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Pour éclairer le visage des enfants…

Edition N°17 – 4 mai 2023

De gauche à droite : Florence Munarini, Coline Fassbind, Annick Weber, Cyrill Gosteli, Jean-Pierre Schwab, « Minus » Berberat et Michel Demierre, membres du comité et comédiens réunis. (photo tm)  

Depuis plus de vingt ans, la Lanterne Magique de Moutier entraîne les 6 à 12 ans dans le monde du cinéma tel qu’ils ne l’ont jamais vu. En effet, loin de leur proposer des films à l’affiche ou uniquement des dessins animés, le but que revendique l’association est bien de diversifier l’horizon des jeunes. Petit détour par les coulisses. 

« La Lanterne Magique, c’est le cinéma pour faire découvrir des films classiques et donner une culture cinématographique aux enfants. » Voilà comment Annick Weber, caissière de la section de Moutier, résume l’association. Les bambins, dans leurs six ans d’éligibilité au club de cinéma, auront donc l’occasion de voir à l’écran de nombreuses techniques, époques et genres différents, depuis les débuts du 7e art jusqu’à nos jours. Pourtant, à l’ère de Netflix et compagnie, on peut se demander si la nouvelle génération rit toujours devant Charlie Chaplin…La réponse semble être positive : « On a droit à de magnifiques sourires parfois à la fin des séances. » Florence Munarini, elle aussi membre du comité de Moutier, pense d’ailleurs à ce sujet qu’ils « aiment bien car ce ne sont justement pas des films qu’ils auraient l’occasion de regarder à la maison ».

Cependant, le comité constate une baisse de la fréquentation au cours des dernières années. Les hypothèses avancées comportent bien sûr les sites de streaming, némésis et plus grande concurrence du cinéma moderne, mais aussi les autres activités extrascolaires des enfants le mercredi après-midi pouvant empiéter avec la Lanterne Magique, ainsi que le fait que des films inconnus leur soient projetés puisse rebuter. En ce sens, ce sont les parents qui peuvent exercer une influence ; mais selon le comité, « les parents ne se rendent peut-être pas assez compte de la dimension éducative du cinéma ». 

Parmi les bienfaits que peut apporter La Lanterne Magique aux enfants, on retrouve d’une part l’absence des parents. Eh oui, les quelque trente membres inscrits actuellement se retrouvent mensuellement dans la salle obscure, privatisée pour l’occasion, uniquement encadrés par les comédiens et les bénévoles, surnommés « parents mouchoir ». Le but ? Permettre aux jeunes d’apprivoiser les émotions diverses suscitées par un film sans leur famille. Une véritable école de la vie. Et c’est en cas de sursauts, de pleurs ou d’envies pressantes qu’interviennent justement les « parents mouchoir ». 

Ces secouristes sont mandatés ponctuellement pour quelques séances, environ une heure et demie ici et là ; en ce moment, du renfort serait bien apprécié par La Lanterne Magique, qui assure que pour quelqu’un de motivé à travailler avec des enfants, la charge de travail est bien légère. Par ailleurs, pour certains membres du comité fidèles depuis de nombreuses années, l’heure est venue de passer le flambeau. A bon entendeur…

Toujours concernant les bénéfices, la comédienne Augusta Balla relève que « le bénéfice est double : d’un côté les enfants découvrent le cinéma, et de l’autre cela crée de l’emploi pour nous ». En effet, deux à trois animateurs préparent systématiquement les jeunes à appréhender chaque projection. Dans la continuité de la brochure que les membres reçoivent à l’avance chez eux, les acteurs introduisent le film du jour, rappellent les règles et parfois servent de bonimenteurs ou de lecteurs de sous-titres. Mercredi 26 avril, par exemple, deux courts-métrages étaient à l’affiche : « Crin blanc » et « Le ballon rouge ». 

Pour expliquer le lien entre les deux, une mise en scène avait été préparée entre les trois comédiens, ce qui ne manqua pas de ravir leur public. Une fois terminé, les acteurs ont sans autre laissé place à leurs homologues à l’écran. Ainsi, de fin août à juin, les petits de la région sont invités à se joindre au club qui se retrouve une fois par mois les mercredis après-midi au Cinoche. L’inscription coûte quarante francs, ce qui revient à un peu plus de quatre francs par séance : un prix convenable, quand il s’agit d’éclairer le visage des enfants. 

Tamara Makarov

De gauche à droite : Florence Munarini, Coline Fassbind, Annick Weber, Cyrill Gosteli, Jean-Pierre Schwab, « Minus » Berberat et Michel Demierre, membres du comité et comédiens réunis. (photo tm)