un seul défaut : celui de ne jamais oser dire non par peur de décevoir son prochain. Le dévouement, c’est sa marque de fabrique. Surtout, ne change pas, Théo !

Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une excuse bidon pour se défiler, jamais une once d’agressivité : c’est en quelque sorte le gendre idéal, Théo Schlappach. « En quarante-sept ans de boulot, il n’est jamais arrivé en retard un lundi matin et c’est le seul menuisier avec lequel je n’ai pas eu de conflit », relève François Vorpe.  « J’ai repris l’entreprise de menuiserie et pompes funèbres de Marcel Moraz, à Tavannes, en 1975, et le premier apprenti à qui j’ai témoigné m’a confiance n’était autre que Théo Schlappach. Dénicher une personne d’une telle polyvalence est un fait rarissime. Il sait tout faire. Menuiserie, charpente, électricité, chauffage, maçonnerie, cuisine, fenêtres, sol, plafond, tâches en relation avec les pompes funèbres : Théo possède de grandes compétences dans tous les corps de métier qui exigent des aptitudes manuelles. En plus, il est toujours très serviable et à l’écoute du client », poursuit François Vorpe qui renchérit en précisant que la perle rare en question est passée maître dans l’art de faire évoluer un projet. 

Au chapitre des anecdotes, on mentionnera que le fils de François Vorpe, Fabien – accessoirement maire de Tavannes – fut l’apprenti de Théo Schlappach avant de devenir son patron. D’une durée de quarante-sept ans, cette merveilleuse aventure a pris fin le vendredi 2 décembre dernier, l’heure de la retraite ayant sonné pour Théo Schlappach, âgé de 62 ans. « Mon métier n’a jamais été une corvée. En fait, je crois que c’était une vocation, un peu comme les pasteurs », signale-t-il. Le tandem François Vorpe-Théo Schlappach a formé vingt-deux apprentis. « J’ai toujours entretenu de bons contacts avec eux. Au point de recevoir quelques invitations à leur mariage. » Parmi cette brochette d’apprentis, c’est Christian Brönnimann qui lui laisse le souvenir le plus marquant : « Il a terminé avec la note 6 aux examens et occupe actuellement un poste d’ingénieur à Lucerne. » Signe que la menuiserie mène à tout…

S’évader en musique pour vivre des expériences de rêve

Entre la musique folklorique et Théo Schlappach, c’est une belle et longue histoire commencée alors qu’il n’avait que 10 ans : « Mon papa avait un Örgeli (ndlr : accordéon schwyzois) et je me suis formé en autodidacte en grattant dessus. » Il partage cette passion depuis de nombreuses années avec ses amis musiciens. « J’ai aiguisé mes premières armes dans un orchestre avec l’Echo de la Binz et je garde aujourd’hui encore d’excellents contacts avec son fondateur Walti Tschirren. » En 1983, il ouvre le premier chapitre d’un livre qui va s’enrichir de pages dorées au fil des années avec l’orchestre feu Antoine Flück. Sa profession ne lui permettant pas de participer aux croisières lointaines organisées avec les Aidjolats, Théo Schlappach a goûté aux joies du bateau une année sur deux, lors de voyages effectués sur de plus courtes distances. Iles grecques, Danube, Turquie, Croatie, Majorque, Malaga, Londres, croisière sur le Rhin : il s’est vu offrir de magnifiques opportunités grâce à la musique folklorique. D’autres expériences partagées avec Antoine Flück et ses amis lui laissent aujourd’hui encore de magnifiques souvenirs. On pense notamment au rendez-vous folklorique de Villars, mais également à des sorties privées dans le wagon-restaurant du Glacier-Express ou encore à l’enregistrement d’un disque durant lequel un car postal a été arrêté dans la banlieue de Berne pour capter via un micro la sonorité du klaxon subtilement ajoutée sur le morceau Saint-Ursanne – Soubey retour. Aujourd’hui, Théo Schlappach joue de la schwyzoise en accompagnant la section juniors du Jodler-Club Mont-Soleil et de la contrebasse au sein du groupe Turbo Ladies avec sa fille, ses deux nièces et une amie. Domicilié à Loveresse, ce sexagénaire n’appartient pas à la catégorie des retraités inactifs. Entre sa famille, la musique, le verger, son atelier destiné à la réalisation de différents objets en bois et le mandat de la commune de Loveresse consistant à décorer les fontaines du village, s’accorder un peu de répit s’apparente presque à un défi.  

Olivier Odiet   

Théo Schlappach (au centre) est sorti de la menuiserie Vorpe par la grande porte le 2 décembre dernier. François Vorpe et son fils Fabien ne prétendront pas le contraire. (photo oo)