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«Papi, raconte-moi ton enfance!»

Edition N°15 - 16 avril 2020

Charles-André Geiser.

Pasteur-journaliste retraité mais toujours très actif, domicilié au Fuet, Charles-André Geiser prend la plume, pardon son ordinateur, pour retracer l’époque de son enfance en pimentant la sauce d’une touche d’humour et d’originalité. 

«Ma maman m’a mis au monde en 1946, à la maison. En ce temps-là, c’était normal. Une sage-femme venait pour aider à l’accouchement. Je suis le 3e enfant, sur 6, de ma famille. J’avais 3 sœurs. A 6 ans, j’ai commencé ma scolarité au Fuet, dans l’ancienne école. Il y avait 2 classes. Une pour les élèves de la 1re à la 4e, l’autre de la 5e à la 9e. Chaque matin, 2 élèves de la 9e montaient au clocher 5 minutes avant le début des leçons et ils tiraient sur la corde pour agiter la grosse cloche. Dans ma classe, nous étions 32 élèves. Dans l’autre, 3 ou 4 de moins. C’était ceux qui étaient entrés à l’école secondaire de Tavannes.

Quand la maîtresse se déchaîne 

Mon institutrice, mademoiselle Alice F, était très sévère. Quand un élève n’obéissait pas bien, elle lui demandait de s’avancer près du tableau noir et elle lui donnait 5 coups de bâton sur chaque main qu’il devait lui présenter en ayant les doigts mis en pointe contre le haut. Dès ma 3e année, nous sommes entrés dans la nouvelle école à l’entrée du village en direction de Tavannes. Une grande fête avait été organisée pour son inauguration. Mademoiselle Alice F. se choisissait toujours un élève qu’elle n’aimait pas du tout. C’est lui qui se ramassait le plus de coups de bâton. Je me souviens que le Gogos était son souffre-douleur. Mon papa, chef infirmier à la clinique de Bellelay, n’avait pas congé le dimanche mais le lundi. Parfois, le lundi matin, la maîtresse se déchaînait très fort en classe. Je courrais, à la récré de 10 h, appeler mon papa qui présidait la commission d’école. Il venait à l’école, faisait sortir au corridor cette femme et lui parlait pour qu’elle se calme. Cela marchait généralement pendant quelques jours, rien de plus…

Le foot avait déjà la cote !

A l’époque, on avait encore l’école le samedi matin. L’après-midi, presque tous les gamins se retrouvaient à l’ancienne école pour la Jeune Armée organisée par l’Armée du Salut. On chantait, on écoutait une histoire de la Bible et une autre histoire, les moniteurs nous apprenaient aussi à prier. Il y avait une collecte pour y glisser quelques pièces de 5,10, ou 20 centimes. A la fin de cette rencontre, on recevait une petite carte sur laquelle il y avait une image et un verset de la Bible. Le mercredi après-midi, on avait congé. On jouait dehors en courant dans les pâturages ou alors on se retrouvait sur la place de gymnastique à côté de l’école pour jouer au foot. Quand il pleuvait, je construisais avec mes 2 frères des engins en mécano, des voitures et des camions miniatures (un jeu avec des pièces en métal, des vis et des écrous). 

Repas préparés à tour de rôle

En famille, on s’aidait à la cuisine. On préparait à tour de rôle les repas du soir, en principe toujours des rösti et des pommes de terre bouillies pendant la semaine. Le dimanche soir, c’était café complet. Les repas commençaient comme ils se terminaient : par la prière de maman ou de papa. Papa rentrait souvent plus tard du travail et il mangeait seul. Après le repas, on lavait, essuyait et rangeait la vaisselle. Il n’y avait pas de machine à laver la vaisselle, ni de télévision dans les familles. J’avais 14 ou 15 ans, quand mes parents ont acheté une télévision noir/blanc. Seul le bistrotier en avait une. Il y avait des gros postes de radio dans nos familles. Le plus important pour les adultes ? La météo et les informations. Le lundi soir, la radio diffusait une pièce policière à la radio. Pendant ces émissions, les enfants devaient être au lit pour permettre aux parents d’écouter sans être dérangés. Dans quelques familles, il y avait un gros téléphone accroché au mur du corridor. Il était fixé pour que les enfants ne puissent pas décrocher le combiné. Au Fuet, il y avait 3 magasins d’alimentation. La belle époque ! Quand j’étais petit, très peu de familles possédaient une auto. Mais ça roulait parfaitement bien quand même.» 

Charles-André Geiser

Charles-André Geiser.