Portraits

Nouveau départ pour un motard

Edition N°15 - 17 avril 2019

Davide Ranalli sur les lieux de l’accident 2 ans après, avec son trophée sous le bras. (photo ldd)

Dimanche 9 avril 2017… Il fait beau, le soleil est au rendez-vous et l’occasion est trop belle pour ne pas saisir sa moto et dévorer les routes de notre magnifique région. Le programme de cette journée était tout tracé pour Davide Ranalli (Loveresse), âgé de 31 ans et motard depuis l’adolescence, mais un accident de circulation a mis fin en une fraction de seconde non seulement à sa balade mais également à une partie de sa vie.

C’est en rentrant des gorges du Pichoux, à la hauteur de Blanches-Fontaines dans le village d’Undervelier, que la collision a eu lieu. Une voiture circulant en sens inverse coupa la priorité à M. Ranalli dans une manœuvre visant à rejoindre une place où sont exhibées diverses statues en bronze; l’automobiliste n’avait pas remarqué la venue du motard et malgré toute l’expérience de ce dernier, le choc n’a pas pu être évité. 

Après avoir serré le frein avant dans une tentative désespérée, le motocycle jaillit en direction du véhicule en se heurtant à la roue avant, tandis que le corps de M. Ranalli glissa sur le sol jusqu’à percuter lui aussi la voiture, d’abord avec la tête puis ensuite avec le reste du corps.

Il n’y a pas de chute sans gravité (I. Newton, 1665)

Dans un premier temps une ambulance est dépêchée sur les lieux de l’accident, mais très vite le personnel soignant se rend compte de la gravité des lésions et c’est finalement un hélicoptère de la Rega qui transportera le blessé jusqu’à Bâle. La famille est rapidement informée que son pronostic vital est engagé et que visiblement il ne pourra pas remarcher; poumon perforé, cervicales et dorsales touchées, omoplate fracturée ainsi que diverses autres lésions touchant notamment le bras gauche sont diagnostiquées. Le foie ainsi que l’un de ses reins n’ont pas non plus été épargnés, contribuant ainsi à l’instabilité de son état. Fort heureusement, grâce à un entourage très présent, un corps médical dévoué et beaucoup de volonté, il réussit à se tirer d’affaire et à marcher à nouveau.

De la tristesse au pardon

Gisant sur son lit d’hôpital, il se remémore l’accident et se rappelle que lorsqu’il était encore allongé sur le bitume, il s’est vu quitter son corps et flotter au-dessus de la scène, se contemplant lui-même couché au sol et observant les secours lui prêter assistance. Quand il reprit ses esprits, il en vint presque à regretter d’être «revenu» tant la sensation de légèreté ressentie était agréable alors que maintenant il souffrait d’atroces douleurs. Dans sa période de convalescence, il est passé par différents états : la tristesse de ressentir que tout ce qu’il avait construit s’écroulait, de penser qu’il n’arriverait jamais à s’en sortir. La colère vis-à-vis de l’automobiliste; bien que ce dernier lui ait présenté ses excuses, M. Ranalli n’arrivait pas encore réellement à les agréer. L’acceptation, quand il prit conscience qu’il n’était plus possible de revenir en arrière et qu’il fallait maintenant trouver des solutions pour progresser et évoluer. Finalement, le pardon. Après avoir accepté la situation, ou comme il le dit si bien après avoir fait le «deuil» de son ancienne vie, il réussit à pardonner. Et M. Ranalli d’ajouter: «le pardon n’est pas seulement important pour celui qui est pardonné, mais également pour celui qui pardonne, car il peut enfin passer à autre chose».

Un mal pour un bien

Après une longue période de guérison, 8 opérations dont 6 narcoses complètes, l’amant des deux roues garde encore quelques séquelles. Il s’agit notamment de douleurs dorsales quotidiennes, la réduction de la mobilité de son bras ainsi que de sa main droite. Travaillant à l’origine dans une entreprise horlogère de la région biennoise, il fut remercié car malheureusement il n’était plus possible pour lui de réaliser ses tâches à la suite des blessures de sa main. Même si l’on pouvait penser qu’il s’agissait là d’une mauvaise nouvelle, M. Ranalli en a profité pour se reconvertir professionnellement et est en ce moment en cours de formation pour obtenir le Brevet Fédéral d’expert en production, formation qu’il n’aurait probablement jamais entamée si cet accident ne s’était pas produit. Côté moto, il décide de remonter en selle un an et demi après sa chute, mais exclusivement sur circuit. Pour l’instant, il n’est pas encore être prêt à rouler sur la route. 

Raquez Vazquez

Bien s’équiper, c’est primordial!

L’équipement de protection optimal a joué un grand rôle dans la limitation des lésions lors de l’accident. Bien que ses blessures étaient conséquentes, M. Ranalli ne se serait probablement pas tiré d’affaire s’il avait été avaricieux dans son attirail de sécurité. Un casque de haut niveau, qu’il garde aujourd’hui comme trophée, a protégé sa tête intégralement malgré un choc considérable. «Lorsqu’on s’engage en tant que motard, il faut prendre la responsabilité de bien s’équiper, c’est un domaine où il ne faut pas réfléchir aux éventuelles économies, la sécurité est importante. Pour moi, les motards qui roulent en short et t-shirt ne sont pas conscients des dangers qu’ils encourent». Un conseil qui est de mise maintenant que les beaux jours reviennent et peut-être que vous songez à une balade en deux roues.

(rv) 

Davide Ranalli sur les lieux de l’accident 2 ans après, avec son trophée sous le bras. (photo ldd)